Récit pratique en SAS stage

                DF1 Relation éducative spécialisée S3

                                                                       Récit de pratique 1

Mon stage s’est déroulé à la SAS (Section d’adaptation spécialisée) qui est annexée à l’ESAT. La SAS accueille 16 « travailleurs » adultes handicapés porteurs de déficiences intellectuelles ou de handicap psychique stabilisé, de 18 à 60 ans, pour 1 à 2 ans maximum. Ces « travailleurs » (c’est ainsi qu’ils sont appelés) ont besoin d’un accompagnement spécifique pour concrétiser leur projet professionnel. Des activités d’apprentissage ou éducatives à temps partiel, mi-temps maximum, en alternance avec le travail en ESAT sont proposées pour favoriser le projet d’insertion ou de maintien en ESAT à temps plein (qui pourra être en blanchisserie, espaces verts, restauration, conditionnement).

L’orientation SAS est demandée auprès de la MDPH pour donner suite à un parcours en IME/IMPro, d’un état de santé qui se dégrade, un besoin de reprendre confiance, un besoin de réorientation…

L’équipe éducative est constituée de 2 éducatrices spécialisées à temps plein, qui mettent en place des projets individualisés, des activités répondant aux besoins de chacun, un accompagnement pour une meilleure prise en charge personnelle, des activités professionnelles, des activités de maintient (scolaires, professionnels…), des activités de groupes (activités physiques, créatives, culturelles, de mise en situation professionnelle, groupes de paroles).

J’ai été très bien accueillie par l’équipe et présentée comme stagiaire éducatrice aux « travailleurs ».

J’ai participé aux activités diverses, j’ai pu mettre en place un projet socio-éducatif sur plusieurs semaines (activités sur les Jeux Olympiques avec une partie créative individuelle : peindre un phryge, mascotte des JO 2024 sur un support cartonné, une partie créative en groupe pour travailler la collaboration : fresque grand format avec les anneaux olympiques et les pictogrammes des sports, et une partie récréative avec des jeux dont un « dobble » que j’ai créé dans le but d’enrichir le vocabulaire).J’ai pris du plaisir à organiser ces ateliers et je me suis réjouie quand  ils m’ont dit être satisfaits de ce qu’ils avaient créé et avoir apprécié le dobble avec lequel ils ont continué à jouer régulièrement lors des pauses.

J’ai aussi pu proposer un accompagnement individualisé avec D qui est un jeune homme de 19 ans avec une déficience intellectuelle modérée, des grandes difficultés pour lire et écrire, une bonne communication orale, travaillant à mi-temps à l’Esat en restauration et à mi-temps à la SAS service de l’ESAT afin d’ajuster son orientation et de pouvoir bénéficier d’un accompagnement individuel personnalisé. Il y est depuis 11 mois.

D a obtenu un CAP production service et restauration en 2022 et a fait par la suite plusieurs stages en cantine, boulangerie, entretien des locaux avant d’être orienté à l’ESAT sur proposition d’un responsable de stage et d’une assistante sociale car il avait peu d’autonomie et un grand manque de confiance.

Lors d’une pause du midi au sein de la structure, D m’a sollicité pour l’aider à faire son CV qui lui était demandé pour effectuer un stage en partenariat mais en dehors de l’Esat. J’ai été surprise de la relation de confiance qui avait pu s’instaurer avec D pour qu’il ose me demander mon aide. Je lui ai dit que c’était une très bonne idée, que j’allais en parler avec ma référente et que nous allions essayer de trouver un moment pour faire son CV car je pense que d’avoir un CV est indispensable pour lui permettre de demander un stage en extérieur et que l’aider à faire ce Cv lui permettrait de se sentir plus adulte (il donne l’impression, en effet, d’être encore un adolescent dans ses attitudes et ses actions et il dit lui-même ne pas encore se sentir adulte).

J’ai donc discuté avec ma tutrice de stage sur la demande de D. Elle m’a proposé de mettre en place un temps d’accompagnement personnalisé avec D pour l’aider à la réalisation de son Cv.

J’ai donc proposé cet après-midi-là à D de venir avec moi dans le bureau pour commencer le CV. Je l’ai d’abord questionné sur ce qu’il avait fait avant d’arriver à l’ESAT, s’il avait obtenu des diplômes, quelles étaient ses compétences et ses difficultés et s’il avait des demandes particulières, s’il avait un mail et s’il était à l’aise avec cet outil.

Il a été capable de m’expliquer son parcours, ainsi que ses informations de contact et ses centres d’intérêt. Il m’a dit avoir une boîte mail mais lire ses mails difficilement. A ce moment-là, il s’est confié à moi en me parlant de ses difficultés à lire et à écrire, à faire tous les papiers administratifs ainsi que les difficultés que cela engendre dans sa vie quotidienne (prendre les transports en commun, courses…). J’ai alors pris conscience de ses difficultés de tous les jours, et je lui ai dit qu’il ne fallait pas qu’il hésite à en parler, à demander de l’aide car je pense qu’il est possible de trouver des solutions par exemple via des applications, l’utilisation du micro pour lire et écrire sur word ou avec des séances d’orthophonie, des cours pour adultes en difficultés, l’aide d’un éducateur où d’une assistante sociale….

Après plus d’une heure de discussion, j’ai choisi d’utiliser CANVA pour son Cv ; je lui ai proposé de lui ouvrir un compte et nous avons choisi ensemble un modèle ; j’ai pris le temps nécessaire pour lui expliquer le fonctionnement de l’application. Il a trouvé cette application intéressante mais a besoin de temps et de manipulation pour faire seul, cela reste encore difficile en autonomie.

 J’ai donc créé le Cv en lui demandant à chaque fois si ça lui convenait et s’il était d’accord avec ce qui était marqué (comme il est en difficulté pour lire, je lui ai lu lentement en suivant avec mon doigt). Il m’a donné une photo d’identité que j’ai ajouté sur son Cv. J’ai ensuite téléchargé et envoyé en pièce jointe le Cv sur son mail. D a alors vérifié l’avoir bien reçu (il est capable de vérifier ses mails, seule leurs lectures sont compliquées) et il a demandé à l’imprimer, ce que j’ai fait. D a été satisfait du résultat et m’a remercié. Il m’a dit qu’il était content car grâce à ce CV, il se rendait compte que contrairement à ce qu’il pensait, il avait tout de même « fait quelque chose de sa vie », avait obtenu un diplôme et avait réussi à rentrer dans le monde du travail. J’ai été touchée qu’il se confie ainsi sur son ressenti personnel, J’ai décidé de lui dire qu’il fallait qu’il se fasse confiance et qu’il pouvait réussir une vie professionnelle même si elle devait être adaptée car je pense qu’il avait besoin d’être valorisé et d’entendre qu’il devait croire en son avenir. A la suite de cet échange, il m’a dit qu’il voulait vraiment réussir à avoir un stage pour pouvoir travailler dans un milieu ordinaire et se sentir « comme tout le monde » et que ce Cv allait certainement l’aider à réussir à obtenir son stage. Son remerciement m’a émue parce que j’ai pris conscience que j’avais pu l’aider, que mon accompagnement avait eu un impact positif sur D.

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