Soins Relationnels
Mémoire : Soins Relationnels. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 23 Juin 2012 • 2 683 Mots (11 Pages) • 6 703 Vues
Présentation du patient :
La situation que j’ai choisi de présenter concerne M. L., 67 ans, atteint d’une leucémie aigue myéloblastique (LAM).
En Septembre 2011, suite à l’altération de son état de son état général, M. L. fait un bilan sanguin. Les anomalies constatées sur ce bilan (anémie, neutropénie, thrombopénie) évoque une LAM et indique un myélogramme qui est réalisé en urgence, le 28 Septembre 2011. Cet examen confirme le diagnostic de LAM. La classification établit le mauvais pronostic de la pathologie.
Le 4 Octobre 2011, M. L. est admis en hématologie pour une chimiothérapie d’induction à doses réduites, en regard de l’âge du patient. A sa sortie, le 2 Novembre 2011, une chimiothérapie d’entretien est proposée à M. L., qui l’accepte. Au vu de l’âge et de l’état général du patient, toute greffe de moelle osseuse est inenvisageable.
Le 14 Avril 2012, M. L. est admis en hématologie pour une rechute de sa LAM. Il se révèle que le patient répond mal à la chimiothérapie d’entretien, des métastases osseuses sont découvertes, l’état général du patient contre-indique une deuxième chimiothérapie à fortes doses. Un traitement à doses réduites est min en place.
Le 3 Mai 2012, devant la dégradation très rapide de l’état du patient, une prise en charge palliative est instaurée. Le patient est confus et très asthénique. Des métastases cérébrales sont suspectées. A partir du 6 Mai, M. L. ne réagit plus aux stimuli. Dans des périodes d’agitations, il arrache son cathéter et sa sonde naso-gastrique. Des contentions ont été prescrites et sont en place. Le traitement curatif est interrompu. Des antalgiques et des anxiolytiques sont mis en place à forte dose.
M. L. est retraité, il a une femme qui est très présente à ses côtés et deux enfants âgés qui vivent à distance.
Description de la situation relationnelle :
La situation relationnelle a lieu entre une infirmière du service et la femme de M. L.
Il est 19h15, l’infirmière de nuit a pris son service à 19h, les transmissions de l’équipe de jour sont terminées. L’infirmière est seule avec moi dans le poste de soin, nous préparons nos planifications pour la nuit. L’infirmière est assise au bureau. L’équipe de jour a quitté le service (unité stérile d’hématologie), l’autre infirmière de nuit est occupée. Le service est très calme et silencieux.
Mme. L. entre dans le poste de soins, elle sort de la chambre de son mari. Elle est encore vêtue de sa tenue stérile : charlotte, blouse stérile, surchaussures. Le dialogue entre l’infirmière et Mme. L. est le suivant :
- Excusez-moi, je passe juste chercher mon sac à main…
- Oui, oui bien sûr !
Un temps de silence, Mme. L. reprend son sac dans l’armoire, et commence à sortir lentement, hésitante. Elle tente d’accrocher l’infirmière du regard. L’infirmière s’en aperçoit et demande :
- Et vous ? Comment ça va?
- Pffff, c’est dur, hein… De le voir comme ça et tout…
L’infirmière retourne sa chaise et se place face à Mme. L. qui lui fait face, débout, à environs 2 mètres, en tenant son sac contre elle.
Mme. L. :
- C’est vraiment rapide, je m’attendais pas à ça…
- Vous savez, on a fait tout ce qu’il était possible de faire…
- Oh ! Oui, oui, je sais bien… Ce n’est pas du tout contre vous ! C’est juste que le voir comme ça, attaché et tout… Je supporte pas !
- Oui, on a été forcé, parce qu’il a été très agité dans la journée, il arrachait sa sonde, son cathé, il risquait de se blesser alors on a du faire comme ça…
- Je comprends, oui… Vos collègues m’ont dit tout à l’heure.
- Par contre, on a commencé un traitement qui devrait faire qu’il sera moins agité, alors je vous promets, dès qu’on peut retirer les contentions, on le fera.
- Oui, oui, c’est gentil, je vous remercie. Parce-que là, je lui ai tenu les mains, et j’ai bien senti, il m’a fait comprendre qu’il voudrait être détaché… (elle a les larmes aux yeux) Je ne peux pas le voir comme ça, vraiment pas…
- Dès cette nuit, si c’est possible, je vous promets de le faire. C’est pour son bien, vous savez.
- Oui, oui, merci, vous être gentille. Vous êtes tous gentils, je sais bien que vous faites au mieux. (ton très doux)
Un temps de silence, d’environs cinq secondes. Mme. L. reprend :
- Vous pensez qu’il entend ce qu’on lui dit ?
- C’est dur à dire, il réagit très peu, mais on ne sait jamais ce qu’il peut comprendre ou pas. De toute façon, on lui parle, on le touche. On fera tout pour qu’il se sente bien.
- Oui, parce-que moi, j’ai eu l’impression qu’il me comprenait. Un peu… Je lui ai dit que tout allait bien, qu’on était sur la bonne voie, que tout irait mieux bientôt. (Elle se fait plus vive, avec un ton plus volontaire) Parce qu’il faut lui dire çà, hein ! Pour les autres patients, je sais pas, mais lui, vous avez toute ma bénédiction pour lui mentir, dites lui que ça ira mieux. Je le connais, c’est ce qu’il y a de mieux à faire…
L’infirmière se tait, semble ne pas savoir que répondre. Mme. L. reprend :
- Et puis qu’il ne souffre pas, surtout.
- Non, ne vous en faites pas, il ne souffrira pas. On est très vigilant à ce niveau là.
- Oui, c’est bien. Je vous fais confiance.
- Vous n’avez pas d’inquiétude à avoir à ce niveau, Madame, on est très vigilant
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