Les partis politiques ont-ils toujours un avenir ?

Anne Hidalgo, maire de Paris, est la candidate désirée des socialistes pour la présidentielle de 2022. Le parti socialiste (PS) voit en elle une bonne candidate pour concurrencer les écologistes et les « insoumis » à gauche. A travers cette révélation, nous allons nous interroger sur la notion de parti politique. Si l’on reprend la définition de D. Seiler, un parti politique peut se définir comme « une organisation visant à mobilier des individus dans une action collective menée contre d’autre pareillement mobilisés, seuls ou en coalition, à l’exercice des fonctions de gouvernements. Cette action collective et cette prétention à conduire les affaires publiques sont justifiées par une conception particulière de l’intérêt général ». Ainsi, cette dernière fait une référence à la mobilisation, à la recherche du soutien du peuple puis à l’adversité entre les partis politiques.

Si les premiers partis politiques étaient fortement opposés idéologiquement (parti gaulliste versus PCF), depuis quelques années, il est fréquent de constater une baisse de ferveur idéologique au sein des partis. Pour cette raison, nous allons nous demander si les partis politiques sont réellement bénéfiques au sein de la vie politique et par là s’ils ont un avenir dans nos sociétés. Pour cela nous verrons dans un premier temps, à travers l’histoire des partis, qu’ils sont des vecteurs essentiels dans nos systèmes démocratiques. (I) Puis, dans un second temps, nous analyserons la multiplication des contestations à l’égard des partis politiques, avec ses conséquences et les éventuelles solutions. (II)

Les partis politiques sont primordiaux au sein de la vie politique démocratique. Si certains historiens et politologues ont tendance à renvoyer la naissance des partis politiques à l’époque médiévale avec notamment le terme de faction opposant le pape à l’empereur (guelfes et gibelins), la vraie naissance des partis politiques est plutôt liée au développement du suffrage universel masculin à partir du milieu du XIXème siècle (1848 en France). De là, plusieurs théories sont apparues pour donner une explication aux origines des partis. Souvent, le premier politologue qui ressort est Maurice Duverger. Dans son ouvrage « Les Partis Politiques », il affirme l’existence de deux types d’origines aux partis politiques ; l’une d’origine parlementaire avec un regroupement de députés en groupes parlementaires au sein de l’assemblée, et l’autre d’origine extraparlementaire consécutive du développement du socialisme et du suffrage universel. En revanche, Rokkan met en avant que les partis politiques sont nés de la Révolution Nationale et de la révolution industrielle. Effectivement, à partir de ces deux révolutions majeures, des clivages vont apparaître et c’est au sein de ces derniers que vont se construire des partis qui vont défendre leurs intérêts particuliers.

Malgré le nombre suffisamment permanent de théories propres aux origines des parties, un point commun ressort ; ils sont apparus avec la construction des systèmes démocratiques. C’est pour cette raison que la notion de parti garantit l’effectivité de la démocratie. D’ailleurs pour Weber, « les partis sont les enfants de la démocratie », autrement dit, ils sont les instruments premiers des systèmes démocratiques. Effectivement, si les démocraties se caractérisent par l’existence d’un marché électoral sur lequel s’échangent de « biens politiques » contre des votes, les partis politiques, eux, se transforment en véritables machines électorales. Ils vont sélectionner des candidats aux élections via la mise en place de primaires ou d’appel à candidatures. Ainsi, à travers cette activité, ils deviennent une force de respiration d’une démocratie représentative. De plus, par ce jeu des élections, ils fournissent des gouvernants. Par conséquent, si un parti politique arrive au pouvoir, des personnes médiatisées et identifiées à l’intérieur du parti vont se voir attribuer des postes à responsabilités et seront amenés à gouverner à différentes échelles (locales, régionales, nationales). A cela s’ajoute que les partis politiques sont un moyen de lutte contre les régimes autoritaires voire totalitaires. Effectivement, l’existence d’un nombre plus ou moins élevés de partis empêchent l’existence d’un parti unique, qui se transforme généralement en régime totalitaire comme ce fut le cas de la NSDAP en Allemagne avec Hitler à sa tête.

Ensuite, les partis sont des instruments déterminants pour créer un lien entre les citoyens et la vie politique. En effet, dans le cadre d’une démocratie représentative, ils assurent la représentation des citoyens. D’ailleurs, pour Bernard Manin, notamment connu pour avoir mis en avant les principes régissant d’un système démocratique dans son ouvrage « Principes du gouvernement représentatif » (1997), une assemblée devraient être une population en miniature. Autrement dit, les différents courants de pensée présents dans la société ont vocation à être présents dans les assemblées parlementaires. Rokkan, lui, explique que les partis représentent des agents de conflits en exprimant les positions liées à chaque aspect du conflit. De surcroît, ils contribuent au débat public. En effet, par le biais d’enquêtes d’opinions, ils viennent interroger le citoyen par rapport à son propre positionnement sur une

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