Commentaire de texte sur la fondation de Cluny en 910
Commentaire de texte : Commentaire de texte sur la fondation de Cluny en 910. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Olivier Brunet • 20 Septembre 2017 • Commentaire de texte • 2 325 Mots (10 Pages) • 3 113 Vues
« Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu possèdes, donne le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens et suis-moi ». (Matthieu, Evangile, chapitre 19, verset 21). Le christianisme d’origine, si l’on suit les préceptes de Matthieu dans son évangile, nous est présenté comme étant une attitude matérielle et morale à avoir et non pas une vie en dehors du siècle. A partir du 4ème siècle, les interprétations de ces évangiles commencent à inciter de nombreuses personnes à se construire un idéal de vie tourné vers la recherche du salut : c’est la naissance de ce que l’on appelle le monachisme, qui connait par la suite un très grand essor.
L’une des règles les plus importantes du monachisme est la règle de Saint Benoît, rédigée par Saint Benoît de Nursie entre 530 et 556 et qui détaille la vie monastique, c’est-à-dire les liturgies, le travail, la détente, en bref le rythme de la vie des moines. Ensuite, sous le règne de Louis le Pieux, Saint Benoit d’Aniane réforme cette règle en y ajoutant des détails, en permettant notamment aux moines d’élire eux-mêmes l’abbé qui aura la charge de diriger l’abbaye, mais qui permet aussi aux moines d’avoir une journée moins rude. C’est dans le contexte de cette réforme de Saint Benoît d’Aniane que Guillaume Ier fonde son abbaye de Cluny en 909 (ou 910 selon les textes), et dont nous avons fêté les 1100 ans en 2010. Ce texte, qui matérialise la charte de fondation est en fait un document juridique à valeur privée qui implique une donation ou une concession de biens ou de droits.
L’auteur de cette charte est Guillaume Ier, duc d’Aquitaine, né vers 880 dans une grande famille aristocratique. Etant le petit-fils de Bernard de Septimanie et le fils de Bernard de Plantevue, il reçoit à la mort de son père un énorme domaine terrien constitué de l’Auvergne, du Velay, du Gévaudan, du Limousin, du Berry et du Mâconnais. Cherchant à augmenter son niveau de fidélité de la part des ecclésiastiques, il fonde de nombreuses abbayes, ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom de Guillaume « Le Pieux ».
La fondation de cette abbaye s’inscrit dans un contexte tourmenté puisqu’après la mort de Charles le Gros en 888, l’Empire Carolingien se délite du fait des incursions vikings. Ainsi, le pouvoir sur certaines terres est donné aux grands aristocrates locaux : l’Eglise se retrouve alors dans une situation difficile car ces aristocrates se mettent à vendre des charges ecclésiastiques. Néanmoins, le 10ème siècle marque aussi l’émergence de grandes abbayes comme l’abbaye de Cluny, qui devient l’un de grands foyers réformateur du monachisme bénédictin.
Nous pouvons alors nous demander : comment cette charte de fondation institue-t-elle les grands principes clunisiens ? Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que cette donation est une donation aux apôtres, puis dans une seconde partie nous nous intéresserons aux bases de l’organisation de l’abbaye et enfin dans une troisième partie, nous verrons les motifs de la donation de Cluny par Guillaume le Pieux.
I- Une donation à l’Eglise
A- La « villa de Cluny »
Tout d’abord, je vais commencer par donner la définition d’une villa. Une villa pour l’époque carolingienne, est comme on la désignait dans l’antiquité, une grande structure foncière bipartite, dont une partie est pour les esclaves et l’autre partie est pour les tenures, dont les exploitants sont obligés de collaborer avec les habitants de la première structure. Une villa, à l’époque carolingienne peut varier d’une taille de cent à quelques milliers d’hectares, recouvrant souvent quelques villages. Ces villas ont pris une part très importante dans la vie carolingienne du fait des grands bouleversements économiques. La partie la plus importante de la villa est le domaine qui est géré directement par un seigneur qu’il soit laïc ou ecclésiastique.
Comme nous le dit le texte : « le domaine de Cluny, qui m’appartient en propre, avec sa cour et sa réserve, ainsi que la chapelle établie en l’honneur de Marie, sainte mère de Dieu […] avec toutes leur dépendance, domaines chapelle, esclaves des deux sexes, vignes, champs, prés, bois, eaux et rivières, moulins, chemins, cultures et friches, en totalité » : La donation de Cluny par Guillaume Ier est une donation d’un très grand domaine. Les biens que cèdent Guillaume lui viennent de sa sœur Avane. C’est un vaste domaine qui est situé dans le Mâconnais sur la rivière que l’on appelle la Grosne. Toute cette villa comporte de nombreux domaines fonciers, dont des églises et des chapelles, il offre aussi toute la cour de Cluny au monastère. On peut alors voir que les deux côté sont organisés comme dans la définition que j’ai donné précédemment : d’un côté, le domaine appartient au maître et devient alors une sorte de centre administratif, alors que de l’autre côté, c’est un domaine foncier entretenu par les paysans de Guillaume. Par conséquent, on peut donc dire que cette donation évite aux moines de devoir défricher le terrain pour construire l’abbaye puisque le terrain offert est déjà entretenu : il confie donc aux moines une terre où la construction peut commencer immédiatement.
B- La donation aux apôtres et la protection du Pape
« Que soit construit à Cluny, en l’honneur des saints apôtres Pierre et Paul, un monastère régulier ». Guillaume Le Pieux offre alors un énorme domaine à l’Eglise, mais plus précisément aux apôtres Pierre et Paul. On a une signification assez forte car St Pierre est celui que l’on désigne habituellement le prédécesseur de tous les Papes, ce qui remet une fois de plus l’abbaye sous la protection du Pape. L’idée pour Guillaume Le Pieux de faire une donation aux apôtres Pierre et Paul est très important car ce sont certains des personnages les plus importants de la chrétienté.
Guillaume Le Pieux, au lieu de placer l’abbaye sous sa propre autorité décide de la placer sous l’autorité du Pape, ce qui a aussi une certaine signification puisque cela permet d’exempter l’abbaye du pouvoir temporel. De plus, l’abbaye est exempte de toute forme de justice épiscopale autre que celle du Pape. Avec cette exemption, l’abbaye obtint alors une autonomie politique énorme, ce qui lui permit d’élire les abbés par elle-même mais aussi d’éviter que les pouvoirs ecclésiastiques se mêlent des affaires de l’abbaye. Pour terminer, cette autonomie religieuse a permis à l’abbaye d’enclencher sa réforme du monachisme, avec la mise en place de l’ordre clunisien par l’abbé Bernon.
II- Les
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