Droit Constitutionnel :Introduction au droit public
Cours : Droit Constitutionnel :Introduction au droit public. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Xalima Dor • 21 Février 2022 • Cours • 7 776 Mots (32 Pages) • 367 Vues
Introduction au droit public
Droit constitutionnel 2
Dr. Abdou Khadre DIOP 1
Introduction au droit public
Dr. Abdou Khadre DIOP
Droit constitutionnel 2
Séquence 1: La séparation des pouvoirs
Section 1 : La théorie de la séparation des pouvoirs
Depuis trois siècles, la séparation des pouvoirs joue un rôle important dans notre imaginaire politique et
juridique. Il est aujourd’hui inconcevable de parler d’Etat, voire d’Etat de droit sans se référer au principe de la
séparation des pouvoirs. C’est en tout cas, ce qui ressort de l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme
et du Citoyen de 1789 selon lequel : « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la
séparation des pouvoirs déterminées, n’a point de Constitution ». De même, la Constitution du Sénégal proclame
son attachement à « la séparation et l’équilibre des pouvoirs conçus et exercés à travers des procédures
démocratiques ». Avant d’étudier la réalité contemporaine de séparation des pouvoirs, il convient d’analyser les
origines théoriques du principe.
A. Origine de la théorie de la séparation des pouvoirs
La séparation des pouvoirs trouve ses expressions empiriques dans l’histoire constitutionnelle britannique, la
révolution américaine et la révolution française. Ces évènements ont montré toute la dangerosité de la
concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme, d’une seule institution. C’est la raison pour laquelle,
la séparation des pouvoirs a toujours été un point consensuel des périodes post-révolution et est analysé comme
une nécessité systémique et structurelle dans la vie d’un Etat. Toutefois, au-delà de la dimension purement
empirique, le principe a fait l’objet d’une expression théorique dont les versions les plus abouties sont celles de
John Locke et Montesquieu.
a. La conception de Locke
Dans son Essai sur le gouvernement civil publié en 1916, John Locke développe l’idée de séparation des
pouvoirs en justification de la seconde révolution anglaise. Selon lui, il convient de distinguer trois pouvoirs
dans l’Etat :
- Le pouvoir législatif qui est le pouvoir suprême. Il est soumis à des limites dérivant des lois naturelles.
- Le pouvoir exécutif qui est subordonné car il exécute la volonté exprimée par le législateur. Mais cela
va plus loin que la simple exécution. Il évoque l’idée de « prérogative ».
- Enfin le pouvoir confédératif qui est relatif au droit de paix et de guerre, au droit de négociation. C’est
ce qui a trait aux relations internationales.
Ainsi, Locke suggère une idée de séparation des pouvoirs. Le législatif doit être séparé de l’exécutif pour éviter
les abus. Le législatif ne doit pas siéger en permanence pour n’être pas tenté de s’immiscer dans la marche de
l’exécutif. Ce qu’il faut quand même remarquer dans la pensée de Locke, c’est essentiellement la suprématie du
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pouvoir législatif et l’absence du pouvoir judiciaire, ce que tentera de corriger Montesquieu.
b. La conception de Montesquieu
Dans une des parties les plus célèbres de l’Esprit des lois publié en 1748, Montesquieu est amené à développer
l’idée de séparation des pouvoirs car il poursuit un but : exposer la situation légale garantissant un ordre
constitutionnel libre. Il constate que les régimes habituels se corrompent très vite. La monarchie se corrompt par
le despotisme, l’aristocratie par l’oligarchie et la démocratie par la démagogie. Aucun de ces régimes en effet
n’est libre par lui-même. Il faut donc trouver un équilibre. A cet effet, il écrit : « Lorsque dans la même personne,
ou dans le même corps, la puissance législative est réunie à la puissance exécutive, il n’y a point de liberté…
Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles ou du peuple exerçaient
les trois pouvoirs. Il faut que par la force des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
Il cherche ainsi à conjuguer les trois formes de gouvernement et à instaurer des contre-pouvoirs et sa théorie
repose fondamentalement sur une division des fonctions qui dans un Etat sont selon lui au nombre de trois :
-Faire la loi
-Appliquer la loi
-Trancher les conflits.
À partir de cette distinction des fonctions, Montesquieu attribue chaque fonction à un organe différent, à un «
pouvoir ». Il passe ainsi d’une distinction des fonctions à une distinction des pouvoirs.
La puissance législative doit émaner du peuple, mais ne doit pas être exercée directement par le peuple.
Montesquieu est favorable à un système bicaméral que la chambre des nobles et celle élue par le peuple
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