Pourquoi et comment la BCE agit-elle sur la masse monétaire?
Dissertation : Pourquoi et comment la BCE agit-elle sur la masse monétaire?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gigi84 • 13 Février 2017 • Dissertation • 2 663 Mots (11 Pages) • 1 654 Vues
Introduction :
Il est déterminant que l'ensemble des utilisateurs d'une monnaie aient une totale confiance dans la persistance de sa valeur et de sa capacité à servir de moyen d'échange. Une monnaie stable favorise la stabilité des prix qui contribue de différentes manières à l'obtention de niveaux élevés d'activité économique et d'emploi.
Or ce qui guide la valeur relative d'une monnaie, c'est la quantité qui est en circulation. Début 2017, il y a près de 11 300 milliards d'euros qui circulent dans la zone euro!
La masse monétaire qui représente la quantité de monnaie en circulation réelle ou potentielle sur un marché, est un indicateur sur la possible évolution des prix.
Selon la théorie quantitative de la monnaie, énoncée par Milton Friedman et les monétaristes, une hausse de la masse monétaire entraîne une inflation si elle n'est pas en corrélation avec la croissance économique.
Elle aurait un impact direct sur l'inflation selon l'équation : MV = PQ
• M représente la "masse monétaire"
• V représente la "vélocité de la monnaie" (le nombre de fois où une unité monétaire change de main chaque année)
• P représente le "prix moyen des produits vendus" chaque année
• Q représente la "quantité moyenne vendue" chaque année.
C’est pourquoi les banques centrales veillent à réguler le marché financier en adoptant des mesures qui permettent soit de remédier à la pénurie de monnaie, soit de limiter une trop grande quantité de monnaie.
En effet, pour répondre aux besoins de financement de l'économie, il faut que la création de la masse monétaire évolue parallèlement à celle des biens et services. La banque centrale doit en effet s'assurer, notamment grâce aux agrégats monétaires, qu'il y a suffisamment de monnaie dans l'économie mais pas trop non plus. Il faut éviter en effet à la fois la récession et l'inflation qui troublent le marché.
Ainsi, quand la banque centrale favorise l'octroi de crédit par les banques commerciales, créant ainsi de la monnaie selon le principe que les crédits font les dépôts, elle souhaite favoriser une phase d'expansion et le plein emploi. Trop favoriser la création monétaire, c'est risquer l'augmentation trop rapide de la demande globale par rapport à l'offre, donc l'inflation et la dégradation du solde extérieur(déficit extérieur).
A l'inverse, si la banque centrale réduit le volume de crédit par les banques secondaires, il y aura une désinflation et une amélioration du solde extérieur. Mais trop réduire, c'est risquer d'affaiblir la demande globale et donc risquer le phénomène de déflation dont une des conséquence est la hausse du chômage.
Ainsi pour conduire la politique monétaire, la banque centrale(BCE) utilise tous les moyens conventionnels et non conventionnels mis à sa disposition pour remplir son objectif de stabilité des prix(I). Toutefois, nous verrons que sa politique connaît des limites liées au marché interbancaire et à la désintermédiation des marchés financiers.(I)
I: Les outils de la banque centrale dans la conduite de sa politique monétaire :
A: La politique monétaire conventionnelle :
La masse monétaire est régulée de deux façons, au travers principalement des taux directeurs fixés par la banque centrale et dont l'action est renforcée au travers des réserves obligatoires.
1/ L'utilisation des taux directeurs :
a/Le fondement du choix de la politique monétaire de la BCE:
La banque centrale européenne a un objectif de stabilité des prix quantifiée:«La stabilité des prix est définie comme une progression sur un an de l'indice des prix à la consommation harmonisé inférieur mais proche de 2% dans la zone €. La stabilité des prix doit être maintenue à moyen terme.»
Sa politique de taux (hausse ou baisse des taux) est menée en tenant compte d'une part de l’analyse économique qui a pour but d'identifier à court et moyen termes les risques pesant sur la stabilité des prix( étude des indices IPCH, des coûts-salariaux-, indicateurs de marché, projection macroéconomiques etc...). L'analyse monétaire d'autre part, permet de recouper, dans une perspective de moyen et long termes, les indications à court terme ressortant de l’analyse économique.
Ainsi, l'évolution de la masse monétaire permet à la banque centrale de suivre au plus près l'évolution de l'économie.
En effet,comparés au PIB d'une zone géographique ou d'un pays(PIB/M2), ces agrégats permettent d'analyser la situation monétaire et par la même économique de cette zone ou de ce pays. Par exemple, la vitesse de la circulation de la monnaie tend à augmenter durant la phase d'expansion du cycle économique et à baisser durant la phase de contraction.Si la vélocité de la monnaie augmente, c'est qu'il y a plus de transactions qui se produisent entre les individus dans une économie.
Le contrôle de la masse monétaire effectué par la banque centrale doit être rigoureux afin d'éviter que celle-ci progresse plus vite que le PIB et donc impliquerait des tendances inflationnistes mais pas trop car il ne s'agit pas pour la banque centrale de freiner l'économie.
b/En pratique :
Dans le cadre de la gestion de leur trésorerie, les banques secondaires ont deux possibilités : emprunter ou déposer à la banque centrale .
Tous les mardis, les banques commerciales peuvent emprunter des liquidités pour une durée d'une semaine. Le taux d'intérêt est fixé par un système d'appel d'offre sur la base du principal taux directeur : le taux des opérations principales de refinancement.
Les banques offrent en garantie des titres(collaterals en anglais) à la BCE et celles qui offrent le panier de titres le plus avantageux reçoivent en échange des fonds correspondant à la valeur nominal(at face value) de ces titres.
Par ce taux directeur, la BC pilote les taux à court terme qui influencent les taux des crédits à long terme à l'économie.
Depuis 2008, afin de relancer l'économie les banques centrales dont la BCE ont menées une politique monétaire accommodante en baissant fortement leurs taux directeurs en les menant à zéro% afin de limiter les risques de déflation.
Les banques peuvent également emprunter à la BC pour 24 heures ,notamment quand le marché interbancaire est insuffisant, mais à un taux plus élevé que le premier taux directeur, c'est le taux de la facilité de prêt marginal. Ce fut notamment le cas lors de la crise des subprimes, où les banques commerciales ne pouvaient pas se financer sur le marché interbancaire marqué par une crise de confiance des opérateurs
Au contraire, si la banque secondaire a un excédent de trésorerie, elle peut le placer à la banque centrale qui rémunérera au taux le plus faible des deux précédemment évoqués, le taux de facilité de dépôt.
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