Commentaire de texte « La proclamation aux Parisiens », Thiers.
Commentaire de texte : Commentaire de texte « La proclamation aux Parisiens », Thiers.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lito Mito • 19 Novembre 2020 • Commentaire de texte • 2 231 Mots (9 Pages) • 1 857 Vues
« La proclamation aux Parisiens » prononcée le 8 mai 1871 par Adolphe Thiers à cette période, il est chef du gouvernement provisoire français. Il est nommé à cette fonction par une assemblée à majorité royaliste. Il proclame ce discours en s’adressant aux Parisiens qui ne font pas encore partie de la Commune afin d’avoir leurs soutiens dans sa poche et ainsi faciliter la reconquête de la ville. Pour bien comprendre l’enjeu de cette proclamation, il convient d’identifier l’ennemi du gouvernement Thiers à cette époque, à savoir, La Commune de Paris.
La défaite de la Bataille de Sedan marque la défaite de la guerre par l’empire français face à la Prusse. Cependant, le 4 septembre 1870, en apprenant la capitulation de l’Empereur les députés républicains, encore à Paris, décident arbitrairement de prendre le pouvoir. Ils forment alors un gouvernement provisoire de défense nationale. Ce nouveau gouvernement qui forme le début de la 3ième république, celle-ci refuse d’abdiquer face à la Prusse, jugeant les conditions prussiennes inacceptables. La guerre entre les deux belligérants faisant toujours rage, les Allemands continuent d’avancer, le gouvernement se voit alors obligé d’abandonner Paris. Le siège de Paris commence après cette fuite. Ce siège va causer la mort de plus de 60 000 mille parisiens. Les Parisiens vont développer une rancune envers le gouvernement, ils vont se sentir humiliés. En parallèle au siège de Paris la question de la continuation de la guerre est posée aux Français à travers un plébiscite, le non l’emporte. Les responsables français négocient donc la paix avec la Prusse. Adolphe Thiers est donc nommé comme chef du pouvoir exécutif de la république française en attendant qu’il soit statué sur les institutions de la France et il est chargé de négocier la paix. Le 1er mars 1871, le Traité de Francfort est signé par les Français. La guerre prend donc fin. Le 18 mars 1871, Thiers décide de reprendre les armes des Parisiens, qu’ils avaient gardées suite aux sièges. Les Parisiens, ayant développé une rancœur contre ce gouvernement, refusent de rendre les armes. L’opération de désarmement de la ville échoue et on assiste au début de l’insurrection. Au début de la Commune de Paris, très rapidement, le mouvement s’institutionnalise et devient un véritable contre pouvoir. Nous avons d’un côté, les Versaillais, le gouvernement de Thiers alors basé à Versailles et les Communards, mené par les révolutionnaires. Le gouvernement de Thiers réagit et se lance dans une reconquête militaire de la ville à partir du mois d’avril, c’est dans ce contexte, de reconquête, qu’est prononcée cette proclamation.
Cette proclamation nous montre que Thiers veut reprendre le contrôle de la situation en France, il est donc intéresse d’étudier ce commentaire à travers cette question comment Adolphe Thiers, se place-t-il comme seul pouvoir légitime en France, tout en faisant de la Commune un ennemi de la France ?
Pour répondre à cette question il sera nécessaire dans une première partie de voir comment il légitimiste sa fonction et son gouvernement (I) avant d’enchaîner sur une seconde partie qui nous montrera comment Thiers fait de la Commune une maladie la France (II).
I/ Le gouvernement de Thiers, le gouvernement de tous les Français.
Dans la première partie de l’extrait de la proclamation d’Adolphe Thiers, ce dernier met l’accent sur le fait que son gouvernement a été élu légitimement, de plus, il insiste sur les droits qui ont été accordés aux différentes grandes villes de France, ainsi, il rappelle que Paris ne peut disposer d’un statut particulier. De par ces deux éléments Thiers essaie de montrer que son gouvernement est le seul légitime et le seul qui puisse convenir aux français.
