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Commentaire de texte: Le retour au désert, Koltès

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Par   •  19 Septembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 155 Mots (9 Pages)  •  2 403 Vues

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                                        Commentaire de texte ; Le retour au désert         

              Le théâtre est un lieu fréquent où l’on peut trouver des conflits. Que ce soit des conflits personnels, des conflits familiaux, et bien d’autres. Koltès a ici utilisé le conflit pour rendre compte du conflit qui peut aussi exister et que bon nombre de personne a déjà vu ou ressenti.

Cette œuvre Le Retour au désert est la scène d’un affrontement familial entre un frère et une sœur Adrien et Mathilde. Cette œuvre se déroule dans l’est de la France où habite Adrien. En revanche,  la date de l’écriture 1988 nous projette directement dans l’après guerre d’Algérie qui est un élément essentiel de cette pièce puisque Mathilde a habité en Algérie et revient voir son frère pour revenir habiter dans la maison familiale. Leur principal sujet de discorde est donc : l’héritage.

La scène sur laquelle nous allons nous pencher est la scène I, 2 au début de la pièce. Cette scène peut soulever des questionnements comme : de quelle manière Koltès nous décrit-il cette scène de retrouvaille entre frère et sœur ? Tout d’abord nous mettrons en relief le contexte particulier de cette œuvre, puis nous analyserons l’apparition des souvenirs tout au long du texte et enfin finir sur cette relation fraternelle complexe.

         

          Il est indiqué que cette scène est la retrouvaille entre Adrien et Mathilde dans l’est de la France. Mais Mathilde vient d’Algérie. Dans cet extrait le nom propre Algérie est évoquée à plusieurs reprises mais pas à chaque fois de manières positives. Il est utilisé une première fois : (l.13) « pour retourner en Algérie », Adrien évoque donc le fait qu’elle vient d’Algérie et le préfixe « -re » dénonce la vrai envie d’Adrien pour qu’elle retourne là-bas. Mais il est inscrit aussi plus tard dans le texte : (l.25) « le soleil brûlant de l’Algérie » ce groupe prépositionnel a une connotation assez négative mais c’est aussi un préjugé comme quoi en Algérie il fait seulement chaud et il n’y a que du soleil.

        La date a aussi de l’importance puisque 1988 correspond à la fin de la guerre d’Algérie qui a été une guerre causant de nombreux problèmes à la fois là-bas et en France. Il y a des références à cette guerre tout au long du texte, comme à la l.11,12,17 ou le nom « guerre » est répété quatre fois ce qui montre le caractère omniprésent de la guerre à cette période là. Le nom « sécurité » (l.14) fait encore une fois références à cette guerre mais ici Adrien exprime le fait qu’elle ne peut être à l’abri nul-part sauf dans cette maison qui est comme une vrai muraille et que rien de peut l’atteindre.  Cette guerre terrifie Mathilde même si elle ne l’exprime pas oralement avec l’utilisation du pronom « la » (l.18) qui sous entend la guerre.

        Ce contexte particulier en Algérie pousse Mathilde à revenir à ses origines pour probablement retrouver un peu de familiarité et de souvenirs de son frère Adrien et de son enfance.

        Lorsqu’elle arrive, Adrien évoque la ville où il habite comme une « bonne ville » (l.1,18,23), ce groupe nominal peut s’interpréter de différentes manières car dans le temps une « bonne ville » est dans la France de l’ancien régime  une ville bénéficiant de privilèges et de protections octroyées par le roi de France ce que nous pourrions traduire ici comme une ville protégée de tout. Ou alors comme avec l’expression « bonne vieille ville » qui se traduit par une ville que nous connaissons par cœur ce qui est le plus probable ici. Mathilde est donc revenue dans cette maison familiale remplie de souvenirs mais Adrien n’est pas tout à fait d’accord avec ceci. Il apparait donc la première discorde du texte car Adrien dit : « le cours temps de ton séjour » (l.4-5) qui est opposé à la parole de Mathilde : « le très long temps que je compte passer ici » (l.7-8), le mot « séjour » est connoté à un voyage de courte de durée et non a une sédentarisation que veut Mathilde dans cette maison qu’elle aborde dans le texte avec l’adverbe « ici ». Là où son ses « racines » (l.12), c’est une parole d’Adrien où il figure le nom : « maison »et « racines » (l.12). Nous associons donc la maison à son enfance, ses souvenirs qu’il partage avec sa sœur. Cette maison a aussi un rôle de protection pour Adrien, puisqu’il : « la sécurité de cette maison », nous pouvons l’interpréter donc comme le cocon familial que rien ne peut atteindre même pas cette guerre qui fait rage. Mathilde joue aussi sur les mots avec son frère, elle le taquine pour attirer son attention et le mettre sur les nerfs : « Mes racines ? Quelles racines ? »(l.15), Mathilde feint de ne pas comprendre ce qu’il dit, elle le prend pour un idiot. Surtout avec la suite de la proposition qui comprend une comparaison sur les légumes (l.15). Cette relation fraternelle entre les deux est encore une fois palpable sur la maison. Celle-ci devrait être celle de Mathilde comme elle le répète si bien tout le long du texte : « je la possède »(l.32), cependant c’est Adrien qui s’en est occupée pendant son absence : « je m’en occupe bien »(l.27). Cette tension autour de la maison qui à une valeur symbolique pour les deux est due à leur enfance, ils y ont vécu et veulent donc l’avoir pour eux.

         Le retour dans cette maison a aussi fait émerger de nombreux souvenirs enfouis sur son enfance qui réapparaissent et qu’elle partage avec son frère. Cette référence à son passé est présente au milieu du texte (l.18-23). L’expression « vieux comptes à régler » (l.19) nous plonge directement dans le passé où de nombreuses choses se sont passées. A la fin de la seconde guerre mondiale Mathilde s’était fait raser la tête par les amis d’Adrien qui l’accusait d’avoir pactisé avec l’ennemi. Elle revient donc sur cet événement qui a du la marquer puisqu’elle y concède 5 lignes. L’adverbe « longtemps » (l.19) ramène une temporalité encore plus présente. Cet adverbe est suivi d’une proposition : « à venir régler ici ces quelques comptes »(l.19), le sous-entendu est bien clair que les quelques comptes ramènent aux personnes qui lui ont causées du tort quinze années auparavant. Mais nous pouvons aussi traduire ceci par le fait qu’elle soit revenue en partie que pour régler ces choses-là. Elle exprime aussi les malheurs qu’elle a vécue : « trop de malheurs »(l.20), « sans malheurs »(l.21), une parallèle entre ces deux segments de phrases la complexité de sa vie ou de son enfance. Les malheurs font donc parti intégrante de sa vie puisqu’ils sont évoqués à deux reprises mais de manière totalement contradictoire. L’évocation des souvenirs qui perdure tout le long du texte mais : (l.21) le mot « souvenirs » est dit explicitement alors que précédemment cela était plus sous-entendu. Après ceci une énumération arrive : « les souvenirs, et la rancune et le visage de mes ennemis »(l.21-22) ce procédé met en relief de nombreuses choses sur la vie de Mathilde, c’est une femme qui a du beaucoup souffrir dans sa vie et surtout dans son enfance pour se remémorer des choses tels que la rancune ou l’évocation de ses ennemis. Mais qui sont ses ennemis et pour qui éprouve-t-elle cette rancune ? Pour son frère peut-être, en réalité ce sont pour les amis de son frère qui lui ont causées du tort pendant son enfance.

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