Quels changements constitutionnels découlent de la pensée du général de Gaulle, structure future de la Ve République ?

Au lendemain de la seconde guerre mondiale mettant un terme à la IIIe république, un premier projet constitutionnel est soumis aux français en mai 1946 et rejeté par ces derniers.  Il avait donc fallu élire une autre Assemblée constituante, le 2 juin. Celle-ci était comme la précédente dominée par les membres de la Constitution tripartite (MRP – PCF – SFIO). C’est au moment où les discussions reprennent pour mettre au point un nouveau projet de Constitution que le général de Gaulle, militaire et résistant symbolique de la seconde guerre mondiale à la suite de son appel des français à la résistance et au rejet de l’armistice de Pétain le 18 juin 1940, choisit d’intervenir et d’exposer sa propre pensée constitutionnelle dans un discours qui sera la source de notre étude : le discours de Bayeux, le 16 juin 1946. De plus, le lieu et la date choisis par de Gaulle pour ce discours sont particulièrement symboliques. C’est la première fois qu’il s’adresse aux Français depuis sa démission de la tête du gouvernement, le 20 janvier 1946 du fait de son incapacité à imposer sa conception d’un exécutif fort et d’une séparation plus équilibrée des pouvoirs. Il célèbre pour l’occasion, et dans son uniforme de général, le deuxième anniversaire de la libération de Bayeux, quelques jours après le débarquement de Normandie. C’était également à Bayeux que de Gaulle avait reposé pour la première fois, les pieds sur le sol métropolitain, le 14 juin 1944. C’est dans la même année que la France se libère du régime de Vichy qui a mis un terme au plus long régime de l’histoire constitutionnelle française : la IIIe République, que s’installe le gouvernement provisoire de la République française et que De Gaulle forme un gouvernement dit « d’unanimité nationale ».  Ce gouvernement regroupe toutes les tendances de la résistance : les communistes, la SFIO et les démocrates chrétiens du MRP. Toutefois,  la droite est disqualifiée par le régime de collaboration de Vichy et le parti radical  quant lui est rendu responsable de l’effondrement de la IIIe République. L’action du GPRF ne se limite toutefois pas à une réorganisation des institutions Ce gouvernement provisoire adopte un certain nombre de mesures économiques et sociales telles que le droit de vote pour les femmes et la création de la sécurité sociale.

Le 21 octobre 1945, l’élection de la première Assemblée constituante (1945) amène la victoire des communistes, des socialistes et des démocrates-chrétiens. Le projet constitutionnel est rejeté par les français lors du référendum du 5 main 1945. Le 2 juin 1945, une seconde constituante est élue et prépare un deuxième projet constitutionnel. La Constitution que condamne de Gaulle dans son discours de Bayeux, est finalement adoptée

Ainsi, quels changements constitutionnels découlent de la pensée du général de Gaulle, structure future de la Ve République ?  

Le discours de Bayeux est d’abord centré sur la restauration de l’Etat et de sa souveraineté mais prône aussi et surtout une séparation plus équilibrée des pouvoirs publics.

1. UN DISCOURS FAVORABLE A LA RESTAURATION DE L’ETAT ET DE SA SOUVERAINETE.

Le discours du Général de Gaulle prône un retour de la souveraineté nationale à la fois vis-à-vis des autres pays mais aussi à l’intérieur même du pays.

1. UNE VOLONTE DE PRESERVER LA « LIBERTE SAUVEE » A TRAVERS LA SOUVERAINETE EXTERNE DE L’ETAT

La seconde partie de la seconde guerre mondiale fut marquée par la collaboration de la France avec l’Allemagne nazie, sous le gouvernement de Vichy et du général Pétain contre lequel De Gaulle avait lancé l’appel  aux français de résister. Ce dernier, dans son discours met en avant le fait que ce régime et la situation du pays affecta la souveraineté nationale. Ainsi, il témoigne d’une volonté de retrouver la grandeur de l’Etat et son indépendance puisqu’il parle d’un Etat «  légitime reposant sur l’intérêt et le sentiment de la nation », « « préservé des ingérences de l’Etranger », faisant alors référence au poids que le régime nazi imposait à la France occupée et à sa population et « sauvegardé dans ses droits, sa dignité et son autorité ». La volonté d’un retour à l’indépendance du pays, à sa souveraineté totale vis-à-vis des autres pays est donc très présente dans le discours. De plus, De Gaulle énonce à plusieurs reprises une certaine unité de l’Etat avec les termes « Unité nationale »,  « unité impériale » et « Union française » ce qui témoigne d’une volonté de retrouver une France unie face au monde et aux deux géants aux prémices de la guerre froide. Cette volonté doit notamment passer par la diminution de l’influence des partis politiques.

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