Plaidoirie

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les jurés,

Je vais retracer devant vous la succession d’épreuves qu’a endurées mon client.

Je tiens à vous rappeler que même si Nihad Marwan a été conçu dans l’amour, son père a été froidement abattu par les frères de sa mère pour unique raison que ceux-ci refusaient leur relation. Il a été séparé de sa mère dès sa naissance, et envoyé dans un orphelinat. Orphelinat qui a lui-même subi l’attaque de miliciens.

Ces orphelins ont été enlevés par des hommes exacerbés par la colère et la rancœur. Vous pouvez donc imaginer les conditions de vie de ces pauvres enfants.

Il n’a donc jamais connu l’amour de ses parents ni aucune autre forme d’amour.

Pour rajouter à son malheur, il a ensuite été enrôlé par des militaires à l’âge de douze ans. Douze ans, Monsieur le Président. Il a été ainsi formaté, transformé en machine de guerre. Il a dû obéir à des ordres sans discuter, ni réfléchir et à ne faire preuve d’aucune pitié.

N’oublions pas que mon client était très jeune. Il a été abîmé par la guerre et n’a connu que la violence dès sa plus tendre enfance. Vous lui reprochez les meurtres qu’il a commis, mais n’oubliez pas qu’il a été formé comme tireur d’élite. Contrairement à vous qui avez eu cette chance, jamais personne ne lui a appris les notions de bien et de mal. Il n’a pas eu la possibilité de choisir d’autres valeurs que la haine et la barbarie.

Nihad est accusé d’avoir violé et torturé plusieurs femmes tenues prisonnières, dont l’une d’entre elles était sa propre mère. Oui, c’est vrai. Mais vous conviendrez que mon client est victime de ses propres crimes. Il ne faisait qu’obéir aux ordres de ses supérieurs, comme on lui a inculqué depuis son enfance.

De plus, comment voulez-vous qu’il sache que Nawal Marwan était sa véritable mère ? Lui qui n’a pu apercevoir son visage que les premières minutes de sa vie…

En connaissant davantage son histoire, il doit vous sembler évident que mon client est aussi une victime.

Certes, il a commis des crimes mais n’aurait-il pas le droit à un soutien psychologique ? Lui qui a eu une vie si dure, sans amour, sans famille. Lui qui n’a connu que l’horreur de la guerre fratricide. Guerre qui a été au final son seul repère, son unique connaissance du monde. Et j’irais même jusqu’à dire, sa seule alliée.

Aussi je vous demande Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les jurés, un peu de clémence pour cet homme qui n’a jamais connu l’amour.

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