Commentaire d’arrêt : Civ. 3e , 21 septembre 2011
Commentaire d'arrêt : Commentaire d’arrêt : Civ. 3e , 21 septembre 2011. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yelena Kameneva • 15 Octobre 2016 • Commentaire d'arrêt • 1 702 Mots (7 Pages) • 3 174 Vues
Commentaire d’arrêt : Civ. 3e , 21 septembre 2011
Qui s’interroge sur la cause répond à la question « cur debetur » : pourquoi quelque
chose est-il dû, pourquoi les parties ont-elles contractées ? Dans le droit des
obligations, la cause de l’obligation du débiteur est le but immédiat et direct qui le
conduit à s’engager. La cause est l’un des éléments essentiels du contrat. L’article
1131 du Code civil précise que « l'obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou
sur une cause illicite, ne peut avoir aucun effet » et peut donc être frappée de nullité.
La question tranchée par la troisième chambre civile de la Cour de cassation, par un
arrêt du 21 septembre 2011 , constitue une illustration de cette énoncé.
La Ville de Cannes avait consenti à la société Noga Hôtel Cannes, un bail à
construction d’une durée de soixante-quinze ans sur un terrain. En contrepartie de la
jouissance, la société s’était engagée à faire construire un ensemble immobilier
comprenant hôtel de luxe, casino, salle de spectacle, galeries commerciales et
parkings, d’un montant d’une centaine de milliers d’euros et à acquitter un loyer
annuel de 726,25 euros. Peu après, les banques créancières de la société hôtelière ont
obtenu l’attribution dudit bail à construction à une société tierce. La ville de Cannes
saisit alors le tribunal. La ville de Cannes a agi pour pouvoir constater, à titre
principal, l’inexistence du contrat et, à titre subsidiaire, sa nullité pour absence
d’objet, actions soumises l’une et l’autre à la prescription trentenaire de l’article 2262 ancien du Code Civil, applicable en la cause. Débouté par les juges du fond, qui ont
préféré retenir la nullité du bail pour absence de cause, dont le support était une action
soumise à la prescription quinquennale, le demandeur a formé un pourvoi au moyen,
d’une part, que l’existence d’un bail implique la fixation d’un loyer sérieux, d’autre
part, que le contrat sans prix sérieux est nul de nullité absolue, si bien que son action
est quoi qu’il en soit soumise à la prescription trentenaire de droit commun.
On peut alors se demander si , la conclusion d’un contrat de bail à un prix dérisoire ,
constitue une inexistence de contrat , une nullité absolue ou relative du contrat ?
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi au motif que « la cour d’appel a retenu à bon
droit que le contrat de bail à construction conclu pour un prix dérisoire ou vil n’était
pas inexistant mais nul pour défaut de cause et en a exactement déduit que l’action en
nullité de ce contrat, qui relevait d’intérêt privé, était, s’agissant d’une nullité relative,
soumise à la prescription quinquennale de l’article 1304 du Code civil » .
D’après la décision de la cour , il convient de s’intéresser dans un premier temps , à la
question de l’inexistence du contrat de bail dû à un loyer dérisoire ( I ) . Puis ,
dans un second temps , il faudra s‘intéresser à la nullité du contrat de bail pour
absence de cause ( II ) .
I / L’inexistence du contrat de bail dû à un loyer dérisoire
Dans cet arrêt , dans un premier temps , la cour de cassation rejette l’hypothèse de
l’inexistence du contrat de bail ( A ) . On retrouve également , dans un second temps ,
la notion de loyer dérisoire mis en avant par la doctrine ( B ) .
A / Rejet de l’hypothèse d’inexistence du contrat de bail
La ville de Cannes souhaite « à titre principal , constater l’inexistence du contrat de
bail à construction » , ce qui lui permettrait de récupérer le terrain et les constructions
de la société Noga Hôtel Cannes . Cependant , cette demande est rejetée par la Cour
d’appel . En effet , celle-ci démontre « que le prix dérisoire affectant
la convention de bail à construction ne pouvait être sanctionné par l’inexistence du
bail ».Selon un certain courant doctrinal il conviendrait de faire un sort particulier aux
situations et aux rapports de droit qui n'ont pu être efficaces en raison de ce qu'il
manquait à leur validité un élément constitutif à la fois essentiel et évident . En
l’espèce l’élément manquant est le loyer dérisoire que perçoit la ville de Cannes . Pour
qu’il y ait inexistence d’un bail , il faut tout d’abord que le contrat repose sur un prix
non dérisoire , si ce n’est pas le cas l’inexistence ne bail ne pourra être prononcé . Il
faut donc s’intéresser à la
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