Commentaire du discours de polybe
Commentaire de texte : Commentaire du discours de polybe. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar natalex • 2 Mai 2021 • Commentaire de texte • 2 716 Mots (11 Pages) • 899 Vues
"Le peuple athénien a toujours ressemblé à un navire anarchique" c’est ce constat que fait Polybe, dans le livre IV de son œuvre magistrale « Histoires » après avoir vu l’empire Grec qui fût pendant longtemps son idéal d’organisation politique et militaire, mis à mal par les guerres et les batailles civiles. En opposition à cela, il détaille dans le livre VI de cette même œuvre, l’organisation politique Romaine qu’il juge supérieure à toutes les autres par le fait de sa forme plurielle.
Les documents soumis à analyse, sont trois fragments (XII, XIII et XIV) de ce livre VI qui est un exposé de la constitution Romaine.
Polybe (200-125 avant J.C) est né à Mégalopolis, ville d’Arcadie au centre du Péloponnèse à la fin du IIIème siècle avant J.C.
Son père Lycortas, succéda en 183 à Philopœmen (illustre général Grec), à la tête de la ligue Achéenne, confédération qui regroupait la plupart des cités du Péloponnèse.
En 170, dans un contexte politique compliqué, Polybe devient hipparque, c’est-à-dire général commandant une division de cavalerie de la Ligue achéenne. Rome est entrée en guerre contre Persée. Dans ce conflit, le roi de Macédoine, et les Achéens ne soutiennent pas les Romains dont ils sont officiellement les alliés et choisissent de rester à l’écart du conflit, adoptant une position de neutralité. En conséquence, après la victoire romaine à Pydna, pour punir la position ambiguë des Achéens, mille notables achéens, avec parmi eux Polybe, sont déportés en Italie comme otages.
En arrivant à Rome, où son exil dura 17 ans (de 167 à 150 av. J.-C), Polybe se lie d'amitié avec le fils de Paul-Émile, Scipion Émilien, ce qui lui vaut de pouvoir rester à Rome sans être soumis à la résidence surveillée comme la plupart de ses compatriotes. Il observa alors le fonctionnement de la constitution politique romaine qu’il décrivit dans le livre VI de ses « Histoires » montrant comment et pourquoi en seulement 53 ans, Rome a réussit à conquérir le monde.
Dans cette étude, Polybe distingue d’abord 6 sortes de régimes politiques : le régime monarchique (pouvoir d’un seul pour l’intérêt de tous, gouverne par persuasion), l’aristocratie (les plus justes et les plus sages sont au pouvoir), la démocratie (régime dans lequel la volonté de la majorité est souveraine avec obéissance aux lois), l’autocratie ou tyrannie (pouvoir personnel et absolu-dictature), l’oligarchie (les pouvoirs sont détenus par une petite partie de la société) et l’ochlocratie (la masse a tous les pouvoirs pour imposer ce qu’elle veut).
Il expose que les trois principaux sont le régime monarchique, le régime aristocratique et le régime démocratique mais que tous trois ont un vice qui naît en eux et les accompagne selon un cycle. Cette théorie cyclique de la succession des régimes (l’anacyclose) qui a été exposée par Platon dans « la République » est reprise par Polybe qui explique un cycle en 6 phases faisant basculer la monarchie vers la tyrannie, l’aristocratie lui faisant suite avant de se dégrader en oligarchie. Vient ensuite la démocratie qui sombrera dans la sixième phase, le pire des régimes selon Polybe : l’ochlocratie.
A Rome, c’est à cette époque, après la libération du joug étrusque et la chute de la monarchie de Tarquin Le Superbe, l’établissement de la « Res Publiqua », (république) qui garantit la souveraineté de l’Etat et de ses membres. Selon Polybe, c’est la répartition du pouvoir entre trois organes interdépendants qui concourt à l’unité du système politique romain. Mais cette répartition du pouvoir s’apparentant à une constitution mixte est-elle la solution à la stabilité des régimes politiques ?
On verra donc à travers l’analyse des trois fragments du livre VI comment Polybe présente la pluralité des institutions de ce régime (I) avant de voir comment ces institutions interagissent dans un but d’autorégulation des pouvoirs (II).
I – La pluralité des institutions politiques de la république romaine
Les prérogatives de chacun, si elles sont multiples, sont strictement définies au sein de l’institution romaine (A) donnant lieu à une répartition des pouvoirs (B)
- Les prérogatives de chacune des institutions romaines
Il définit clairement tour à tour les prérogatives de chacune des institutions Romaines.
Tout d’abord, les consuls qui sont des hommes qui sont passés auparavant par les autres magistratures par les autres magistratures et qui sont arrivés au bout de leur « cursus honorum », Au nombre de deux, ces consuls détiennent l’imperium qui se divise en deux :
L’imperium domi : (compétences civiles) : Les consuls (fragment XII), ont autorité sur les affaires publiques (l2 « Les consuls, … résident à Rome et ont la haute main sur toutes les affaires publiques »). C’est la thèse selon laquelle ils ont à Rome le contrôle de la vie politique, les autres magistrats leur étant subordonnés. (L 2 et 3« Tous les autres magistrats, à l'exception des tribuns, sont placés sous leurs ordres. »)
Ils peuvent convoquer le Sénat (l.2 à 4« C'est eux qui introduisent les ambassadeurs dans le Sénat, qui provoquent les délibérations dans les cas urgents et qui promulguent les sénatus-consultes ». Les consuls peuvent également convoquer les assemblées populaires (comices centuriates et tributes), c’est-à-dire des assemblées populaires. Ils les ouvrent par ses auspices et les présidents (l 5 et 6 « Ils ont également à s'occuper de toutes les affaires qui doivent être réglées par le peuple, à convoquer l'assemblée, à proposer les décrets, à appliquer les décisions de la majorité. ») Les consuls détiennent également un pouvoir important dans le domaine financier. Ils sont pour cela accompagnés de questeurs qui leur sont subordonnés (l 10 à 12 « Ils sont libres d'engager sur les fonds de l'État les dépenses qu'ils veulent ; un questeur les accompagne, mais il n'a d'autre rôle que d'exécuter immédiatement tous leurs ordres. »)
L’impérium militae : (compétences militaires) : Dans le domaine de la guerre, les consuls sont les chefs des armées. Ils s’occupent de tout ce qui touche à la vie militaire. Ils commandent les expéditions militaires, décident de la stratégie avec un pouvoir quasi absolu (l 7 à 10 « En ce qui concerne la préparation de la guerre et la conduite des opérations, leur pouvoir est presque absolu. C'est à eux de fixer le contingent que doivent fournir les alliés, de nommer les tribuns militaires, de faire les levées, de choisir les hommes propres au service ; de plus, en campagne, ils ont le droit de punir qui bon leur semble »).
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