En quoi la politique de concurrence est-elle nécessaire sur un marché imparfaitement concurrentiel ?

Le modèle d'analyse du mode de fonctionnement du marché repose sur la mise en place de nombreuses conditions très exigeantes. En réalité, il est bien difficile, sur la majorité des marchés, de satisfaire à la totalité de ces conditions. La concurrence est jugée être imparfaite quand une ou plusieurs des conditions de la concurrence parfaite sont non respectées. En cas de concurrence imparfaite, les entreprises ont une certaine marge de manœuvre en matière de fixation des prix de vente, ce qui revient à dire qu'elles fixent les prix. Elles jouissent alors d'un pouvoir de marché qui leur permet de majorer le prix de leur marchandise sans risquer de voir leurs ventes diminuer au profit des sociétés concurrentes. Ce pouvoir de marché repose sur des paramètres variés tels que le nombre d'offreurs sur un marché qui conditionne le degré de concurrence, les modalités d'entrée sur le marché dont la fluidité dépend de l'existence de barrières à l'entrée, et enfin les accords conclus entre les entreprises, notamment sur les prix ou les quantités produites. La concurrence imparfaite ne se traduit pas par l'absence de règles. En effet, bien que les entreprises en situation d'économie de marché bénéficient d'une large marge de manœuvre, leurs stratégies sont régies par un ensemble de normes juridiques visant à assurer une concurrence véritable, équitable et avant tout au bénéfice des consommateurs. La politique de concurrence a pour vocation de fixer ces règles du jeu concurrentiel, d'en encadrer la mise en œuvre et de réprimer les comportements déviants. On comprend alors que le marché imparfaitement concurrentiel pose quelques problèmes, et la solution serait la politique de concurrence. Aujourd’hui, nous allons approfondir cette relation entre le marché imparfaitement concurrentiel et la politique de concurrence, en nous demandant en quoi la politique de la concurrence est une nécessité lorsque la concurrence est imparfaite. Afin de répondre progressivement à ce problème, on abordera le fait que la concurrence imparfaite suscite de nombreux dangers, puis nous verrons que la politique de concurrence permet d’apporter des solutions

Sur un marché où la concurrence est imparfaite, il y a effectivement de multiples risques. En effet, les risques de ce type de structure de marché concernent principalement la concurrence. La concurrence oligopolistique et monopolistique sont généralement rudes. Pour maintenir leurs positions dominantes sur le marché, les entreprises peuvent utiliser des pratiques anticoncurrentielles.

L'une d'entre elles est le danger des concentrations d'entreprises (fusions, acquisitions ou créations communes d'entreprises). Les concentrations sont susceptibles de permettre aux entreprises concernées de bénéficier d'économies d'échelle, ce qui peut avoir un impact positif sur les consommateurs en faisant chuter les prix. Néanmoins, elles tendent également à réduire la concurrence sur le marché, ce qui peut éventuellement entraîner une atténuation de la concurrence. C'est la raison pour laquelle les concentrations ne sont pas interdites, mais doivent être autorisées. Dans le document 3 de l'ARCEP, un document d'avril 2014, on remarque qu'en décembre 2009, après l'autorisation en 2011 de Free mobile, le quatrième opérateur de téléphonie mobile en France, les factures mensuelles moyennes des utilisateurs de services mobiles baissent énormément entre 2008 et 2013. En raison de la concentration de ces entreprises, le montant passe de 28,9 euros hors taxes en 2008 à 16,9 euros hors taxes en 2013, soit une baisse de 11,9 euros, ce qui est énorme et très significatif. Cet exemple montre qu'il y a une certaine économie d'échelle et une baisse importante des prix.

Par la suite, l'abus de position dominante se traduit par l'utilisation abusive par une société de sa position dominante sur un marché dans le but d'imposer des contraintes à un client ou à un fournisseur. L'abus de position dominante peut notamment se traduire par un refus de vente ou des conditions commerciales discriminatoires. À titre indicatif, une entreprise peut être condamnée pour avoir versé des milliards de dollars à un client majeur par exemple, pour Qualcomm, comme on peut le voir dans le document deux tiré d'« Abus de position dominante : les plus grosses amendes de la Commission européenne » publié dans Les Échos le 24 janvier 2018, d’après Etienne Combier.

Par la suite, de nombreux types d'accords entre concurrents peuvent accroître la concurrence et être bénéfiques pour l'économie. Mais en revanche, d'autres, comme les ententes, peuvent causer des dommages majeurs à la concurrence. Un cartel se produit lorsqu'au moins deux entreprises concurrentes se mettent d'accord de manière illégale (par exemple, pour fixer les prix ou passer des commandes) et conviennent de ne pas se faire concurrence. Un cartel peut être le fruit d'un simple accord verbal conclu par un groupe d'hommes d'affaires autour d'un repas ou prendre la forme d'accords bien structurés, soumis à des règles strictes qui sont supervisées et appliquées. Les ententes peuvent être opérationnelles dans presque tous les secteurs, que ce soit au niveau local, régional, national ou international.

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