Soin Relationnel avec Mme V lors du deuil de son fils unique le jour après son entrée à l’institution.

SITUATION N°2

        Situation : Soin Relationnel avec Mme V lors du deuil de son fils unique le jour après son entrée à l’institution.

        Mme V est en chambre double. En poste ce matin je me rends dans sa chambre pour effectuer un soin à l’autre dame avec qui elle partage sa chambre. Mme B n’est pas présente dans sa chambre car elle a été emmenée au lieu de vie. Avant de repartir, je demande à Mme V, seule, si elle a besoin de quelque chose avant que je ne prenne congé. Elle m’indique qu’elle n’a besoin de rien mais je la sens triste.

Je lui demande alors si je peux m’assoir un petit moment pour discuter avec elle dans le but de faire un point sur son moral du jour. Elle accepte et m’indique qu’elle se sent vraiment mal à la suite du décès de son fils et qu’elle n’a pas voulu assister à l’enterrement. A ce jour, elle n’a même pas pu se rendre sur la tombe de son fils. Je sens que l’émotion est grande pour elle et alors que les larmes lui viennent, elle s’excuse de pleurer et dit qu’on ne doit pas montrer ses émotions.

Lors des transmissions, le cas de Mme V a été abordé et le médecin coordinateur a bien précisé que Mme V avait subi plusieurs décès durant sa vie (son époux, son conjoint) et qu’elle ne montrait pas sa peine car elle dit « on ne pleure pas en public ».

J’ai pris le temps d’écouter sa peine pendant plusieurs minutes, elle me dit que c’était à elle de partir avant son fils. Que ce n’était pas normal et logique. Après avoir parlé quelques minutes de son fils, Mme V se tait et me prend la main avec les larmes aux yeux. Je n’ai rein dis et suis restée à ses côtés. Après un petit moment, une AS est entrée dans la chambre pour conduire Mme V en salle à manger pour déjeuner.

        Analyse :

        Mme V a subit un double deuil. Deuil de son fils et le deuil de son environnement. Selon E.Kubler Ross, le deuil comporte 6 étapes, il s’agit d’un processus non linéaire.

J’ai été très surprise par le geste de Mme V qui m’a prise spontanément la main et qui a pleuré contrairement à ce que j’avais entendu lors des transmissions de personnes qui connaissaient mieux cette résidente et son histoire de vie.

Ce qui m’a mis mal à l’aise, c’est que je n’ai pas su quoi dire à cette dame dans un moment de vie aussi douloureux. Les mots m’ont manqué et même aujourd’hui, je me dis que tout ce que j’aurais pu dire aurait été une banalité sans intérêt pour elle.

        Cela m’amène à me poser des questions sur la portée des gestes que l’on peut échanger avec une personne. Lors de cet échange, il m’a semblé que la communication non verbale a eu un impact beaucoup plus fort que les mots que j’aurais pu dire. Je me suis senti déstabilisée par la vulnérabilité de cette dame face à un environnement de vie qu’elle ne connaissait pas, un personnel encore inconnu avec qui elle n’a pas nécessairement eu le temps de créer une relation de confiance pour se livrer.

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