A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous monterez que l’approche en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause.
Dissertation : A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous monterez que l’approche en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar james.duale • 12 Mars 2023 • Dissertation • 1 906 Mots (8 Pages) • 799 Vues
DUALE James
DISSERTATION : SES
A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous monterez que l’approche en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause.
Depuis la première Révolution Industrielle au XIXème siècle, les mutations de l’organisation de la production, notamment en Angleterre, sont à la source de nouvelles analyses. Karl Marx (1818), économiste et philosophe allemand, est frappé par la contradiction entre l’organisation industrielle et la grande misère de la classe ouvrière : le prolétariat. C’est alors qu’il propose de former la notion de « classes sociales ». Selon Marx, une classe sociale est un ensemble d’individus dont les liens sociaux sont caractérisés par une même place dans les rapports de production : c’est la « classe en soi ». Cette appartenance économique à une classe résulte à un mode de vie et des goûts similaires, les individus partageant le plus souvent le même « univers professionnel ». En deuxième lieu, Marx précise qu’une classe sociale ne peut qu’aboutir lorsqu’elle se transforme en acteur collectif, c’est-à-dire que ses différents membres prennent conscience de leur appartenance et de leurs intérêts communs à défendre : c’est la « classe pour soi ». Il est bien question ici d’un antagonisme et d’un rapport de force entre les classes sociales, entre le prolétariat qui vend sa force de travail et la bourgeoisie qui détient les moyens de production. Cependant, nous nous demanderons en quoi une approche en termes de classes sociales peut être remise en cause. Nous allons tout d’abord indiquer qu’une approche pluridimensionnelle permet de mieux rendre compte de la société française, puis nous allons montrer que la notion de classe s’affaiblit sous la diminution des distances interclasses. Finalement, nous montrerons que ce processus s’accompagne d’un développement des distances intra classes, ce qui floute la notion de « classe sociale ».
En effet, depuis l’analyse de Marx la société a fortement évolué, ainsi que les manières de l’appréhender. Max Weber (1864) l’un des fondateurs de la sociologie allemande, s’oppose au « matérialisme » de Marx, c’est-à-dire à une représentation de l’ordre social comme découlant uniquement des conditions matérielles de production. Lui, propose une conception d’avantage pluridimensionnelle pour rendre compte de la structure sociale, dont la classe sociale au sens marxiste n’est qu’un critère de classement parmi d’autres. Ainsi pour Weber, la distribution des ressources peut s’effectuer sous trois ordres économiques : social, statutaire et politique. La classe sociale wébérienne qualifie des groupes différenciés selon leur niveau de revenu et leur niveau de patrimoine. On parle bien ici de distinction purement économique, car selon Weber les acteurs ne sont pas forcément marqués par une conscience de classe ou d’antagonisme. Le groupe de statut qualifie un groupe qui se distingue par un niveau de prestige identique que leur attribut leur statut. Ce statut dépend à la fois de facteurs objectifs comme la naissance, mais l’amplitude du prestige peut changer selon les époques et les sociétés. Par exemple, la religion peut jouer un rôle plus ou moins important selon les époques : un membre du clergé pendant la restauration aura plus de prestige qu’un même poste de nos jours. A la différence de la classe sociale, les membres de ces groupes partagent des valeurs communes, ce sont des groupes conscients de leurs intérêts communs et sont capables d’agir en fonction. Finalement les partis politiques se définit comme des individus ayant une appartenance à la même organisation engagée dans la compétition pour le contrôle de pouvoir de l’Etat, afin d’obtenir des avantages matériels et de prestige pour ces groupes. Ces trois ordres ne se recouvrent pas forcément, on peut donc parler de « non-congruence des statuts. Par exemple, un individu peut appartenir aux classes moyennes et à un groupe de statut particulièrement prestigieux. C’était le cas notamment des instituteurs dans les villages au XIXème siècle. Ainsi, analyser la stratification sociale par la simple explication économique peut sembler peu pertinent. En effet, comme nous l’avons indiqué, la « classe sociale » au sens marxiste ne peut rendre compte des subtilités de structure sociale par son point de vue unidimensionnel et sans doute un peu datée. Trouver un forme d’homogénéité sociale dans un groupe n’ayant pour seul point commun leur place dans les rapports de production est assez difficile : le médecin au CHU n’a que peu de ressemblances à sa secrétaire, pourtant tous les deux sont des « prolétaires » au sens marxiste.
Par ailleurs, cette conception peut sembler d’autant plus discutable que la société française a fortement évoluée depuis 1945, avec l’avènement des 30 Glorieuses. Ce processus est notamment couplé avec celui de la « moyennisation », là où la distinction entre les sphères sociales se fait de plus en plus difficilement. Nous pouvons noter par exemple, la forte diminution des distances interclasses. La hausse du pouvoir d’achat pendant cette période a modestement réduit les écarts entre les plus et les moins aisés. Ceci couplé à l’accès au crédit a permis de faire accéder au monde ouvrier à un modèle de consommation qu’ils ne connaissaient pas avant. Par exemple, pour 100 ouvriers en France en 2019, 89 sont équipés avec une voiture en moyenne. C’est 86.7 pour les CPIS. L’accès à la voiture a notamment laissé les classes populaires partir en vacances et donc légèrement mettre à niveau le capital culturel entre les classes. De plus, le développement de l’Etat Providence s’est soldé par la disparition partielle de l’insécurité du travail (de revenu, risque de licenciement, maladie, etc…), ce qui réduit fortement les inégalités de santé et de revenu. Par ailleurs, sous l’effet des évolutions de la productivité du travail et de la demande adressée à certains secteurs, l’emploi a été fortement modifié : c’est la « théorie du déversement ». En effet, le secteur primaire et notamment agricole a connu une augmentation de la productivité, induite par l’augmentation de la taille des exploitations bien plus forte que la demande de produits agricoles. Ceci s’est soldé par une baisse l’emploi agricole. C’est un schéma semblable dans le secteur secondaire, où les procédés automatiques de production ainsi que la délocalisation ont résulté en une baisse des actifs ouvriers. En parallèle de cela l’augmentation de la demande de services ne peut être suivie par la mécanisation du secteur : il faut donc recruter plus d’employés. Ce processus de « tertiarisation » résulte en la diminution des distances inter classes dans le sens où la classe populaire et la bourgeoisie s’y confondent désormais. Par ailleurs, la féminisation de l’emploi et le développement du travail féminin salarié hors foyer, a permis de modérément remettre à niveau la conception polarisée de Marx. Finalement, l’élévation du niveau de qualification d’une manière générale a permit de faire progresser le nombre d’actifs cadres et de Professions Intermédiaires ce qui permet de potentiellement remettre en question les classes sociales traditionnellement antagonistes. Cette diminution des distances inter classes se prouve par un sentiment grandissant d’appartenance à une « grande classe moyenne ». En effet, sur 100 personnes en 1966, 61 ont répondus qu’ils appartenaient à une classe sociale, dont 13 qui se revendiquaient de la classe moyenne, et 23 dans la classe ouvrière en moyenne. Au contraire, sur 100 personnes en 2015, 65 ont répondus qu’ils appartenaient à une classe, dont 38 à la classe moyenne et 6 à la classe ouvrière en moyenne. Nous pouvons donc clairement affirmer qu’à la fois la notion de classe en soi se disperse, mais aussi le sentiment d’appartenance à des classes distinctes et antagonistes (surtout chez les ouvriers).
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