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Commentaire de texte, "questionner la représentation politique", Daniel Gaxie

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Par   •  7 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 485 Mots (10 Pages)  •  930 Vues

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COMMENTAIRE DE TEXTE SEANCE 3

« Ce que représente le tableau ? Cela dépend de celui qui le regarde » (James Abott McNeill Whistler). Cette phrase simple peut s’appliquer aux enjeux contemporains de la représentation. En effet, les représentants de la nation et du peuple sont regardés par les citoyens, ils sont censés en être le reflet. Pour certains, ils y voient des politiques qui leurs ressemblent, pour d’autres, ils se sentent exclus de ce système représentatif. La scène politique peut apparaitre comme un tableau représentant les citoyens, mais cette question de la représentation est toujours au cœur des débats publics, parce qu’elle représente un enjeu de la démocratie.

Daniel Gaxie, politiste français, s’intéresse à la question de la représentation dans son article « Questionner la représentation politique » publié dans la revue Savoir/Agir, volume 31 n°1, en 2015. D. Gaxie est un politiste français, notamment connu pour son œuvre sur la sociologie du vote. La question de représentation est un enjeu historique et contemporain au cœur du fonctionnement des régimes politique. D’abord, la représentation peut se définir sous deux formes ; d’une part l’activité de représentation et d’autres par les théories qui entourent celle-ci. Dans les démocraties modernes, les gouvernements représentatifs se mettent en place progressivement dès le XVIIème siècle. Dans ce type de régime, les représentants représentent la nation, c’est-à-dire que les citoyens s’expriment par leur intermédiaire, ils incarnent la volonté générale. Ce type de régime repose sur le fait que le détenteur de la souveraineté nationale, le peuple, ne peut pas se gouverner lui-même pour des raisons pratiques. Il délègue alors sa souveraineté aux représentants. Cela implique donc que les représentants soient légitimes. Cette légitimité est la capacité d’affirmer sa domination, et que celle-ci soit acceptée rationnellement. Dans les régimes représentatifs que l’on connait, les représentants tirent leur légitimité de l’élection. Néanmoins, celle-ci n’est pas la même pour un représentant élu au suffrage universel direct que pour celui qui est nommé par un élu, le Premier Ministre nommé par le Président de la République par exemple.

Ainsi, dans « Questionner la représentation politique », Gaxie va revenir sur cette légitimité et le caractère démocratie qu’elle instaure, ainsi que sur la représentativité effective des représentants. Au cœur des enjeux contemporains, il s’agit d’analyser si les représentants sont un miroir de la société. Dans un contexte de contestations des représentants et d’un manque de confiance, certains prônent le tirage au sort comme alternative, voir comme un supplétif, à l’élection. Le but serait de favoriser l’accès au pouvoir à tous les citoyens afin d’avoir des représentants plus différents et plus représentatifs de toutes les catégories de population. Lorsqu’il écrit son article, la représentation est plus que jamais au cœur du débat public puisque se déroulent les élections régionales et départementales où le FN sort victorieux à la surprise de beaucoup, avec le scandale de l’exclusion de Jean-Marie Le Pen.

Il s’agit donc de se demander à quel degré la représentation politique est-elle représentative et comment participe-t-elle de la démocratie ?

L’auteur s’interroge sur les éléments démocratiques de représentation et sur sa légitimation qui sont au cœur des enjeux de la démocratie (I), puis il analyse la composition de l’Assemblée Nationale pour mesurer la représentativité effective des représentants (II).

I/ Les failles d’une représentation démocratique et légitime

        D’abord la représentation comporte des éléments démocratiques qui participent de la légitimité des représentants (A), néanmoins la démocratie a pour philosophie l’inclusion de « tous », ce qui n’apparait pas toujours dans cette représentation (B)

  1. Les éléments démocratiques de la représentation

L’auteur commence par retracer les étapes de réflexion qui mène à considérer la représentation comme démocratique. Il fait une liste des représentants officiels « élus du peuple et de la Nation », ce qui sous-entend que leur légitimité procède d’une élection. Une élection rappelle la démocratie puisqu’il y a une tendance à considérer l’élection comme un des piliers fondamentaux d’une démocratie, sous réserve qu’elles soient démocratiques, soient régulières, libres et selon des mécanismes uniformes. Il cite plusieurs représentants élus au suffrage universel direct pour certains, « le Président de la République, les députés » et les « conseilleurs municipaux, départementaux et régionaux » ainsi que « les députés européens » ; et au suffrage universel pour d’autres, « les sénateurs, les maires ».

Cette représentation est « officiellement considérée comme démocratique » et Daniel Gaxie explique quel est son caractère démocratique : le « principe officiel d’égalité ». Cela correspond au principe d’isonomie au sens moderne du terme, c’est-à-dire « égalité de droit ou égalité devant la loi »; « Tous les citoyens sont censés disposer de droits politiques égaux qui leur permettent notamment de voter et d’être éventuellement candidats » sur le fondement de l’article 1er (« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ») et de l’article 6 (« Tous les citoyens étant égaux à ses yeux {la loi} sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ») de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Néanmoins, si elle est officiellement démocratique, elle peut être considérée comme l’étant officieusement un peu moins. Cela fait référence à Rousseau dans son Contrat Social : « le peuple anglais pense être libre, (…) il ne l’est que durant l’élection des membres du Parlement, sitôt qu’il est élu il est esclave, il n’est rien ». Le caractère démocratique ne serait alors présent que durant le temps de l’élection.

Ainsi, la « composante démocratique réside également dans l’élection de la plupart des représentants », conformément à la définition traditionnelle de la démocratie résumable par la formule « un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions politiques au moins par le vote »2. Néanmoins, reste la question du suffrage universel direct, qui ne fait pas directement appel au peuple, « par exemple les membres du Gouvernement », pour qui leur légitimité tiendrait de la « confiance des élus » dont ils sont « sensés bénéficier », « à commencer par celle des députés à l’assemblée nationale ». Cela fait référence aux ministres qui sont responsables devant le Parlement sur le fondement de l’article 20 de la Constitution de 1958, et dont la responsabilité peut être mise en cause selon l’article 49 de la Constitution. Ainsi la confiance n’est pas toujours installée entre Parlement et Gouvernement, même si avec le phénomène du fait majoritaire consolidé lentement depuis 1958 cela reste relatif.

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