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Luc SINDJOUN, « L’Afrique au prisme des relations internationales »

Dissertation : Luc SINDJOUN, « L’Afrique au prisme des relations internationales ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Avril 2017  •  Dissertation  •  1 764 Mots (8 Pages)  •  1 448 Vues

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Institut Supérieur de Management Public (ISMP)

Programme de Master en Management Public (MP)

LECTURE CRITIQUE D’ARTICLE

Présenté par :

NGASSU MELI Stéphane Yannick

Yaoundé-Région

Equipe d’enseignement :

Pr Nadine MACHIKOU NDZESOP

Mme Germaine NGUEGUIM KAMDEM

Yaoundé, novembre 2014


  1. Référence de l’article

Luc SINDJOUN, « L’Afrique au prisme des relations internationales »,[1]

  1. Thème et thèse

Thème de l’article :

La place de l’Afrique dans la construction scientifique des relations internationales compte tenu de l’ethnocentrisme des objets et des paradigmes présidant à son éclosion.

Thèse de l’article :

  • Hypothèse de l’auteur

Pour Luc SINDJOUN, le fait que l’objet Afrique ne se coule pas dans le moule réaliste conforte l’idée que, la science des relations internationales s’est construite sur des fondations approximatives, car ethno centrées, et, par ricochet, renforce la pertinence des théories critiques.

  • Formuler la thèse de l’auteur sous forme de question

Le fait que l’objet Afrique ne se coule pas dans le moule réaliste ne conforte-t-il pas l’idée que, la science des relations internationales s’est construite sur des fondations ethno centrées, d’où la pertinence des théories critiques ?

  1. Plan analytique et synthèse de l’article

L’auteur construit son argumentaire autour de deux principaux mouvements. Il s’agit d’une part, à la fois, du refus volontaire et de l’obligation de considérer l’Afrique comme un objet d’étude des relations internationales et d’autre part, de l’émergence implicite de l’Afrique comme objet d’étude dans les théories critiques.

Le propos de Luc SINDJOUN, concernant la connaissance ou non de l’Afrique comme objet d’étude des Relations Iinternationales, repose tant sur l’adhésion mitigée des théories libérales à l’existence de l’objet Afrique, que sur les limites des représentations réalistes révélées par un tel objet.

SINDJOUN dégage deux principales insuffisances dans le modèle d’analyse réaliste. Il s’appuie notamment sur le fait que l’Afrique accorde la part belle aux guerres internes. Cela est perceptible dans le réalisme subalterne développé par AYOOB en quatre assomptions, pour expliquer la permanence des conflits intraétatiques et surtout la collusion entre l’interne et l’externe. Le but n’étant ici que de dévoiler la spécificité non plus interétatique mais intraétatique des belligérances en Afrique. Il s’appuie par ailleurs sur l’ethnoréalisme de Charles Philippe David qui essaie de transposer à l’analyse des conflits internes les postulats de l’analyse réaliste.

Passer au crible de l’objet Afrique, les limites du paradigme réaliste se découvrent également dans la crise relative de la catégorie d’Etat. En effet pour Sindjoun, il faut se démarquer de la conception eurocentrée de l’Etat pour mieux percevoir l’Etat sous le prisme de l’objet Afrique. A ce titre, on observe en Afrique à la fois une crise du territoire, une crise du monopole étatique de la violence et surtout une crise de la population dans son rapport à l’Etat[2]. 

Apres avoir ainsi constaté l’inaptitude des théories réalistes à connaitre l’objet Afrique, l’auteur considère que les libéraux reconnaissent relativement ledit objet dans les relations internationales pour trois raisons.

Il s’appuie d’abord sur le discours fondateur de l’approche libérale contenu dans les 14 points du Président Woodrow Wilson, dont découle la banalisation de l’objet Afrique. A ce titre, il relève deux éléments forts, notamment l’obligation des Etats africains d’accepter l’institutionnalisation de la société internationale et aussi la limite majeure de l’universalisme de l’école anglaise, car construite sur la passivité des sociétés africaines.

Ensuite, la théorie libérale, notamment celle d’Andrew Moravcsik, tranche avec la thèse réaliste en permettant le passage des Etats aux individus comme unité d’analyse des RI. De la thèse de Moravcsik, SINDJOUN dégage trois assomptions pour démontrer ce passage. D’un, que les acteurs fondamentaux des relations internationales sont des individus rationnels et des groupes privés qui promeuvent leurs intérêts ; de deux, que l’Etat représente un sous ensemble de la société interne qui influence la définition des préférences étatiques et des options de politique étrangère ; et de trois, que l’interdépendance entre les Etats affecte le comportement de chaque Etat dans les relations qu’il entretient.

Apres le discours du Président Wilson et le passage de l’Etat à l’individu de Moravcsik, Sindjoun fonde la reconnaissance relative de l’objet Afrique sur la paix démocratique découlant de la thèse libérale. Néanmoins, il trouve cette dernière discutable à deux titres ; d’abord parce que fondant la paix entre les Etats sur la nature démocratique de leur régime politique et des contraintes qui en découlent, ce qui ne semble vrai qu’en Europe au moment de l’émergence de l’approche libérale. Elle est discutable enfin au plan interne car dans l’objet Afrique, le processus de démocratisation emporte accélération des dynamiques de conflictualisation (ex : génocide rwandais, conflit burundais de 1990). Aux limites de la paix démocratique l’auteur oppose la paix républicaine ou civile inspirée des travaux de DOYLE et de BARNETT et fondée sur la construction de l’Etat et la stabilisation des institutions.

En second mouvement, après avoir passé les théories libérales et réalistes au crible de l’objet Afrique, SINDJOUN se propose d’explorer, malgré le mutisme des africanistes à ce sujet, la remise en cause du creuset des relations internationales portée par les approches positiviste et post positiviste. En fait, l’idée de l’auteur est de profiter dans sa démonstration des arguments développés par les positivistes et les postpositivistes, car bien que ces derniers ne s’intéressent pas spécifiquement à l’Afrique, ce détour se justifie par le fait qu’ils questionnent le statut quo des Relations Internationales.

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