Le bien-être des personnes âgées
Mémoire : Le bien-être des personnes âgées. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cmkgb • 20 Décembre 2016 • Mémoire • 12 265 Mots (50 Pages) • 1 044 Vues
Introduction
Dans le cadre du TD de Méthodologie et expression, nous avons choisi de consacrer notre programme de recherche à la perception du bien-être chez les personnes âgées.
Dans un contexte d’évolution démographique où le ratio des adultes d’âge avancé ne cesse de croître, se développe un certain âgisme au sein de nos populations occidentales, qui implique des stéréotypes et des préjugés parfois positifs lorsqu’on parle de sagesse ou de liberté retrouvée au moment de la retraite, mais le plus souvent négatifs. Dans nos cultures éprises de beauté, d’efficience, de perfection, de nouveauté, d’excellence, de vitesse… Vieillir effraie, et cette peur fait naître des représentations stéréotypées de personnes âgées faibles, séniles, inutiles, isolées, vulnérables, malades, dépendantes ou dépressives.
Les maisons de retraites et autres institutions spécialisées véhiculent ainsi une image négative de mouroir et sont bien souvent associées à l’idée de bannissement hors du monde, de la société, hors de la vie. Les familles confrontées à la difficile décision de placer leurs aînés dans ces lieux, essaient bien souvent d’en reculer l’échéance jusqu’au dernier moment et le vivent comme une rupture.
Alors que nous appréhendons le fait de vieillir et de voir nos proches prendre de l’âge, les personnes que nous côtoyons semblent elles-mêmes vivre cette période de manière plus ou moins satisfaisante. Nous avons partagé leurs histoires, et nous nous sommes aperçues que lorsque nous parlions de leur bien-être nous évoquions effectivement plus nos propres perceptions et représentations, que les leurs. Alors qu’en est-il réellement de leurs ressentis ? Le placement en institution est-il pour elles un deuil insurmontable qui impacte systématiquement leur estime de soi, leur joie de vivre, leur bien-être ? Ou n’est-ce qu’un évènement, certes important et déstabilisant, mais qu’elles peuvent très bien surmonter en fonction de leurs capacités d’adaptation, de résilience, de conation, et de la personnalité qu’elles se sont construite tout au long de leur vie ? Parviennent-elles à préserver, même en institution, leur satisfaction de vivre à travers de nouvelles rencontres, un sentiment de sécurité et de confiance accru, ou l’accès à de nouvelles activités ?
Après avoir exploré la littérature scientifique, d’une part pour mieux comprendre les conditions du « bien vieillir » et toucher du doigt l’importante variabilité interindividuelle des processus de vieillissement, mais aussi pour tenter de définir le bien-être, concept multidimensionnel par excellence, ainsi que ses modalités d’évaluation et ses principaux déterminants pour les personnes âgées, nous sommes parties à la rencontre de ces dernières. Notre objectif était de comprendre en quoi leur lieu de vie, à savoir leur placement en institution ou leur maintien à domicile, impacte leur niveau de bien-être subjectif et dans quels domaines en particulier.
Nous nous sommes efforcées dans cette étude de vérifier l’hypothèse selon laquelle le sentiment de bien-être ne dépendrait pas de ce lieu de vie mais bien de la personne elle-même, avec son histoire, et sa propension à rester optimiste ou non, et à se satisfaire de ce que lui offre la vie, c'est-à-dire de sa capacité à s’adapter ou pas à une nouvelle existence et à investir de nouveaux domaines qui peuvent être sources de satisfaction.
Partie 1 : Cadre théorique
Chapitre 1. Déterminants et mesures du bien-être des personnes âgées
Dans ce chapitre, nous allons caractériser les processus de vieillissement afin de mieux appréhender leurs impacts potentiels sur le bien-être des adultes d’âge avancé. Le concept de bien-être étant multidimensionnel, nous allons également en confronter les différentes définitions et identifier les pratiques et outils les plus pertinents pour le mesurer. Nous allons enfin explorer les déterminants et domaines de vie les plus prégnants dans la perception subjective que peuvent avoir les personnes âgées de leur bien-être.
Processus de vieillissement
Introduction
Plus qu’une définition la littérature propose différents types de catégorisations des personnes âgées. La plus commune est celle des gérontologues qui décomposent la période dite de l’âge adulte avancé « en trois sous-groupes : le troisième âge, de 65 à 75 ans ; le quatrième âge, de 75 à 85 ans ; et le cinquième âge, à partir de 85 ans » (Bee et Boyd, 2011, p. 384).
Le Gouès (2001), propose de son côté, une classification plus « clinique » des personnes âgées, de l’adulte vieillissant qui prend conscience à mi-vie de sa mortalité mais garde intactes ses capacités sublimatoires, au vieillard malade, fragilisé, qui lutte pour préserver ses acquis, et dont la vie est rendue difficile par de lourdes pathologies.
Au-delà de ces catégories, somme toute arbitraires, la plupart des auteurs semblent s’entendre pour dire qu’il serait préférable de concevoir la vieillesse sous l’angle développemental. La période de l’âge adulte avancé est ainsi caractérisée par une grande variabilité interindividuelle (Bee et Boyd, 2011 ; Jeandel, 2005) au niveau du rythme des processus de vieillissement, qui se traduit par l’évolution de l’état de santé des personnes âgées, de leurs besoins et de leurs capacités sociales, affectives, cognitives, sensorielles ou physiques. De la Noé (2001) parle de discordance identitaire : les personnes âgées elles-mêmes semblent avoir des difficultés à se reconnaitre dans une dénomination de classe. Il y a une différence entre l’image que les individus ont d’eux même et la façon dont la société propose de les définir, d’autant plus que la personne âgée n’a pas la même place selon son milieu, et son origine culturelle et sociale.
Même si leur rythme et leur intensité sont individuels, les processus biologiques de vieillissement restent néanmoins universels (Bee et Boyd, 2011). La sénescence débute dès le passage à l’âge adulte, c'est-à-dire à la fin de la croissance du sujet humain. Vivant sur ses réserves, l’organisme se fragilise peu à peu face aux épreuves physiologiques et pathologiques, mais aussi aux traumatismes de la vie, jusqu’à la mort (De Jaeger, 2008).
1.1 Déclin physique
Sur le plan physique, le vieillissement entraîne « un ralentissement du temps de réaction dans presque toutes les tâches » (Bee et Boyd, 2011, p. 421), des pertes d’acuité visuelles ou auditives posant des problèmes de communication, mais aussi des pertes gustatives et olfactives susceptibles de diminuer le plaisir à se nourrir. On peut citer également une perte de sensibilité au toucher, au froid, au chaud (moindre plaisir des stimulations physiques), ainsi qu’une activité sexuelle qui souvent n’est pas interrompue mais dont la fréquence diminue du fait de douleurs chroniques, d’une baisse de testostérone chez les hommes, mais aussi de stéréotypes sociaux qui voudraient faire de l’âge avancé une période asexuée… La motricité en général et la motricité fine en particulier, la dextérité, la souplesse musculaire, l’équilibre… évoluent de même à la baisse, augmentant les risques de chute et dégradant les conditions de vie des personnes âgées. En parallèle se développent les maladies et les invalidités chroniques, les cancers… (Bee et Boyd, 2011).
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