Le débat En France Sur Le Travail Dominical, Opposant Le Gouvernement Aux Enseignes De Bricolage
Documents Gratuits : Le débat En France Sur Le Travail Dominical, Opposant Le Gouvernement Aux Enseignes De Bricolage. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 30 Janvier 2014 • 4 823 Mots (20 Pages) • 1 150 Vues
Introduction aux faits :
En France, le travail le dimanche est prévu par la loi Mallié, promulguée en 2009 sous l'impulsion du Président de la République d'alors, M. Nicolas Sarkozy. Dérogation au repos dominical voté par l'Assemblée nationale de 1906, elle autorise à ouvrir le dimanche certains commerces remplissant des conditions précises (situés dans les zones touristiques, les périmètres urbains de consommation exceptionnels, ou encore les commerces alimentaires jusqu'à 13 heures). Étaient déjà autorisés à travailler le dimanche les commerces justifiés par la nature même de leur activité (la restauration, les loisirs, les usines « à feu continu »), de même que les services publics dont l'activité permanente est indispensable.
Suite à cette nouvelle disposition législative, l'enseigne de bricolage Bricorama dépose une plainte en décembre 2012 contre ses concurrentes Castorama et Leroy Merlin, arguant l'inéquité de la loi puisque contrairement à ces dernières, elle n'est pas autorisée à ouvrir le dimanche. Le 26 septembre dernier, le tribunal de commerce de Bobigny rend sa décision sur la plainte de Bricorama, ordonnant à Castorama et à Leroy Merlin de cesser l'ouverture du dimanche de quatorze de leurs magasins en Île-de-France, astreignant sa décision d'une amende provisoire de 120.000 euros par magasin et par dimanche en cas de non respect.
Cependant Castorama et Leroy Merlin décident de braver l'interdiction et ouvrent leurs commerces le dimanche 29 septembre 2013, entraînant un bras de fer contre le gouvernement à qui ils réclament que soit ajouté par décret à la loi la permission aux enseignes de bricolage, d'ameublement et de jardinage d'ouvrir le dimanche
1) Identifier clairement le ou les acteurs
L'article A Ivry, Le grand bazar du dimanche du Monde du 1 octobre 2013 par Benoit Hopquin fait état de l'ouverture des magasins Leroy Merlin et Castorama, en dépit de la décision rendue par la justice. Est fait en détails le récit de la journée de l'une des enseignes rebelles, le Leroy Merlin d'Ivry-sur-Seine, et du manque à gagner dont se plaignent ses salariés venus travailler, en cas d'application de la décision de justice, ainsi que la comparaison entre les différentes plus-values salariales données aux travailleurs du dimanche, en fonction des enseignes. Les techniques de communication d'un jour sont mises en lumière, soufflées par l'agence de relations publiques embauchée pour l'occasion. Il apparaît donc clairement que face au camp du gouvernement, ce sont les directions des enseignes de bricolage qui sont en première ligne sur la bataille du travail du dimanche, du moins à la place de chef d'orchestre, puisque nombre de salariés et clients participent à leur offensive, animée par le collectif des Bricoleurs du dimanche.
L'article du Figaro économie du 30 septembre titré La position du gouvernement s'est assouplie rend compte du recul du gouvernement quand à l'obligation de fermeture dominicale prononcée par la justice à l'encontre des magasins Leroy Merlin et Castorama. Alors que plusieurs ministres sont interrogés, il apparaît que le front commun qui défendait la position du Code de commerce subit un revirement. Tandis que l'article mentionne pudiquement que «la position […] s'est assouplie », l'on peut déceler qu'une nouvelle stratégie s'élabore au sommet de l’État. C'est donc le gouvernement français qui est présenté ici comme un protagoniste du dossier.
2) Mentionner au moins deux (2) des publics-cibles visés par l’intervention médiatique
Il apparaît dans le premier article que sont visées essentiellement trois groupes d'acteurs sociaux.
D'abord, ce sont les clients du magasin que l'on invite à venir faire leurs achats en ce jour particulier. Toute une panoplie de moyens est stratégiquement déployée pour mettre en exergue, si ce n'est théâtraliser auprès des clients la volonté des enseignes de pouvoir les accueillir un dimanche. C'est dans un but économique évident que la chose est faite, puisque les achats des clients du dimanche permettrait selon la direction de Leroy Merlin de lui faire bénéficier d'un chiffre d'affaires de 15 à 20% supérieur de celui qu'elle obtiendrait en appliquant la loi.
Seconde cible de l'opération : les salariés de l'entreprise, et ceux des autres magasins. Les deux cas de salariés de Leroy Merlin qui sont présentés dans l'article étaient, on l'imagine, en train de travailler lorsqu'on les a interviewés. Le fait qu'ils puissent ainsi livrer leur vie personnelle en détails (on apprend de l'un qu'il est amateur de paintball, de l'autre qu'il est étudiant en chiropratique et qu'il craint pour son avenir) laisse à penser que la direction du magasin de Leroy Merlin les a autorisés, voire encouragés à se mettre en scène ces storytelling devant les journalistes. Ces univers narratifs, pas forcément montés de toutes pièces relèvent toutefois d'une technique visant à toucher l'affect des publics-cibles (Salmon, 2008). Cette stratégie n'est pas surprenante quand on sait aujourd'hui que plusieurs salariés avaient reçu des formations en communication dès le dépôt de la plainte de Bricorama au tribunal de Bobigny (Le Monde, 02/11/13). Qui de mieux pour parler aux salariés que les salariés eux-mêmes? Par ailleurs selon l'article Leroy Merlin « se vante sur son site d'être classée parmi les entreprises les plus sociales », attribuant une majoration de 150% du salaire selon la direction, soit bien assez pour inviter nombre de travailleurs à venir postuler chez la marque (avec 50% de majoration, son concurrent Truffaut est moins généreux), et à se battre pour faire l'ouverture le dimanche! Peut-être est-ce le message qui est passé avec le plus de teneur auprès du journaliste Benoît Hopquin, puisqu'il en a fait le sous-titre de son article.
Enfin, la troisième cible n'est pas la moindre puisqu'il s'agit du décideur final bien qu'il agisse en fonction des pressions : le gouvernement. Dans le témoignage de la direction qu'il rapporte, le journaliste du Monde conclut l'intervention des cadres de Leroy Merlin par leur satisfaction face à l'ouverture au dialogue manifestée par le gouvernement. C'est le signe évident de l'attente d'une suite qui est donné aux décideurs politiques, à présent
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