Pouvoir et Plafond de verre
Étude de cas : Pouvoir et Plafond de verre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Farah Bouaoudia • 31 Octobre 2018 • Étude de cas • 3 673 Mots (15 Pages) • 1 497 Vues
Pouvoir et Plafond de verre
Introduction:
Selon Hughes, l'un des principaux représentants de la pensée sociologique moderne de l'école de Chicago, les professions sont marquées par des segmentations liées au genre, à l'origine sociale ou religieuse ou à la couleur de peau. Il y a donc une différenciation dans les carrières liées au sexe mais également à d'autres éléments.
L'école de Chicago appel ce phénomène " le plafond de verre ". Plus précisément, cette notion désigne les relations asymétriques entre des groupes sociaux dans des situations où il existe une certaine mobilité. Ce terme a été utilisé pour la première fois par Drake st Clair et Horace R Clayton, lorsqu'ils observaient la bourgeoisie du quartier noir de Chicago. Ils ont alors constaté que les politiciens et cadres noires sont bloqués dans leurs ascensions professionnelles, malgré leurs qualifications. Ils parlent alors de plafond de verre, qui est informel et invisible.
Cette notion est encore ancrée dans la société actuelle. Une étude récente de l’Insee constate, en effet, que parmi les 2,7 millions de chefs d’entreprises en 2012, seulement 900 000 étaient des femmes. Toutefois, en 2011, une loi impose qu’il doit y avoir 40% de femmes dans les conseils d'administration des entreprises de plus de 500 salariés. Par conséquent, ces différentes politiques ont aidé à fissurer le plafond de verre, néanmoins, dans les comités exécutifs ou les comités de direction, les femmes sont beaucoup moins nombreuses. En effet, elles ne représentent seulement 11%.
De plus, l’Insee démontre, que les descendants d’immigrés maghrébins sont moins souvent en emploi de direction que les personnes sans ascendance migratoire. On observe donc qu'une fois en emploi, ils se heurtent aussi à un « plafond de verre » qui rend plus difficile leur accès aux plus hauts salaires et aux emplois à haute responsabilité.
Ici, la notion du pouvoir est indissociable du « plafond de verre », elle y est même fortement liée. Selon le sociologue allemand Max Weber, le pouvoir est « la capacité d'imposer sa volonté dans le cadre d'une relation sociale, malgré les résistances éventuelles ». L'exercice du pouvoir implique de trouver des personnes qui ont une disposition acquise à l'obéissance. Cette définition pourrait donc expliquer la formation de « plafond de verre » pour certaine catégorie d’individu.
Notre travail va donc être de montrer comment le plafond de verre limite, l'accès à des postes de pouvoir à certaines catégories d'individus en raison de leur sexe, leurs origines sociales et ethniques.
Ainsi, nous aborderons en première partie la place des femmes face aux emplois de direction, puis nous verrons que le plafond de verre concerne également les minorités sociales.
- La place des femmes face au plafond de verre
Le plafond de verre désigne les « freins invisibles » à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques. Il constitue un obstacle dans l’évolution de leur carrière au sein de l’entreprise et limite leur accès à des postes à responsabilité. On constate que les femmes sont moins souvent promues que leurs collègues masculins, et ce dans toutes les catégories sociales. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène.
- Stéréotypes liés à la socialisation primaire
Durant la socialisation primaire, qui désigne le processus de socialisation qui se déroule pendant l’enfance (socialisation par les parents et par l’école surtout), l’individu va intérioriser des normes et des valeurs. Toutefois, cette socialisation va être transmise de manière différenciée selon le genre. En effet, à travers les jouets, les livres, les films, les médias que l’on met à disposition dès le plus jeune âge de l’individu, cela va se traduire par des attentes différentes dans la société selon le sexe de l’enfant. Mais aussi, cela aura pour effet d’assigner des rôles différents à l’homme et à la femme : « sauver le monde » pour l’homme et « s’occuper des enfants » pour la femme.
Ces individus doivent donc répondre à un rôle social avec un comportement attendu dans la société.
Selon Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient » ce qui signifie que la socialisation des êtres vivants construit leur identité soit féminine ou masculine.
Par conséquent, en raison de cette socialisation différenciée entre les hommes et les femmes, cela a des conséquences en matière d’inégalités économiques et sociales.
D’une part, à l’inverse des hommes, les femmes ayant intériorisées le fait qu’elles doivent s’occuper des tâches domestiques et des enfants, vont choisir des études moins prestigieuses. En effet, elles intègrent en plus forte proportion des services d’études ou de recherche, des activités administratives et de gestion des affaires sociales.
De plus, elles vont chercher un emploi qui répond le plus souvent à un travail de « care », un travail lié au service de la personne. Les emplois des femmes sont choisis afin de concilier vie professionnelle et vie privée. Prenons l’exemple des cadres, actuellement les femmes représentent le quart des cadres en entreprises et administrations. Toutefois, elles exercent des fonctions d’assistance ou d’expertise et très peu dans des fonctions de directions ou de commandement.
Dès lors, ce sont bien souvent des emplois qui ne sont pas à haute responsabilités, ni valorisés dans la société. On assiste donc à une inégalité sociale.
D’autre part, selon l’Insee, pendant leurs six premières années de vie active, les hommes ont des salaires médians supérieurs de 10 % à ceux des femmes. On constate que certaine femmes vont moins se consacrer à leurs carrières professionnelles, accorder moins d’importance à leur évolution professionnelle, ce qui va générer des inégalités au niveau des salaires, on parle alors d’inégalité économique. Cependant, sur le marché du travail, les femmes sont confrontées à des obstacles dès l’étape du recrutement.
- Discriminée à l’entrée du marché du travail
Selon une étude menée par l’Insee, en France, les filles réussissent mieux leur scolarité que les garçons, qu'il s'agisse de son déroulement, des compétences acquises, des résultats obtenus aux examens ou du taux de diplômés. Par exemple, le taux de réussite au baccalauréat était de 93,2 % pour les filles en 2013 et de seulement 90,8 % pour les garçons.
Néanmoins, bien que les femmes réussissent mieux que les hommes à l'école et que la proportion de diplômées des filles dans la population y est plus élevées, cela ne se retrouve pas dans le monde du travail. En effet, les hommes exercent plus souvent un poste à la hauteur de leur niveau de diplôme. En 2011, 26,6 % des hommes occupaient un emploi dont les caractéristiques exigées étaient inférieures à leur diplôme tandis que cette situation concernait 32,2 % des femmes.
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