En quoi la nation est-elle le résultat d’une construction ?
Dissertation : En quoi la nation est-elle le résultat d’une construction ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clemencesauve • 15 Mars 2022 • Dissertation • 396 Mots (2 Pages) • 369 Vues
En quoi la nation est-elle le résultat d’une construction ?
1) La nation est une construction subjective (avec les modernistes la nation n’est plus appréhendée comme une entité réifiée dont les caractéristiques substantielles seraient objectivement identifiables) mais « imaginaire » (Anderson, 1983) qui consiste à définir et à faire assimiler par la population les caractères distinctifs de la communauté nationale (exemple: fabrication des langues nationales) à savoir ceux qui permettent de justifier et fixer les limites humaines et territoriales du groupe.
Dans la nation française, qui fit face à moult embuches et disparités, c’est par la volonté de l’État qu’a démarré le processus historique de construction, maintenu des empires aux républiques... après des sentiments ethniquement diffus (comme ce fut aussi le cas du Mexique de 1821 et en Amérique Latine plus généralement) catalysant les tendances nationalitaires souvent discordants, qui a durci enfin, autant que faire se peut, le noyau de la nébuleuse nationale.
Le fait que les nations naissent par vagues laisse penser que leur dynamique de construction est double, l'une externe car liée aux actions de pouvoirs politiques étrangers à la nation en construction, ou interne car liée aux forces nationalitaires.
2) Et une construction d’objectivation de l’identité nationale, qui consiste ensuite à faire advenir concrètement la communauté de caractères ainsi définis, et assurer le bien-fondé de la croyance partagée en l’existence objective de la nation ; inventer des traditions légitimatrices, trouver des raisons de vivre ensemble et définir un projet avenir commun...
C’est une recette de pratiques communes qui va émerger, un système Ikea (Thiesse, 1999) qui va être utilisé aussi bien en Europe qu’en Amérique, à des périodes différentes, et s’appliquera de manière spécifique à chaque nation (une chilenidad différente d’une argentinidad).
3) On de retrouve face à un paradoxe original : les nations modernes revendiquent généralement d’être à l’opposé de la nouveauté ou de la construction. Continuité ou non, historiques ou autres, inscrites dans le concept moderne de France et de Français, ils comportent néanmoins un élément « construit » (« l’histoire nationale » : discours adapté de manière convenable) ou « inventé » (des symboles comme celui du gaucho en Argentine). Beaucoup de ce qui fait subjectivement la nation moderne consiste en de telles constructions. De plus, les constructions sont tributaires de circulations internationales et se modulent selon les contextes de réception.
Finalement, « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours » (Ernst Renan, 1882)
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