Commentaire histoire du droit Bossuet - La Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture Sainte
Commentaire de texte : Commentaire histoire du droit Bossuet - La Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture Sainte. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar helenouille86 • 6 Décembre 2018 • Commentaire de texte • 2 680 Mots (11 Pages) • 6 425 Vues
Commentaire de texte
« Les rois n’ont pas de supérieur au temporel et leurs sujets ne peuvent être déliés de leur serment de fidélité. » Dans La Déclaration du clergé gallican sur le Pouvoir dans l’Eglise du 16 mars 1682, Bossuet écrit cela car il sait que le Roi de France est le seul à être sacré et donc quelque part il va agir pour le compte de Dieu et il est le seul à pouvoir le faire.
On est ici dans un contexte d’absolutisme monarchique, absolutisme monarchique qui s’étend du XVIe siècle au XVIIIe siècle. Absolutisme monarchique, c’est-à-dire que le roi, le pouvoir, l’Etat, va se comporter comme s’il était complètement indépendant, détaché de n’importe quelle institution. En latin, ab solutus signifie « sans lien » et ab solverer « absoudre », « être délié de, détaché de ». L’absolutisme est donc le fait d’être indépendant.
Dès le XVIème siècle, on trouve des juristes qui vont établir des arguments au roi pour renforcer son autorité. On distingue plusieurs théoriciens de l’absolutisme. Tout d’abord, on trouve Jean Bodin. On le considère comme étant la figure emblématique de l’absolutisme en présentant la souveraineté comme une autorité entière et indépendante, avec le Roi comme seul titulaire de la souveraineté. On trouve aussi Guy Coquille, Charles Loyseau et Pierre Cardin Le Bret. Parmi ces théoriciens, on trouve Jacques-Bénigne Bossuet qui rajoute le divin dans cet absolutisme. En effet, l’apogée de l’absolutisme se fait sous le règne de Louis XIV. Jacques Bénigne Bossuet se définit comme le grand théoricien de la monarchie absolue de droit divin. Est venu s’ajouter un côté religieux au sujet de la souveraineté.
Cet absolutisme monarchique se voit attribuer la qualification de moderne : en effet, cet absolutisme monarchique moderne se voit imposer des limites. Le roi est indépendant mais il existe des limites inhérentes à la personne du roi. Il existe des freins à cet absolutisme, il ne faut donc pas confondre un roi avec un pouvoir absolu avec un tyran qui lui fait ce qu’il veut. De ce fait, on y trouve des limites religieuses, tout d’abord avec la religion en tant que telle mais aussi avec la conscience chrétienne du Roi. Il y a par exemple eu une période de guerres de religion de 1562 à 1598 entre les Monarchomaques protestants et les Monarchomaques catholiques. On y trouve aussi des barrières morales, en se demandant notamment qui peut juger le roi dans le sens où il faudrait trouver une autorité capable de contrôler le roi dans ces barrières morales. Enfin, on y trouve aussi des limites juridiques et institutionnelles. Bien que Bossuet et les autres soient en train de donner plus de pouvoir au roi et que Bossuet fait rentrer le divin, il n’en demeure pas moins que Bossuet vient poser des limites, et notamment la limite religieuse.
Bossuet fait entrer le divin au sein de l’absolutisme monarchique au XVIIème siècle. Entre 1679 et 1704, on se trouve sous le règne de Louis XIV, roi communément connu sous le nom de Roi-Soleil. Louis XIV est le Roi de France à avoir le plus longtemps régné (de 1643 et officiellement 1651 à 1715, date de sa mort). Il marque l’apogée de la construction de l’absolutisme de droit divin, construction qui se faisait depuis plusieurs siècles avec le sacre notamment.
Cet absolutisme de droit divin a été théorisé par Jacques-Bénigne Bossuet (surnommé parfois l’ « Aigle de Meaux »). Bossuet est né le 27 septembre 1627. Il décèdera le 12 avril 1704, et il n’aura pas le temps de finir son écrit La politique tirée des propres paroles de l’Ecriture Sainte commencé en 1679. Il est homme d'Église, évêque de Meaux, prédicateur et écrivain français. En 1670, Bossuet avait été nommé tuteur du futur roi, fils de Louis XIV, étant alors responsable de la formation philosophique, politique et religieuse du jeune dauphin.
Son écrit qu’il n’aura pas le temps de terminer, La politique tirée des propres paroles de l’Ecriture Sainte, est donc un livre posthume : il sera publié pour la première fois en 1709, donc 5 ans après sa mort. C’est une œuvre littéraire majeure de Jacques-Bénigne Bossuet dans laquelle il s'efforce de démontrer les liens entre politique et religion et de s'inspirer des Écritures saintes dans un contexte d’absolutisme monarchique de droit divin. Dans ce texte, il y a l’idée de l’éloge de la royauté mais aussi l’éloge de Dieu, puisque Bossuet était lui-même un homme d’Eglise. Le recours à la religion lui permet en effet dans ce texte de justifier un régime de droit divin. Pour Bossuet, la monarchie dérive de l’Ecriture Sainte, c’est-à-dire la Bible.
De ce fait, il est alors intéressant de se demander quelles sont les caractéristiques de la monarchie absolue de droit divin.
La monarchie absolue de droit divin se voit caractérisée par Dieu en tant que source du pouvoir divin conféré au Roi (I), mais aussi par le Roi comme un homme avec des caractères divins (II).
- Dieu : source du pouvoir divin conféré au Roi
Dieu est la source du pouvoir divin. En effet, cette source se retrouve définie par les « choses » de Dieu (A), mais Dieu lui-même se voit caractérisé par sa supériorité incontestable (B).
- Les « choses » de Dieu
Les choses de Dieu sont la sainteté, la bonté, la puissance et la raison. Elles définissent la source du pouvoir divin : Dieu.
« Dieu est la sainteté même, la bonté même, la puissance même, la raison même. En ces choses est la majesté de Dieu ». La majesté signifie la grandeur suprême. Cela signifie donc qu’il ne faut pas oublier que le pouvoir suprême, la grandeur suprême (c’est-à-dire la majesté) confiée au roi provient à la base de Dieu. En effet, c’est Dieu le détenteur, la source de ce pouvoir.
Bossuet veut prouver que Dieu est la majesté en ces choses qui sont la réelle source du bonheur : la sainteté est le caractère d'une personne ou d'une chose sainte ; la bonté est la qualité morale qui porte à faire le bien, à être bon pour les autres ; la puissance est la situation, l’état d'une personne, d'un groupe qui a une grande action, c’est la domination qui en résulte ; enfin, la raison ici, pour Bossuet, est la faculté de bien juger et d'appliquer ce jugement à l'action. En effet, Dieu est le seul réel Saint, il est le seul qui fait preuve d’une bonté de façon à faire le bien, il est le plus puissant, c’est-à-dire celui qui a la plus grande domination, et enfin il est le seul maitre de la raison : seul lui a la faculté de bien juger.
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