Le travail des enfants dans le nord (1837) - Commentaire de texte
Commentaire de texte : Le travail des enfants dans le nord (1837) - Commentaire de texte. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pauline marti-pimor • 19 Avril 2021 • Commentaire de texte • 3 528 Mots (15 Pages) • 472 Vues
LE TRAVAIL DES ENFANTS DANS LE NORD (1837)
« Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre, qui produit de l’argent en créant de la misère, qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil » - Victor Hugo
En effet, en 1837, nous sommes en plein dans la première aire d’industrialisation. Il faut rappeler que la Révolution industrielle est apparue en Angleterre vers le début du XVIIIe siècle, et a eut pour conséquence une mutation capitaliste et industrielle qui supplante la civilisation rurale et féodale dans toute l’Europe. La France n’est pas une exception et à l’aube du XIXe siècle, elle s’ouvre à l’ère du « machinisme », c’est à dire l’emploi généralisé des machines en remplacement de la main-d'œuvre dans l'agriculture, dans l’industrie. Ce qui cause une explosion démographique des villes. C’est ainsi qu’apparait de nouvelles classes sociales lesquelles s'affronteront bientôt dans des luttes qui déboucheront, bien plus tard, à des régimes de sécurité sociale de plus en plus remis en question de nos jours.
Par ailleurs, l’enfant prend de la valeur. Il n'est plus seulement une bouche inutile, puisqu’il devient une force de travail supplémentaire que l'industrie peut employer, parfois dès l'âge de 4 ans, seize heures par jour. L’industrie de textile est le secteur qui emploie le plus d’enfants. Du fait de leur petite taille, de leur souplesse et de leur agilité, les enfants constituent une main d'oeuvre très prisée car ils peuvent s'introduire sous des machines complexes et très souvent dangereuses pour y effectuer divers travaux d'entretien. De même, ils sont employés dans les mines où ils peuvent se tenir debout dans les galeries les plus basses pour y pousser les chariots. Des aptitudes donc que que les adultes n’ont pas. Le travail des enfants, comme celui des femmes d’ailleurs, présente 3 avantages pour le patronat de l’industrie. Le premier étant qu’il permet de faire pression à la baisse sur les salaires des ouvriers adultes masculins. Il permet également de livrer la famille entière au travail ouvrier, ce qui accélère la rupture avec le monde rural traditionnel. Enfin, il fournit une main-d’œuvre plus abondante, permettant d’utiliser les machines à plein rendement. Cependant, le travail est très dur, il existe de nombreux abus infligés par les employeurs. Par exemple, ils sont fouettés lorsque la cadence de production se met à baisser. De plus, les conditions sanitaires sont déplorables car les enfants sont touchés par des maladies comme la tuberculose à cause des conditions de travail (humidité, poussière etc.) et ils n’ont souvent pas beaucoup accès à l’école car cela constituerait une baisse du temps de travail et donc une baisse de revenus pour la famille.
C’est dans ce contexte qu’intervient notre document. Il s’agit d’un rapport, autrement dit d’un compte-rendu sur une question, souvent de caractère officiel, rédigé par la chambre de commerce de Lille. Ici, c’est la Société industrielle de Mulhouse, chargée de la recherche, du développement et de la promotion de l’industrie, qui a été interpellée sur la nécessité de légiférer un cadre juridique au travail des enfants dans les manufactures, suite au lancement, le 31 juillet 1837, d’une enquête nationale auprès des chambres de commerce, des chambres consultatives et des conseils de prudhommes par le ministre du Commerce, Martin du Nord. Les chambres du commerce regroupent des industriels et ont pour but de défendre les intérêts des industries.
