Commentaire de texte Français
Commentaire de texte : Commentaire de texte Français. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Vestaaaa • 20 Novembre 2018 • Commentaire de texte • 1 184 Mots (5 Pages) • 606 Vues
1. Montrer en quoi ces trois textes formulent une critique commune de l'Homme.
- Les états et empires du soleil de Cyrano de Bergerac, 1662
- Supplément au voyage de Bougainville, Denis Diderot, 1796
- La controverse de Valladolid, Jean-Claude Carrière 1992
Les trois textes du corpus sont des extraits de romans mettant en scène l'altérité. On y trouve un passage de l'œuvre de science-fiction Les états et empires du soleil de Cyrano de Bergerac, datant de 1662, un extrait du Supplément au voyage de Bougainville sous la plume de Denis Diderot paru en 1796 et un extrait de La controverse de Valladolid écrit par Jean-Claude Carrière en 1992. Nous verrons que ces trois auteurs formulent ici une critique commune de l'Homme à travers la rencontre avec l'Autre.
En effet, ces trois textes traduisent la même volonté de se questionner sur le rapport à autrui et de débattre sur une question fondamentale : celle de l'homme. Ainsi, dans Les états et empires du soleil, Cyrano de Bergerac nous invite à adopter un regard critique sur l'espèce humaine : par le biais d'une situation plutôt cocasse – une perdrix porte plainte contre un chasseur qui l'a blessée avec une balle – l'auteur dissimule une satire de l'Homme. Effectivement, lors du plaidoyer prononcé au Parlement des oiseaux, le chasseur, accusé d'être un homme, est l'occasion de toutes les critiques : tour à tour comparé à un «fou», à un «sot», à un «vilain» et même à un «galeux», il est pointé du doigt comme l'ennemi de la société car il «semble n'être né que pour la rompre». Selon les oiseaux, les hommes ne respectent pas l'égalité et prétendent être supérieurs alors qu'ils «sont au contraire si enclins à la servitude» qu' «ils se vendent les uns aux autres leur liberté». Cette contradiction est vivement soulignée dans le texte dans lequel on retrouve aussi une critique du fanatisme et de l'obscurantisme : les prières sont comparées ironiquement à des «paroles magiques» et la religion est considérée comme un obstacle à la liberté («comme s'ils appréhendaient que la liberté ne leur vînt de quelque endroit non attedu, ils se forgent des dieux de toutes parts»).
Le texte de Denis Diderot illustre également le thème de la rencontre avec l'étranger : un viel homme tahitien s'adresse à son peuple pour les prévenir de l'arrivée des colons français. Le discours du vieillard fournit alors l'occasion à l'auteur d'exposer sa vision de la condition humaine. Les occidentaux, hommes modernes, sont qualifiés de «méchants» et d'«ambitieux» car ils sont prêts à s'en prendre à des «innocents» pour s'emparer d'un pays («Ce pays est à nous»). Leur supériorité est contestée : ils n'ont pas le droit de voler la liberté des autres (« Tu n'es ni un dieu, ni un démon. Qui es-tu donc pour faire des esclaves ? ») car tous les hommes sont égaux (« Quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ?). Denis Diderot confronte également les mœurs des deux peuples et met ainsi en concurrence le thème de la culture avec celui de la nature : les français sont considérés comme des hommes «corrompus» car ils ne suivent pas «le pur instinct de la nature». L'ethnocentrisme est critiqué : « Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? ».
C'est dans cette même perspective qu'est abordée la thématique de l'Autre dans le texte de Jean-Claude Carrière, considérée sous l'angle d'une question : les Indiens sont-ils moins hommes parce qu'ils ne partagent pas le mode de vie européen ? ». Cette question est débatue au cours d'un dialogue entre le philosophe Sepúlveda, défendant l'esclavage, et le cardinal Las Casas, revendiquant les droits des indigènes. Le premier défend son idée en faisant appel à l'ignorance de ce peuple : « Ils ignorent l'usage du métal, des armes à feu et de la roue » tandis que le second prend le contre-pied des préjugés selon lesquels les Indiens sont des sauvages et réfute la supériorité de la culture sur l'état de nature en remettant même en cause les valeurs européennes : « Parce qu'ils n'adorent pas l'or et l'argent au point de leur sacrifier corps et âmes, est-ce une raison pour les traiter de bêtes ? N'est-ce pas plutôt le contraire ? ». L'auteur dénonce donc le fait de surestimer les normes et usages de son pays et invite ses lecteurs à renouveler le regard sur la différence.
Pour conclure, nous avons vu que les trois textes de ce corpus mettent en évidence la réflexion sur l'Autre et émettent ainsi une critique commune de l'Homme et de ses mœurs.
2. Quelles sont les stratégies argumentatives mises en place par ces auteurs ?
Pour appuyer cette critique de l'Homme, les auteurs de ce corpus mettent en place plusieurs stratégies argumentatives.
Nous pouvons d'abord remarquer que dans les trois textes l'objet de la critique (le chasseur dans Les états et empires du soleil, les colons français dans le Supplément au voyage de Bougainville et les indigènes dans La Controverse de Valladolid) est absent. Les personnages présents sont placés comme des juges à travers lesquels l'auteur accumule les charges sans que l'Autre ne puisse se défendre.
Les auteurs entendent également convaincre le lecteur par le biais d'une démonstration ferme. En effet, l'organisation rhétorique des textes est rigoureuse. Par exemple, dans le texte de Cyrano de Bergerac, le locuteur commence par exposer les faits (« Le nœud de l'affaire consiste à savoir si cet animal est homme et puis en cas que nous avérions qu'il le soit, si pour cela il mérite la mort ») avant dans une première partie de montrer que le chasseur est bien un homme (« par conséquent celui-ci est homme ») et dans une seconde de montrer qu'il mérite la mort (« il mérite que la nature se repente de son ouvrage »). L'auteur adopte donc une démarche déductive : il expose sa thèse, puis en démontre la validité.
La critique de l'Homme est aussi soutenue par le registre polémique. Ce registre est assuré par la virulence lexicale et l'ironie : Diderot utilise, notamment pour blâmer la culture, des expressions très vives telles que «extravagances», «vices», «corrompus » et «vils» tandis que Cyrano de Bergerac tourne en dérision les pratiques religieuses «il se relève après aussi gai qu'auparavant». La remise en cause des valeurs européennes par Jean-Claude Carrière (« Parce qu'ils n'adorent pas l'or et l'argent au point de leur sacrifier corps et âmes, est-ce une raison pour les traiter de bêtes » N'est-ce pas plutôt le contraire ? ») est également un aspect propre au registre polémique.
Les auteurs de ce corpus ont donc eu recours à plusieurs techniques argumentatives pour servir leur propos.
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