Mélanges carré malberg

[f. 156r] N’Chapitre I

Idee generale

Je distingue les loix qui forment la liberté politique dans son raport avec la constitution d’avec celles qui la forment dans son raport avec le citoyen je traite d|L|es premieres seront le sujet de ce livre et je traiterai des secondes dans le livre qui suit.

[f. 157r] IChapitre 1 N’2

IDiverses significations donnees au mot de liberté.

Il n’y a point de mot qui ait reçu plus de differentes sortes de significations et qui ait frappé les esprits en plus |N’de tant| de maniere|N’s| que celui de liberté : les uns l’ont pris pour la facilité de deposer celui a qui ils avoient donné un pouvoir tirannique, les autres pour la faculté d’elire celui a qui ils devoient obeir, d’autres pour le droit d’etre armés et de pouvoir [f. 157v] Iexercer la violence, ceux ci pour le privilege de n’etre gouvernés que par un homme de leur nation ou par leurs propres loix(a) certain peuple a longtems pris la liberté pour l’usage de porter(b) une longue |N’sa| |N’une longue| Ibarbe^[1]. Ceux ci ont attaché ce nom a une forme de gouvernement et en |N’en| ont exclû les autres. Ceux qui avoient gouté du gouvernement républicain l’ont mise dans ce gouvernement, ceux qui avoient jouy du gouvernement monarchique l’ont placée dans(c) le gouvernement monarchique|La monarchie|, enfin chacun a appellé liberté le gouvernement [f. 158r] Iqui etoit conforme a ses coutumes ou a ses inclinations, et comme dans une rêpublique on n’a pas ordinairement |N’toujours| devant les yeux un objet si present des maux dont on ↑N’et d’une maniere si presente les instrumens des maux dont on+ Ise plaint et que méme les loix y paroissent y parler plus, et les executeurs de la loy y parler moins on la place ordinairement dans les républiques et on l’a exclut|e| des monarchies ; enfin comme dans les démocraties le peuple paroit a peu pres faire ce qu’il veut on a mis la liberté [f. 158v] Idans ces sortes de gouvernement et l’on a confondû le pouvoir du peuple avec la liberté du peuple

(a) IJ’ai dit Ciceron, copié l’edit de Scævola qui permet aux Grecs de terminer entr’eux leurs differens selon leurs loix, ce qui fait qu’ils se regardent comme des peuples libres.

(b) IVol Journal 642 C’est pour cela qu’ils ne pouvoient souffrir que le czar la leur fit couper LAussi les Moscovites ne pouvoient-ils souffrir que le czar Pierre la leur fit couper.

(c) ILes Capadociens refuserent l’etat republicain que leur offrirent les Romains.

[f. 159r] N’Chapitre 2 3

Ce que c’est que la liberté

Il est vrai que dans les democraties le peuple paroit faire ce qu’il veut mais la liberté politique ne consiste point a faire ce que l’on veut dans un etat c’est a dire dans une societé ou il y a des loix la liberté ne peut consister qu’a pouvoir faire ce que l’on doit vouloir et a n’etre point contraint de faire [f. 159v] N’ce que l’on ne doit pas vouloir

Metons nous bien dans l’esprit ce que c’est que l’independance et ce que c’est que la liberté la liberté est le droit de faire tout ce que les loix permettent et si un citoyen pouvoit faire ce qu’elles deffendent il n’auroit plus de liberté parce que les autres auroient tout de même ce pouvoir^[2]

[f. 160r] N’Chapitre 3 4

Continuation du meme sujet

↑La democratie et l’aristocratie ne sont point des+ ↑La démocratie et l’aristocratie ne sont point des états libres par leur nature+ La liberté politique ne se trouve que dans les gouvernements modérés mais elle n’est pas toujours dans les gouvernemens modérés elle n’y est que lorsqu’on n’abuse point du pouvoir mais c’est un expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est [f. 160v] porté a en abuser, il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites, qui le droit ? La vertu même a besoin de limites

Pour que personne ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par^[3] la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Une constitution peut être telle que personne n’y sera contraint de faire ce a quoy la loi ne l’oblige pas, et a ne point faire ce a quoy elle l’oblige

[f. 161r] IChapitre 4 N’5

IDe l’objet des etats divers.

Quoyque l’objet de tous les etats soit en general le méme, c’est a dire de se maintenir, chaque etat a pourtant un objet particulier, l’agrandissement etoit l’objet de Rome, la guerre celui de Lacedemone la religion celui des loix judaiques, le commerce celui [f. 161v] Ide Marseille la tranquilité publique(a) celuy des loix de la Chine la navigation celui des loix des Rodiens, la liberté naturelle l’objet de la police des sauvages. En general les delices du prince celui des etats despotiques, sa gloire et celle de l’etat celui des monarchies, enfin l’independance de chaque particulier(b) |N’est| l’objet des loix de Pologne et ce qui en resulte l’oppression de tous

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