La coutume
Dissertation : La coutume. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Greg Davoine • 9 Octobre 2020 • Dissertation • 1 810 Mots (8 Pages) • 1 428 Vues
DISSERTATION
« Il existe des coutumes sages qui se sont lentement dégagées de faits immémoriaux, établis sur une
tradition mentale, mais on voit aussi, spécialement de nos jours, des coutumes sauvages dont l’excroissance
soudaine puise ses racines plus dans les volontés alertées que dans des esprits assoupis par une longue habitude ».
C’est avec ces mots que le professeur René-Jean Dupuy formule pour la première fois une distinction au sein des
normes coutumières entre la coutume dite « sage » et la coutume dite « sauvage ».
Pour être en mesure de mieux comprendre et de mieux appréhender la thématique de la coutume, il est
nécessaire de définit quelques notions essentielles. La coutume est une norme non-écrite de droit international
dont l’existence est démontrée par la répétition d’une pratique générale par les États qui ont conscience que le
respect de cette pratique équivaut au respect d’une norme de droit. La coutume a d’ailleurs été définie en
jurisprudence, dans l’arrêt rendu par la Cour permanente de justice internationale dans l’affaire Lotus (1927)
comme « les usages acceptés généralement comme consacrant des principes de droit ». La conscience des États
de la nécessité du respect de la norme coutumière peut être qualifiée par l’expression « opinio juris » (il est
également possible de retrouver cette expression sous la désignation d’« opinio juris sive necessitatis »). L’opinio
juris est une expression latine qui désigne la conviction d’un sujet de l’ordre juridique international de considérer
que sa pratique est rendue nécessaire par le respect d’une norme de droit : elle permet de distinguer la coutume
d’un simple usage.
La coutume est un procédé très ancien, on la retrouve déjà dans l’Antiquité. Tous les usages anciens et
généraux ayant force de loi relève de la coutume. D’ailleurs, le droit international, dès son origine, est un droit
essentiellement coutumier, ce n’est qu’avec l’apparition des traités et autres conventions entre les sujets du droit
international que les sources du droit se sont diversifiées. De nos jours, la coutume est toujours très présente, elle
fait partie des sources reconnues du droit international moderne : l’article 38 des Statuts de la Cour internationale
de justice dispose que « la Cour (…) applique : (…) la coutume internationale comme preuve d’une pratique
générale et acceptée comme étant le droit ». La coutume touche tous les sujets du droit international : les États,
sujet principal, et les organisations internationales, sujet secondaire. De par sa longévité et son objet, la coutume
a toujours été au cœur des écrits et des questionnements des auteurs.
La coutume peut avoir un caractère général, c’est la coutume internationale. Cependant, il est nécessaire
de constater que la coutume peut également revêtir un caractère régional ou local. Dans notre développement, nous
nous concentrerons principalement sur la coutume à caractère général. Il est important de noter que depuis un
certain temps, le mécanisme coutumier connait des évolutions certaines du fait de l’accroissement du nombre
d’États mais également du fait de l’action des organisations internationales. Nous nous efforcerons d’étudier
quelles sont ces évolutions et quelles sont leurs conséquences sur le mécanisme de formation de la norme
coutumière.
DELVALLE A. – Groupe 613
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Cette étude des évolutions du mécanisme coutumier soulève plusieurs questionnements auxquels nous
tenterons de répondre : Quels sont les différents modes de formation de la norme coutumière ? Quelles sont les
conséquences de ces évolutions ? Quelles est la portée d’un tel changement ?
Pour répondre au mieux à ces questionnements, nous nous poserons la question suivante : Dans quelle
mesure la coutume sauvage, en opposition avec la coutume sage, est-elle un « nouveau » mode formation de la
norme coutumière ?
La coutume sage est le mode de formation classique, voire même originel, de la norme coutumière (I).
Cependant, les évolutions de la scène internationale et de l’ordre juridique international ont impliqué l’émergence
d’un nouveau mode de formation plus volontaire de la part des sujet du droit international : la coutume sauvage
(II).
I. La coutume sage : le mode de formation originel de la norme coutumière
La distinction entre la coutume sage et la coutume sauvage est l’œuvre de René-Jean Dupuy, grand spécialiste du
droit international public. La coutume sage est le mode de formation originel de la norme coutumière : les éléments
qui la définissent et la constitue sont établis et reconnus depuis longtemps (A). Cependant, le mode de formation
de la coutume classique est un processus qui s’inscrit dans la durée, ce qui peut être signe de désuétude dans une
société internationale qui subit la contraction du temps (B).
A) Un mode de formation classique reconnu dans l’ordre juridique international : définition et
éléments
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