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La dimension politique de la guerre: des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux

Cours : La dimension politique de la guerre: des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mai 2021  •  Cours  •  3 854 Mots (16 Pages)  •  1 109 Vues

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Thème 2: faire la guerre, faire la paix..

AXE 1/ La dimension politique de la guerre: des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux

1) Laguerre «continuation de la politique par d’autres moyens» : de la Guerre de Sept Ans aux guerres napoléoniennes

A) Clausewitz: théoricien de la guerre classique / modèle clausewitzien :

-«De la Guerre», une référence majeure

Néen 1780, le prussien CarlVonClausewitz est auteur d'un traité, De la guerre, considéré comme une référence majeurede la pensée stratégique.Après avoir combattu très jeune au sein de l’'armée prussienne il forge son savoir politique et tactique. En 1810,il enseigne à la toute nouvelle Académie de Guerre de Berlin, et commence à écrire. Il meurt en 1831 du choléra, laissant des textes épars que sa femme rassemble et publie entre 1832 et 1839 sous le titre De la guerre.L’œuvre de Clausewitz repose sur une observation précise des guerres de son temps. Il procède en historien, situant les guerres dans leur contexte, et les étudiant pour en cerner les enjeux et en tirer progressivement des principes plus généraux.

-Une définition politique de la guerre

La guerre comme «continuation de la politique par d’autres moyens» permet à Clausewitz de la relier au champ des rapports de pouvoir. La guerre, conséquence des rapports entre communautés politiques distinctes,est étroitement liée au système des Etats. C’est une entreprise rationnelle permettant d’atteindre et de défendre les objectifsd’un Etat, objectifs qu’on ne peut atteindre par d’autres moyens (par ex: la diplomatie, le mariage...). De ce fait, la guerre fait partie de la panoplie classique d’un Etat, un instrumentpolitique soigneusement adapté à des objectifs diplomatiques très clairset qui ne relève d’aucun jugement moral négatif, comme cela peut être le cas aujourd’hui. C’est une guerre dictée par la politiqueplutôt qu’une politique dictée par la guerre.

La guerre selon Clausewitz s’entend à l’intérieur d’un cadre Westphalien (Traités de Westphalie, cf Guerre de Trente Ans). Dans ce cadre, si nous faisons la guerre, c’est pour aller vers la paix et non pour rester en guerre. En ce sens, la guerre est un temps d’inversion pour revenir vers la paix qui doit rester l’état normal des relations interétatiques. La guerre est un puissant moyen de parvenir à la paix. On peut décrire la guerre comme un prolongement concret de la diplomatie, étant donné que les coûts d’une défaite potentielle sont rarement préjudiciables à l’Etat, et que toute perte est habituellement vengée lors d’une guerre ultérieure. Ainsi, les guerres de revanche sont monnaie courante dans le paysage diplomatique du XVIIIe siècle.

-La guerre assimilée à un duel

Pour Clausewitz, la guerre est «un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté (...) à l’abattre». La guerre est en outre le baromètre du statut de l’Etat et de son prestige sur le plan international, ainsi qu’un excellent moyen pour la noblesse de satisfaire son goût pour l’aventure, les honneurs, l’héroïsme. En ce sens, on peut l’assimiler à la logique très codifiée du duel, propre aux valeurs et à l’étiquette de la noblesse, d’où sont issus la plupart des officiers jusqu’au XIXe siècle.

Cette analyse par le duel est typique de Clausewitz et de l’esprit de son temps, imprégné par le Congrès de Vienne (1815, cf 1ère) et la mise en place d’une diplomatie des rapports de force entre Etats. Dans son esprit, il n’y a pas de place pour les autres formes de conflits (sociaux...)

-Un engagement militaire, mobilisant une armée, avec des objectifs clairement circonscrits

Pour Clausewitz, il existe trois facteurs déterminants dans la guerre:

-L’existence d’un chef de guerre (ex: Frédéric II de Prusse), qui va prendre sur sa personne l’ethos combattant.

-L’engagement de l’armée

-Son «esprit populaire» (lié au fait que les soldats s’identifient à la Nation, ce qui marque une rupture avec les bandes armées irrégulières des guerres médiévales).

Cet engagement militaire, entre 1648 et 1789, correspondtoujours à des guerres courtes (en moyenne 2 à 3 ans) avec des séquençages assez clairs: déclaration de guerre, cessez-le feu, traité de paix. C’est une guerre codifiée, aux objectifs limités, guerre de manœuvre plutôt que d’annihilation, et ce d’autant plus que l’entretient des armées, qui relève du Prince, coûte très cher et qu’on ne souhaite jamais la voir détruite.

b.La guerre «du 1ertype» (Kalevi Holsti), l’exemple de la Guerre de Sept Ans

Guerre du «1ertype»= guerre limitée, institutionnalisée, trinitaire. (peuple, commandement, gouvernement)

-Qu’est-ce que la guerre de Sept Ans ?

Guerre européenne qui opposa l’Angleterre et la Prusse à la France, I’ Autriche, la Russie, la Suède, I’ Espagne et les princes allemands. La guerre de Sept Ans consacra la Prusse comme grande puissance européenne et l’avènementde l’Angleterre comme première puissance navale et coloniale.

Le conflit eut pour causes principales la volonté autrichienne de reprendre la Silésie à la Prusse (guerre de Succession d’Autriche) et la rivalité coloniale franco-anglaise. Sur terre, durant sept ans, la lutte fit rage en Europe centrale et orientale.

La France et l’Autriche, soutenues par la Russie, la Suède et quelques princes allemands, remportèrent quelques succès puis essuyèrent de nombreux revers face à Frédéric II de Prusse (notamment Kossbach et Leuthen). Sur mer et dans les colonies, l’Angleterre, après une période d’échecs (occupation de Port-Mahon, aux Baléares, par le duc de Richeljieu, 1756), accula à la défaite Montcalm au Canada (1759) et LallyTollendal aux Indes. Une alliance tardive avec l’Espagne, le pacte de Famille, ne permit pas de redresser la situation.

Par le traité de Paris (1763), Louis XV cédait à |’Angleterre le Canada, l’est de la Louisiane, quelques îles des Antilles, le Sénégalet presque toutes ses possessions en Inde. Par le traité d’Hubertsbourg (1763). Marie-Thérèse d’Autriche cédait définitivement la Silésie à la Prusse.

-Une guerre fidèle au modèle clausewitzien

La Guerre de Sept Ans est une guerre aristocratique(la «guerre en dentelle»): les maréchaux, désignés par les souverains, assurent le commandement des armées et y perpétuent les valeurs de leur classe (courage, maitrise de soi, respect des civils). Frédéric II désignait d’ailleurs la «guerre idéale» comme une guerre au cours de laquelle les sujets de l’Etat n’avaient même pas conscience des affrontements armés (ce qui est une rupture par rapport à la Guerre de Trente Ans).

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