Le processus de gestion pacifique des conflits inter-fraternels à la lumière de Matthieu 18:15-17

La tradition se veut intangible dans les institutions de formation professionnelle comme à la Faculté de Théologie Protestante et des Sciences des Religions de Ndoungué; la fin des études d’un cycle est marquée par la conception, la préparation, la présentation et la soutenance en public d’un Mémoire par l’aspirant au diplôme désiré en théologie et ceci autour d’un thème préalablement copté et validé. Nous n’avons pas failli à cette tradition puisque nous nous sommes proposé de réfléchir autour du sujet ainsi libellé : LE PROCESSUS DE GESTION PACIFIQUE DES CONFLITS INTER FRATERNELS A LA LUMIERE DE MATTHIEU 18 :15-17.

Au fait, quelles sont les raisons qui ont motivé le choix d’un tel thème ?

1-Motivations

Le processus de gestion pacifique des conflits est une préoccupation majeure d’autant plus que ceux-ci peuvent durer toute une vie et même au-delà au détriment de l’amour que Jésus Christ apporte à l’humanité.

Les années que nous avons passées dans le Ministère d’Evangéliste comme responsable de communauté nous permettent d’affirmer que le constat est très amer. Les chrétiens mènent de nos jours une vie déshonorante, en marge des prescriptions scripturaires du Livre des livres. Au quotidien, les relations inter fraternelles deviennent de plus en plus guerrières, car les hommes se sont détournés de la logique chrétienne centrée sur l’essentiel des vertus théologales (Foi, Espérance et Charité) , pour embrasser le talion et vivre la jungle. Les conflits inter fraternels sont récurrents dans la société et même dans l’Eglise. La vie, telle que vécue par les contemporains de Jésus à qui il dit :

Aimez vos ennemis, et bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,

Le vaste enseignement des Apôtres qui prêchaient outre l’amour, le pardon , et le mode de vie des premiers chrétiens centré sur le communautarisme, preuve d’une homogénéité dans la vie d’ensemble et une identité remarquable du groupe de chrétiens sont devenus utopiques de nos jours. Or, c’est à un rappel à l’ordre que semble nous inviter Matthieu 18 :15-17. Au quotidien, l’atmosphère conviviale devient de plus en plus tendue. Les Hommes s’entre-déchirent et s’entre-tuent. La guerre sévit çà et là. Les créatures de Dieu sont devenues les unes pour les autres sujets d’injures, de railleries, et de violents conflits. La notion de pardon chez les humains est bannie à la merci des divisions, ce qui rend le taux de fréquentation des tribunaux étatiques très élevé au jour le jour et donne à Charles Nzonkwo KEMAYOU dans la préface au livre LA PROBLEMATIQUE DE LA COEXISTANCE DE L’IVRAIE ET DU BON GRAIN de Robert KONG d’affirmer :

Le sujet humain a perdu ce qui lui est fondamental :l’amour ; ce qui a pour conséquence la pratique du mal. L’amour est ce qui permet de mettre ensemble les hommes afin qu’ils mènent une vie honnête et juste. Malheureusement, l’angoisse et le thanatos semblent primer en le sujet humain, ce qui l’incline vers le mal. Désormais, la séduction est à la mode.

Le monde et l’Eglise du Seigneur se dégradent à cause du manque de la collégialité au sein du clergé. L’homogénéité dans le ministère pastoralest virtuelle, disparate et donc sapée ; or, on devrait l’exercer dans l’unité du corps. Les abstentions à la table sainte, suite aux mésententes avec le pasteur, l’ancien ou un frère se multiplient ; les groupes de chorales appartenant aux ligues et les mouvements se scindent et battent de l’aile à cause des querelles males gérées.Les communautés se vident et sombrent même dans la décrépitude du fait des discordes et de l’absence des techniciens en réconciliation. Les conflits sont alors banalisés et leur existence empoisonne les relations humaines, l’harmonie en famille, la paix en société et surtout le témoignage d’une communauté chrétienne.

Autour de nous, l’écho qui nous parvient n’est pas bon enfant : les peuples se soulèvent, les homicides et les fratricides se multiplient du fait de la culture de l’intolérance. La « Théomachie » et « l’homomachie » s’officialisent progressivement et, au nom du pouvoir et de l’avoir, les Hommes cherchent à se faire justice, ce qui plonge de plus en plus le monde dans un imbroglio indescriptible et une situation de crise perpétuelle. Or, réagissant à la loi du Talion, Jésus parle ainsi avec autorité :

Vous avez entendu qu’il a été dit : œil pour œil et dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas vous venger de celui qui vous fait du mal. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, laisse le aussi te gifler sur la joue gauche. Si quelqu’un veut te faire un procès, pour te prendre ta chemise, laisse-le aussi prendre ton manteau. Si quelqu’un t’oblige à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui .

En accordant du prix à la lecture des livres du Nouveau Testament en général et du passage ci haut cité en particulier, nous nous rendons compte que nous sommes en face d’ un véritable code qui régit les relations Homme-Dieu d’une part et les relations Homme-Homme d’autre part; ce qui appelle les Hommes en général et les Chrétiens en particulier à prendre désormais acte du contenu de cette riche bibliothèque qui se veut un grand législateur incorruptible et dont la vocation unique est de:

Libérer l’homme, tout l’homme et tous les hommes

En les appelants à regarder ensemble dans la même direction en se fondant sur l’espérance du salut promis par Christ.

Par ce travail, nous voudrions attirer l’attention des hommes en général, et des pasteurs de l’Eglise Evangélique du Cameroun en particulier sur le fait qu’ils sont les agents de gestion pacifique des conflits et qu’il n’ont pas toujours à se contenter de la législation en dehors de la communauté des croyants. Les hommes n’ont pas forcément besoin de la guerre pour acquérir la paix comme c’est d’ailleurs encré dans le tréfonds des êtres

Si tu veux la paix prépare laguerre.

Bien au contraire, la culture de la tolérance et la notion du pardon sont les seuls gages d’une paix durable.

Prenons une image dans le monde de la musique pour illustrer la nécessité d’une paix réelle entre les hommes: le monde est une portée musicale dans laquelle chaque être Humain fait office de note de musique et c’est l’agencement de ces notes qui permet de vivre en paix, en ordre et en harmonie avec soi-même,

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