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Commentaire de Texte ; MACHIAVEL , LE PRINCE XXV

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Par   •  25 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  1 564 Mots (7 Pages)  •  1 752 Vues

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Dans ce texte de Machiavel, le problème soulevé est : l’homme est-il entièrement soumis à la fortune, au sort (c’est à dire à la chance ou malchance) ? Machiavel, dans ce texte , va adopter une position mitoyenne face à cette interrogation, puisqu’il va affirmer que la fortune est maîtresse sur environ la moitié de nos actions, et que l’homme est libre d’agir sur l’autre moitié. Machiavel, pour étayer sa démonstration commence par énoncer l’opinion commune, (qui est la croyance au Destin), puis il la réfute en s’appuyant sur une métaphore, celle d’une rivière en crue, qui figure de manière imagée la force du sort.

Ce texte de Machiavel comprend deux mouvements. Le premier mouvement va du début du texte jusqu’au terme « cependant« , mot de liaison qui marque le tournant du texte. Dans ce premier mouvement du texte, l’auteur va exposer les tenants et les aboutissants de l’opinion commune, c’est à dire de la croyance au sort, ou encore croyance au Destin.  Dans le deuxième mouvement du texte, Machiavel, après avoir exposé les principaux principes et conséquences de la croyance au destin va la réfuter, en ayant recours à une métaphore; celle d’une rivière en crue.

Le texte débute donc ainsi : « Je n’ignore pas cette croyance fort répandue ». Machiavel commence par affirmer que la croyance à la puissance du sort est fort commune puisqu’il la qualifie de « fort répandue« . Et elle est tellement répandue, qu’on ne peut sans doute pas l’ignorer, et l’auteur , évidemment ne l’ignore pas, comme il le dit lui-même: « Je n’ignore pas« . Mais ce n’est pas parce qu’il connaît cette thèse et qu’il l’expose, qu’il y adhère. Machiavel adopte ici véritablement une démarche philosophique puisqu’il n’adhère pas à la thèse présentée (la croyance au Destin), mais il sait que pour critiquer une opinion, il faut la connaître et en démonter les rouages et implications. On ne saurait critiquer et réfuter ce qu’on est incapable d’exposer clairement, c’est à dire  ce qu’on est incapable de concevoir. on ne peut critiquer  objectivement ce qu’on ne connaît pas.

Cette croyance, Machiavel la résume ainsi : « les affaires de ce monde sont gouvernées par la fortune et par Dieu ». Autrement dit, pour les hommes, la force du sort relève soit d’un hasard aveugle (« fortune« ), soit elle provient de Dieu qui nous aurait « tracé notre vie à l’avance » selon l’expression populaire, (soit donc, la croyance au Destin relève de la superstition religieuse).

Cette croyance au destin est défaitiste : « les hommes ne peuvent rien y changer, si grande soit leur sagesse« . La croyance au Destin aboutit donc au fatalisme, une soumission en quelque sorte sacrilège, puisqu’elle fait fi même de l’intelligence de l’espèce  humaine car : « si grande soit leur sagesse », les hommes ne pourraient rien faire face à la puissance du sort. La croyance au destin est donc néfaste puisqu’elle est soumission et non courage, et parce que de plus, elle méconnaît les forces intellectuelles et morales de l’humanité. La croyance au destin aboutit  donc au mépris du genre humain.

Machiavel rajoute que pour les fatalistes, « il n’existe aucune sorte de remède« . loin d’être une consolation, la soumission au destin est désespérante, puisqu’elle fait de l’homme l’esclave des événements qui lui arrivent.

Par ailleurs, le fatalisme aboutit à la paresse: « Par conséquent, il est tout à fait inutile de suer sang et eau à vouloir les corriger » (sous-entendu les événements). La croyance au destin prive l’homme de toute grandeur aussi bien intellectuelle (déni de la sagesse) que morale (déni du sens de l’effort).

Puis, Machiavel précise que cette opinion fataliste, cette croyance au destin a de plus en plus de succès à son époque : « opinion qui a gagné du poids en notre temps, à cause des grands bouleversements auxquels on assiste chaque jour, et que nul n’aurait jamais pu prévoir« . Ici, Machiavel parle sans doute d’événements graves comme les guerres et autres désordres publics qui ont eu lieu à son époque (la Renaissance, Machiavel vit dans une époque nouvelle, qui rompt avec le moyen-âge). Devant les difficultés, la tentation de l’abandon au sort, est plus forte que dans des circonstances plus heureuses. Le fatalisme est d’autant plus puissant en l’homme, que celui-ci se trouve confronté à de graves difficultés. Machiavel parle aussi « des changements que nul n’aurait pu prévoir« ; autrement dit, face à la nouveauté déroutante, l’homme affolé ne réfléchit plus, et se soumet au sort.

Puis Machiavel passe aux aveux ! Lui-même, parfois est tenté par le fatalisme : « si bien qu’en y réfléchissant moi-même, il m’arrive parfois de l’accepter ». La position fataliste est une tentation qui va au moins de temps à autre, dans le cœur de tout homme. Le fatalisme est une tentation toujours présente parce que c’est justement une solution de facilité.

Ensuite, avec le terme de liaison « cependant« , le lecteur arrive au tournant du texte, c’est à dire au début du second mouvement. Machiavel va désormais passer à l’offensive, c’est à dire qu’après avoir exposé le fatalisme, il va réfuter cette position.

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