La politique keynésienne a-t-elle un avenir ?
Dissertation : La politique keynésienne a-t-elle un avenir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Karman Thathgur • 2 Mars 2017 • Dissertation • 3 522 Mots (15 Pages) • 1 723 Vues
LES POLITIQUE KEYNÉSIENNES SONT-ELLES DÉPASSÉES ?
En 1981, La France voit arriver au pouvoir François Mitterrand, un président socialiste qui déclenche des élections législatives anticipées. La victoire de la gauche fait connaître à la Cinquième République sa première alternance et donc un changement de politique sur les différents sujets dont l’économie. « La gauche de Mitterrand » prône une politique de relance, dite aussi politique keynésienne du nom de son fondateur John Maynard Keynes, qui consiste vaguement à réduire les impôts et augmenter les dépenses publiques pour stimuler la demande globale. Cette politique rentre en contradiction avec la tendance des autres pays occidentaux qui mettent en place des politiques de libéralisme, qui se distingue majoritairement de la politique de relance par le fait que le libéralisme souhaite limiter le champ d’action de l’État à seulement les fonctions régaliennes alors que Keynes encourage l’État à relancer la demande par des dépenses. Entre ces deux politiques économiques, l’Histoire expose la victoire du libéralisme puisque dans les années 1980, suite aux chocs pétroliers des années 1970, le libéralisme triomphe dans l’Occident et le keynésianisme semble dépassé. Seulement, le sujet est « Les politiques keynésiennes sont-elles dépassées ? » donc nous nous intéressons à la situation de 2015, c’est-à-dire au monde blessé par la crise financière de 2008 et nous ne parlons guerre du passé, qui avait un autre contexte, même si cette période va faire partie de notre analyse afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs du passé. Il faut également avoir une vision à long terme pour ne pas reconnaître un échec dans un futur proche. Aujourd’hui, suite à la crise, les politiques keynésiennes peuvent-elles être efficace durablement et incarner la politique économique de demain ? Pour répondre à cette ambitieuse question, il faut tout d’abord comprendre la conception de Keynes, comprendre l’échec des années 70 et en tirer les conséquences face au phénomène de la mondialisation. Donc la fin est notre analyse du monde d’aujourd’hui et nos moyens sont les concepts économiques et l’Histoire.
John Maynard Keynes a marqué une rupture avec la politique économique du XIXe siècle et a apporté une toute nouvelle vision du fonctionnement de l’économie dans un État.
Pour comprendre l’apport de Keynes, il faut comprendre la pensée économique de ses prédécesseurs. Tout d’abord, Jean Baptiste Say affirme qu’une crise de surproduction est impossible, c’est la loi de Say. Cette loi consiste à dire qu’une crise de surproduction est impossible puisque dans la mesure où la valeur ajoutée des entreprises est intégralement reversée et répartie entre les salariés et les capitalistes sous forme de revenus, cela assure un débouché à la production. L'épargne, loin d'être une fuite, sert intégralement au financement de l'investissement via le marché des capitaux. Say insiste sur le caractère intégral car la monnaie n'est utilisée et désirée que pour le produit qu’elle permet d’acheter. Elle n’est qu’un intermédiaire dans les échanges, elle est demandée pour un motif de transaction uniquement. Comme elle n’est pas demandée pour elle-même, elle n'est donc pas thésaurisée et toute crise est impossible. Hors, Keynes n’en est pas convaincu. Effectivement, La critique de la loi de Say s'articule autour de la notion de fuite monétaire. Selon Keynes, la monnaie n'est pas seulement demandée pour des motifs de transaction mais également pour des motifs de précaution, du fait de l'incertitude pesant sur l'avenir, et de spéculation. Ces deux raisons de détenir de la monnaie constituent une déperdition pour l'économie puisqu'il s'agit d'encaisses oisives, c’est-à-dire, qu’ils n’ont aucun effet d’entraînement sur l’économie. Cette déperdition, en effet, met à mal la croyance selon laquelle l'offre créerait sa propre demande. L'existence d'une thésaurisation rend dès lors possible des déséquilibres entre l'offre et la demande et avec eux des crises de sous-consommation. De fait, la crise de 1929 constitue bien pour Keynes le résultat d'une insuffisance de débouchés, et la preuve de l'incapacité de l'économie à s'autoréguler. Cette dernière preuve, l’incapacité de l’économie à s’autoréguler est la deuxième critique de Keynes. Selon les classiques, le marché s'équilibre grâce à la flexibilité des prix. Un excès d'offre entraîne une baisse du prix qui permet à la demande d'augmenter, en même temps qu'elle dissuade certains offreurs de venir proposer leur bien ou service. Le marché tend alors vers un équilibre stable correspondant dans le marché du travail à une absence de chômage involontaire. Keynes quant à lui, ne croit ni en la flexibilité des salaires, ni même en l'existence d'un véritable marché du travail. Selon lui, les salaires, en terme réel, sont en effet considérés comme stables dans la mesure où les salariés et leurs syndicats ne sauraient pas accepter une diminution de leur pouvoir d'achat. De plus, le niveau de l'emploi nécessaire aux entreprises varie en fonction de déterminants indépendants de ceux influençant le nombre total d'actifs. L'équilibre entre l'offre et la demande de travail appartient dès lors plus à l'ordre du hasard et de la coïncidence qu'à celui d'un mécanisme autorégulateur. Pour Keynes, le niveau d’emploi dépend du niveau de demande effective.
Afin de régler le problème d’insuffisance de la demande, Keynes souhaite que l’État prenne les initiatives et relance la demande globale. Cela passe par des investissements, des dépenses publiques, une baisse des taux d’intérêts et des diminutions de la fiscalité. En effet, grâce au multiplicateur keynésien et aux mesures prises, les revenus marginaux des ménages vont augmenter et ils vont dès lors consommer plus puisqu’il y aura des créations d’emploi, des hausses de salaire sur le moyen terme, une hausse de la consommation… Une pénurie d’investissement privée peut donc être compensée par l’intervention de l’État. Dans le but d’augmenter les dépenses publiques tout en réduisant la charge fiscale, Keynes explique qu’il faut financer cela par la création monétaire, c’est-à-dire l’emprunt. Il n’existe pas de risque de dette car cet emprunt est vite rentabilisé grâce au multiplicateur keynésien. Par exemple, un investissement de 1000 entraîne aussitôt une augmentation du revenu distribué de 1000 (distribué aux entreprises et aux salariés concernés par les circonstances). Donc, dans un premier temps, si la propension marginale à consommer est de 0,8 alors la hausse de 1000 du revenu se traduit par une hausse de la consommation de 0,8 x1000 = 800 ; tandis que l'épargne augmente, elle, de 200 (=1000 x 0,2). Cet accroissement de la consommation de 800 se traduit alors dans un deuxième temps par un revenu supplémentaire de 800 qui entraîne une consommation supplémentaire de 0,8 x 800 = 640 (l'épargne croît de 160). Au terme de la série d'impacts sur la consommation et le revenu, la variation cumulée du revenu global correspond dans cet exemple à 5 000. En effet, le multiplicateur keynésien est égal à k = 1/(1-c) où « c » représente la propension marginale à consommer. D'où ici, k = 1/1-0,8 soit k = l/ 0,2 et finalement k = 5. En plus de rembourser l’emprunt, il y a surplus qui va profiter aux ménages, ce qui va relancer l’économie. Keynes finit par expliquer qu’en période de croissance, l’État doit réduire ses dépenses publiques et augmenter la charge fiscale pour ne pas créer de déséquilibre. L’État mène donc une politique contra-cyclique.
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