Commentaire de texte "Règlement de peste de Dijon à partir du XVI°siècle"
Commentaire de texte : Commentaire de texte "Règlement de peste de Dijon à partir du XVI°siècle". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maeva.wydra31 • 25 Mars 2021 • Commentaire de texte • 4 003 Mots (17 Pages) • 613 Vues
Règlement de peste de la ville de Dijon à la fin du XVIe siècle
oooooDe nombreuses épidémies de peste ont ravagé le territoire français d’une façon différente mais beaucoup d’historiens ont pu constater qu’un grand nombre d’entre elles survenaient à la suite d’une disette ou d’une famine. C’est notamment le cas de la peste survenue à Dijon à la fin du XVIe siècle. Le document étudié est un règlement, ou plus précisément un ensemble des prescriptions que doivent observer les membres d’un groupe ou d’une société, sur la gestion de la peste dans la ville de Dijon en mai 1597. Il est issu d’un ouvrage intitulé La terreur et la pitié. L’Ancien Régime à l’épreuve de la peste écrit par l’archiviste et historienne française spécialisée dans l’histoire des maladies et épidémies Françoise Hildesheimer et publié en 1990 à Paris. Ce règlement a été mis en place pendant l’année 1597 alors que les sols avaient été ravagés par la présence des soldats due à la huitième guerre de religion (1589-1598). Celle-ci c’est déclenchée suite à l’ascension au pouvoir de Henri IV alors qu’il était protestant ce qui déplaisait fortement aux catholiques mais surtout aux Ligueurs, un parti de catholiques qui voulait défendre sa religion. Pour apaiser les tensions, Henri IV décide alors d’abjurer sa foi en 1593 devenant ainsi catholique et roi grâce à la cérémonie du sacre. De cette décision résulte un grand nombre d’abandons de villes face aux Ligueurs et la mise en place d’assemblées générales de réformés afin de fonder la république calviniste. Même si la situation quant aux guerres de religion est devenue plus calme, une guerre avec l’Espagne ravage une partie du royaume et notamment les terres aux alentours de Dijon ce qui entraîne de mauvaises révoltes. En 1597, la peste envahit le royaume de France et Dijon doit donc créer un règlement sur la gestion de la peste de la ville mais aussi des pauvres qui y résident. On peut donc se demander : en quoi ce règlement proclamé à la fin du XVIe siècle montre t-il la gestion d’une période de crise afin de maintenir l’ordre au sein d’une ville ? Nous pouvons alors constater que ce document régit la vie des habitants en instaurant des règles afin d’éviter la propagation de l’épidémie mais qu’il met aussi en place une certaine inégalité sociale de par sa volonté à maintenir l’ordre avec des sanctions principalement violentes.
oooooTout d’abord, le règlement a été mis en place à cause de la peste qui prend une proportion de plus en plus grave mais s’adresse aussi aux pauvres comme le montre le début du document (l.1). En effet, pour éviter la propagation de l’épidémie au sein de Dijon, le conseil de la ville a été réuni afin de dresser un certain nombre de règles à respecter dans un règlement proclamé le 9 mai 1597.La chambre du conseil sert à appliquer les décisions du roi vis-à-vis de la situation critique due à la peste. L’évocation de cette chambre du conseil à Dijon sert de mise en place d’un cadre spatial pour mieux comprendre le texte (l.3) et c’est elle qui prend des décisions à l’égard de la situation dramatique dans laquelle se retrouve Dijon avec le mot « recoignoissant » (l.3) qui sert de constatation face à cette situation. Elle admet reconnaître que la peste se répand mais n’utilise pas d’arguments médicaux pour étayer ses propos puisqu’à cette époque la médecine était peu expérimentée, ils se basent alors sur les conversations et les réactions des habitants des villes voisines pour montrer que cette maladie prend une grande ampleur. On peut donc constater que ce conseil se base sur l’avis du peuple pour prendre des décisions et les appliquer ce qui insiste bien sur l’absence d’expérimentation médicale afin d’analyser la gravité de cette maladie. Ensuite, les règles présentes dans ce document régissent la vie des habitants. Ils expliquent tout d’abord que c’est pour éviter la propagation de la peste qu’il faut établir un ordre et une police, le mot « ordre » ici montre bien que c’est un impératif et que les habitants n’ont pas le choix que de l’appliquer et c’est pour cela qu’ils ont recours à une police qui s’assure de l’application de ce règlement. En effet, la première règle est évoquée à la ligne 13 et énonce le fait que ceux qui ont la peste et leur entourage mais aussi ceux qui les ont fréquenté doivent se retirer chez eux pour essayer de se faire soigner. Nous retrouvons cet impératif avec le verbe « ordonné » signe que c’est une règle à appliquer et que s’ils ne le font pas ils seront punis en conséquence. Même si ces règles servent à régir la vie des habitants ce qui peut être vu