- Un gouvernement légitimement élu
« La France, librement consultée par le suffrage universel a élu un gouvernement qui est le seul légal », par ces mots Thiers crédibilise sa place et se place comme étant le seul pouvoir légitime en France. En effet, suite aux élections législatives de février 1871, les Français constituent une assemblée de 675 élus qui s’installent à Bordeaux. Cette assemblée nomme Thiers comme le chef de l’exécutif, il est notamment chargé de négocier la paix avec la Prusse. Le 8 mai 1871, Thiers est alors chef de l’exécutif, il a signé la paix avec l’ennemi et est l’homme fort du pays. C’est à lui que revient la responsabilité de mener la paix vers une reconstruction et de faire cesser la rébellion parisienne. De fait, dans sa proclamation, il rappelle que seul lui est légalement à la tête du pays. La précision « légal» montre qu’il n’a en aucun cas été élu par les députés républicains qui ont profité de la défaite pour prendre le pouvoir. Il se distingue alors de ces députés et donc de leur abandon de Paris. Les putschistes, si on peut les qualifier ainsi, ayant effectivement fui Paris lorsque celle-ci était sous le point d’être assiégé par les Prussiens. En se distinguant, donc, de ces députés et en instant sur le fait que sa place a été choisie par les urnes, Thiers, espère faire entendre raison aux Parisiens voire de même de rentrer dans leurs cœurs. Il veut essayer de faire comprendre qu’il n’a pas l’intention de punir les Parisiens et que la loi est identique pour tous les Français.
Thiers se pose donc comme étant le dirigeant élu par tous les Français pour tous les français. C’est d’ailleurs cette idée qu’il va développer dans un deuxième temps dans son discours, en insistant sur le fait que Paris et les parisiens sont les égaux des autres citoyens français.
- Les Français tous égaux devant l’exécutif.
« Vous ne pouvez demander plus de droits que n’en ont toutes les autres villes du territoire », ici, Thiers dit, si ce n’est imposé, aux Parisiens de respecter l’état de droit. En effet, les Communards disposent encore à cette époque des canons et armes qu’ils avaient utilisés contre les Prussiens, durant le siège de Paris. Ces armes, ils refusent de les rendre à l’armée. C’est, d’ailleurs, la question de la restitution de ces armes qui fût un des éléments déclencheurs des affrontements. En comparant, Paris aux villes de province, Thiers intègre Paris à la France et donc aux lois de la France et, de fait, caractérise les élus Communards du 26 mars 1871 comme des imposteurs. Les Communards, ont mis en place leurs propres lois : les loyers sont gratuits, les écoles sont obligatoires et laïques, les ateliers de production sont réquisitionnés, … En somme, les Communards ne respectent pas la loi et l’ordre français et ils préfèrent avancer en ignorant les lois en vigueur dans le reste du pays.. Il est important de noter que Paris, n’est plus la capitale de la France, le gouvernement étant désormais installé à Versailles. Les Communards profitent de la situation pour crée une sorte d’Etat dans l’Etat. Pour Thiers, les Parisiens sont des égoïstes, alors que la France se relève à peine de la guerre contre la Prusse, les parisiens font un caprice et demandent des choses qui vont à l’encontre même de la Constitution. Alors que la province se plie en quatre pour soutenir l’intérêt général, les intérêts de la France, Paris fait de la résistance, Paris réclame des choses impossibles à mettre en place pour le moment, Paris rentre en guerre contre le gouvernement provisoire français. La France est un homme malade que la province essaie de se faire redresser le plus vite possible et les parisiens, de par leur demande insensée et leur résistance armée, ils sont un poids qui ralentit et humilie le pays. Thiers finit ce passage en rappelant que Paris est une ville et donc ne peut avoir sa propre armée et ses propres lois, de plus, cela sous entend que Paris doit obéir au gouvernement légitiment élu, le gouvernement de droit.
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