Ce texte a pour but d’apporter un constat sur le travail des enfants dans les manufactures et d’y apporter des réponses afin de le réguler. D’autant plus, qu’en Angleterre, une législation a été mise en oeuvre en 1833 interdisant l’emploi d’enfants avant 9ans. La France se questionne sur la nécessité de prendre exemple sur eux et s’il faut apporter d’autres mesures comme une loi limitant la durée du travail des enfants employés dans les fabriques, l’interdiction le travail de nuit et une instruction quotidienne de deux heures obligatoires etc.
Nous nous demanderons comment sont utilisés les enfants à cette période et quelles sont solutions sont mises en avant par la chambre du commerce de Lille.
Dans un premier temps, nous nous intéresserons au constat qui est dressé puis nous étudierons les propositions de législation du travail des enfants.
I- Constat sur l’emploi des enfants dans le Nord
Cette première partie de réponse de l’enquête nationale datant du 31 juillet 1837, dresse un constat sur l’importance des jeunes ouvriers dans les industries.
- Les conditions de travail des enfants dans les manufactures.
Les enfants sont de plus en plus nombreux dans les manufactures. Leur place représente une grande partie de la main-d'œuvre industrielle. Le secteur qui emploie le plus est celui du textile. D’ailleurs, notre texte s’intéresse davantage aux jeunes ouvriers dans les usines de filatures puisque c’est là qu’ils sont en majorité (“Dans les fabriques qui occupent de jeunes ouvriers, notamment les filatures de coton, de laine et de lin, ainsi que les ateliers où on retord le fil de lin, on reçoit d’ordinaire les enfants à l’âge de huit à dix ans”). L’échantillonnage est donc plus important et permet de dresser un constat plus général. Un certain nombre d’informations concernant le travail des enfants sont rapportées ici. Tout d’abord, les enfants ont principalement le rôle de retordage (« Dans les filatures ou ateliers de retordage pour le fil de lin, qui occupent à Lille un grand nombre d’ouvriers, on n’emploie jusqu’ici que des hommes ou des jeunes garçons »). Les enfants sont donc recherchés pour leur agilité et leur petite taille : ils peuvent se faufiler partout. De plus, ils ont un double intérêt économique. Le premier étant le fait qu’ils sont complémentaires au travail des parents. Ils font d’ailleurs des tâches similaires et rudes, travaillant souvent à leurs côtés (cf L6 et L7 “Ceux-ci accompagnent leurs parents et rendent de faibles services en dehors des travaux ordinaires”). Ils sont employés pour des petites tâches permettant de faire tourner les machines à plein rendement ( “pour des travaux qui demandent moins de force que d’adresse”). Le second étant le fait qu’ils n’ont que de faibles salaires (cf - le rapport avec toutes les grilles salariales pour les enfants). Ils sont payés à moindre coût (“La substitution des enfants aux adultes procure aux fabricants une économie notoire, en raison de l’infériorité du salaire exigé par les premiers”). On estime par ailleurs que les enfants, en France, dans l’industrie textile en 1840, gagne 0,7 F comparé à un homme qui lui gagne en moyenne 2 F, et une femme 1 F. Bien que le salaire des enfants ouvriers soit bas, leur charge de travail n’en est pas diminuée comparé à celles des adultes. Les horaires des enfants serait assez conséquents pour “ le travail journalier est de 14 à 15 heures, sur lesquelles les ouvriers de tout âge prennent environ une heure et demie pour leurs repas” ligne 17 et 18. On ne distingue pas l’ouvrier enfant de l’ouvrier adulte. Tous d’eux ont les mêmes horaires. Enfin, les enfants représentent un enjeu pour les patrons mais aussi pour les familles qui souhaitent un complément de salaire. Ainsi, l’industriel réalise un gain car en embauchant toute une famille, il n’est pas dans l’obligation d’augmenter le salaire des enfants car les aînés ont l’impression de gagner plus vu que tous ses membres travaillent. C’est une sorte de leurre (« l’amélioration qu’éprouve la condition des aînés par le gain des plus jeunes, contribue à dispenser le fabricant d’élever aussi haut le taux général de la main d’oeuvre »).
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