négativement, le conseil cherche avant tout à protéger ses habitants et tente de trouver des solutions. Ensuite, le texte suit une évolution en évoquant tout d’abord ceux qui sont logés et montre que si la peste touche une même famille dans une maison, il faudra l’enfermer (l.19). Nous pouvons voir que le conseil de la ville tente de minimiser la circulation de la peste en enfermant tout ceux qui en présentent les symptômes. L’utilisation du verbe « seront » (l.20) à la voie active montre clairement que les autorités prennent les décisions à la place de la population et veulent appliquer leurs règles même si certains habitants ne sont pas d’accord. Ainsi, les maisons seront cadenassées par des personnes de l’autorité de la ville et non par les familles elles-mêmes qui pourraient se révolter face à cette décision puisque elle renvoie à un certain manque de liberté afin d’appliquer ce règlement. Les autorités ont donc pris des décisions actives et sont prêtes à tout pour les mettre en place. De plus, le fait que les villes soient fermées intra-muros favorisent la propagation de la peste puisqu’on a une forte densité de population dans un espace restreint, il paraît donc nécessaire d’enfermer les personnes contaminées chez eux même si à cette époque, la plupart vivent dans des logements très exigus. Nous pouvons également constater que dès qu’il y a une nouvelle règle énoncée, un nouveau paragraphe se créer pour bien insister sur leur présence. La nouvelle règle évoquée à la ligne 24 énonce ainsi le fait qu’il est interdit de se promener dans la ville parmi les personnes saines ni d’approcher les portes de la ville pour une personne contaminée sous peine d’être arquebusée. La présence du terme « faict deffenses » (l.24) insiste sur l’interdiction énoncée par cette règle et avec le terme « approcher les portes » (l.25), nous pouvons voir que la ville tente d’exclure toutes les personnes contaminées de son territoire. En effet, à cette époque, les villes étaient encerclées de murs et leur entrée était marquée par de grandes portes qui insistait bien sur le statut de ville. Les portes sont donc fermées durant cette épidémie et ceux qui sont contaminés par cette peste devront rester en dehors de cette ville ce qui montre bien une certaine injustice sociale par les autorités. Le règlement évoque ensuite le rôle des sergents (l.33) qui devront transporter les corps des personnes mortes à cause de la peste en suivant un protocole bien précis. Celui-ci ne devra pas se faire en plein jour, ni pendant les jours de marché et explique qu’il faut qu’il y ai le moins de peuple possible dans les rues. Cette décision montre la volonté du conseil d’éviter la propagation de la peste dans les rues en évitant par exemple les rassemblements avec les marchés, mais cela peut également renvoyer à une volonté de la part du conseil de ne pas effrayer les habitants en montrant les morts. Comme nous l’avons vu précédemment, les autorités municipales tentent de maintenir l’ordre et donc ne veut pas que le peuple s’inquiète ce qui pourrait entraîner des actions guidées par l’émotion. Nous pouvons voir ainsi que ce règlement régit la vie des habitants mais aussi leur mort. En effet, la vie extérieure des habitants est régit par de nombreuses règles comme par exemple l’interdiction d’avoir des animaux qui pourraient favoriser le « mauvais air » (l.53). La ville devra alors se ravitailler dans les campagnes ce qui paraît compliqué puisque les portes de la ville doivent être fermées par peur de faire rentrer des personnes contaminées. Une règle dicte aussi l’hygiène pour les eaux des villes (l.55) car à cette époque, les déchets sont jetés en pleine rue et le plus souvent dans l’eau qui traverse la ville. L’état sanitaire de l’eau est donc déplorable et favorise la présence de maladies. Ce règlement interdit désormais cette pratique ce qui montre que le pouvoir municipal a conscience des normes d’hygiène. En revanche, le règlement ne stipule pas où les habitants devront mettre leurs déchets. Le règlement interdit également la vente de lits et de linges (l.56-57) qui sont susceptibles de retenir le mauvais air et donc la présence de la peste qui pourrait contaminer les populations. Le pouvoir municipal ne régit pas seulement la vie des habitants dans les rues et en ville mais aussi à leur domicile ce qui montre ainsi une absence de liberté. L’énumération de différents loisirs et occupations non essentielles (l.59) montre qu’il régit aussi les loisirs des habitants. Mais cela paraît normal car les jeux attirent du monde dans un espace restreint ce qui pourrait favoriser la propagation de la peste. De plus, la vente d’objets non essentiels tels que le montre le texte est interdite, on peut donc en déduire que les autorités municipales veulent que les habitants ne sortent seulement que pour des achats essentiels tels que la nourriture pour assurer leur subsistance.
...