Origine historique du clivage gauche-droite
Dissertation : Origine historique du clivage gauche-droite. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gwen Seghaier • 1 Avril 2019 • Dissertation • 3 442 Mots (14 Pages) • 1 960 Vues
INTRODUCTION
Un clivage est une séparation, une différenciation en deux parties distinctes. Ainsi, le clivage politique entre les pensées de gauche et les pensées de droite fait référence à une opposition idéologique scindant les différentes sensibilités politiques en deux camps bien distincts et identifiés.
Historiquement, l’origine des termes « droite » et « gauche » date de la Révolution française lorsque, le 28 août 1789, l’Assemblée constituante dut statuer sur l’étendue des pouvoirs à laisser au Roi Louis XVI et plus particulièrement sur l’introduction dans la Constitution d’une possibilité de veto royal concernant les propositions législatives votées par l’Assemblée. Spontanément, les partisans d’un pouvoir royal étendu se positionneront à la droite du Président de l’Assemblée – ce côté symbolisant la place honorifique- alors que les adeptes d’un pouvoir royal moindre se placeront à sa gauche.
C’est ainsi que les différents partis politiques adoptèrent par la suite la coutume de se positionner spatialement dans les assemblées en fonction de leurs nuances politiques. Les défenseurs du pouvoir en place se positionnant à droite et ceux en faveur du changement du système à gauche.
L’étude de l’évolution des idées politiques et économiques au cours de l’histoire permet de mieux appréhender les sources du clivage entre politiques de droite et de gauche et d’observer sa mutation. Alors que celui-ci portait essentiellement à l’époque de la Révolution française sur le type de régime à adopter – à savoir une monarchie constitutionnelle ou une république- les raisons de celui-ci ont évolué au fil du temps pour se concentrer essentiellement aujourd’hui sur la promotion de la liberté ou de l’égalité.
Nous étudierons dans un premier temps la genèse des concepts de liberté et d’égalité et leur évolution au cours du temps (I). Nous verrons notamment en quoi ces grands principes peuvent entrer en concurrence. Puis nous étudierons les différences fondamentales entre les pensées politiques de droite et de gauche (II) au travers de la priorité qu’elles donnent respectivement à la liberté ou à l’égalité. Nous verrons que leurs conceptions du rôle que doit avoir l’Etat s’opposent également.
- Les concepts de liberté et d’égalité.
Les principes de liberté et d’égalité apparaissent avec les prémisses de la démocratie antique. La conception de la liberté évoluera au cours du temps pour prendre un véritable tournant à la renaissance (A). Au moment de la Révolution française, l’égalité sera également érigée au rang de droit fondamental mais l’interprétation de son sens diffère selon les auteurs (B). Bien que présentés comme des idéaux vers lesquels tendre, nous verrons pourtant que ces deux principes peuvent être concurrents (C).
- La liberté, de la qualité d’homme libre à une conception plus individualiste.
Durant l’antiquité, la liberté est en premier lieu définit comme le fait d’être libre vis-à-vis du travail, en d’autres termes, le fait de ne pas être esclave.
Puis, avec la naissance de la démocratie athénienne, la liberté va s’entendre comme la participation active à la vie publique et politique. Le respect de la loi apparaît alors comme un devoir plutôt qu’une contrainte, celle-ci étant perçue comme légitime car étant le produit de l’ensemble des citoyens.
Ainsi, la pensée ancienne conçoit comme naturel le fait que la loi contrôle la sphère privée. L’appartenance au groupe est primordiale chez les Anciens et l’intérêt du collectif supérieur à celui du particulier.
Mais la chute de l’Empire romain d’occident en 476 va conduire à la mise en place de régimes monarchiques. L’Eglise chrétienne prend alors le contrôle de la sphère politique.
En 496, Clovis se convertit au christianisme et se fait baptiser. Le pouvoir du Roi est alors conçu comme provenant de la volonté divine et les hommes sont tenus de lui obéir car, s’opposer au monarque de droit divin revient à s’opposer directement à Dieu. La quête de la liberté sera ainsi reléguée au second plan durant un millénaire.
Ce n’est qu’à partir du XIVe siècle que l’idée d’une séparation entre le temporel et le spirituel, notamment incarnée par Dante, Marsile de Padoue et Guillaume d’Occam, va émerger. Le rééquilibrage politique entre ces deux pouvoirs qui suivra, notamment par le biais de la réforme protestante, permettra le passage à l’époque moderne.
Deux facteurs vont permettre l’éclosion de cette pensée. D’une part, le recours à l’Etat comme garant de l’exercice du pouvoir politique va apparaître comme la solution pour pallier au climat d’insécurité qui règne à l’époque. D’autre part, la montée de l’individualisme qui prône l’indépendance et la recherche du bonheur va placer l’individu au centre des préoccupations politiques.
La liberté sera désormais conçue comme la garantie de pouvoir exercer ses droits individuels librement, sans contrainte de l’Etat, la seule limite étant le respect de la liberté d’autrui.
Cette nouvelle conception de la liberté aboutira notamment à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789.
- De l’égalité devant la loi à l’égalité de conditions.
Tout comme la liberté, le principe d’égalité trouve son origine dans l’éclosion de la démocratie grecque. Dès le VIe siècle, Clisthène posera le principe d’isonomie – l’égalité devant la loi- comme l’un des fondements de la démocratie athénienne. Il mettra fin au système aristocratique de l’époque par la mise en place d’un système démocratique nouveau, limitant le pouvoir des grandes familles d’Athènes et permettant la participation potentielle de tous par l’instauration du tirage au sort pour choisir les représentant du peuple.
Le principe d’égalité est alors conçu comme une égalité de droit.
Conscient que malgré cette égalité en droit de tous les hommes, il existe en réalité d’importantes inégalités, Jean-Jacques Rousseau va mener une longue réflexion aboutissant au postulat que, pour lutter contre la nature de l’homme à vouloir satisfaire ses besoins particuliers au détriment de ceux des autres, il faut un garant du bien commun qui peut se faire au moyen d’un contrat social passé entre l’Etat et les citoyens.
Ainsi Jean-Jacques Rousseau a une conception plus large du principe d’égalité qui doit se traduire, selon lui, par une égalité de conditions. Commence alors à émerger l’idée d’une justice sociale.
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