Commentaire de texte: L'association au trône de Robert II par Hugues Capet
Commentaire de texte : Commentaire de texte: L'association au trône de Robert II par Hugues Capet. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Julie Poujade • 17 Février 2016 • Commentaire de texte • 1 824 Mots (8 Pages) • 3 430 Vues
Un véritable chassé-croisé entre carolingiens et Robertiens quant à l’accession au trône avait lieu depuis 888, la volonté d’Hugues Capet en montant sur le trône est de bel est bien en finir avec cette alternance.
L’auteur, Richer de Reims est connu pour avoir écrit une chronique nommé ‘ Histoire ‘ entre 991 et 998 dont la rédaction aurait été encouragée par son maître, Gerbert d’Aurillac. La découverte de cet ouvrage sera faite en 1833, par Georg Heinrich Pertz un historien allemand. Les ‘ histoires ‘ de Richer sont réputées comme étant la ‘meilleure et presque unique source pour étudier l’avènement d’Hugues Capet.’
Le texte que nous étudions a été écrit près de 10 ans après l’évènement qu’il relate. L’an 987 qui nous intéresse dont est marqué par l’accession d’Hugues Capet au trône du royaume de France, or ici ce qui nous intéresse c’est le parallélisme entre cet évènement et un autre, l’association au trône de Robert, le fils d’Hugues capet. Depuis plus d’un siècle maintenant, l’accession au trône est disputée par 2 dynasties, Les Carolingiens qui régnaient en maîtres absolus depuis 768 et les Robertiens dont le premier descendant à monter sur le trône en 888 fut Eudes, fils de Robert le Fort. En effet en 888, l’assemblée des grands procède à l’élection et au sacre d’Eudes.
Le texte commenté peut donc être perçu comme une véritable œuvre documentaire, dont la principale ambition est de relater les faits tout en nous laissant sous-entendre les véritables intentions des protagonistes.
Nous allons nous demander dans quelle mesure, l’élévation au trône de Robert relève-t -elle de la manipulation politique par Hugues Capet afin que sa dynastie dépose celle des carolingiens ?
Pour y répondre, il sera question d’étudier plus profondément ce fameux chassé-croisé entre Robertiens et Carolingiens en en exposant les bons côtés (A) ainsi que les éventuelles nuisances que ce phénomène a pu causer au pouvoir (B). Nous nous tournerons ensuite vers l’aspect politique de la décision de d’Hugues capet en mettant en relief sa volonté d’assoir la dynastie Carolingienne(A) ainsi que l’impact d’une telle décision quant au système successoral. (B)
- Une guerre dynastique
- Le chassé-croisé Carolingien-Robertien, la monté en puissance des grands.
Tout d’abord, il convient de voir les avantages d’une telle alternance.
En 888, l’assemblée des grands, alors composée majoritairement de Francs du Nord, élit Eudes comme successeur de Charles le gros, interrompant ainsi le processus héréditaire de la royauté. De 888 à 898 donc c’est un roi Robertien qui régnera en tant que roi des francs de l’ouest. Néanmoins, cette interruption de la primauté carolingienne fût de courte durée, avant sa mort, Eudes désigne Charles le Simple comme successeur et lui reconnaît le pouvoir. La légitimité carolingienne à l’accession au trône est donc toujours bien encrée. Néanmoins les grands se soulèvent une nouvelle fois en 922 et dépose Charles le Simple du trône pour y assoir le frère d’Eudes ; Robert 1er. Ce phénomène a pour avantage de faire de disparaître le système des partages qui c’était révélé très nuisible pour nuisible pour le Royaume. Mais lorsqu’en 93 6, la royauté carolingienne viens à reconquérir le trône avec Louis IV d’Outre-Mer, on observe une réelle dégradation du pouvoir royal, en effet seul 3 princes viennent alors prêter serment au nouveau Roi, désormais les grands princes gagnent en indépendance. En plus de déposer de nombreuses fois et d’assoir sur le trône les rois qui leur conviennent, et d’ainsi créer une monarchie élective et non héréditaire, ils ne font le choix de prêter serment que lorsque leurs choix politiques leurs imposent cette formalité comme cela sera le cas pour les ducs de Bourgogne, d’Aquitaine et de Goétie.
- La volonté de Capet
Hugues capet héritier de Robert le fort et donc roi Robertien désire quant à lui ‘laisser après son décès un héritier du royaume qui fût reconnu.’ La volonté de Capet est ici bien nette, il souhaite en finir avec l’alternance carolingiens - Robertien et souhaite que le successeur du roi Robertien qu’il est alors soit lui aussi un Robertien, non comme pour ces prédécesseurs qui furent sans cesse suivi par des rois Carolingiens. Richer nous rapporte donc que, que Hugues fait part de son projet à Adalbéron c’est-à-dire, à l’association au trône de Robert 1er son fils. Il faut désormais s’interroger sur la signification réelle d’une telle association, il ne s’agit bien entendu pas d’une désignation comme successeur mais bien d’un couronnement parallèle au règne alors en cours. La méthode n’a alors rien d’inédit, ni même de très ancien puisque déjà pratiquée à Byzance par les maîtres du St empire romain germanique, mais surtout encore utilisée par Lothaire en 979 qui en faisant couronner son fils Louis V le fainéant n’avait fait que retarder l’élection d’Hugues Capet et de faire perdurer encore la dynastie Carolingienne. La volonté de Hugues et assez semblable à celle de son rival, même si le but premier est de mettre fin à l’alternance des dynasties la fin d’une telle alternance ne signifie pas pour Hugues, une victoire de la dynastie carolingienne mais bel et bien une victoire de sa propre dynastie, les Robertiens.
II- Un projet ambitieux
- Les soutiens et oppositions.
Malgré que l’association au trône ne soit pas un cas inédit dans l’histoire, cette pratique n’en reste pas moins assez risquée et controversé par les contemporains de Capet. Bien que les grands semblent alors favorables au projet de capet ‘Hugues se concerta avec les grands, et, après en avoir délibéré avec eux, entretint à Orléans l’archevêque de Reims’ L’archevêque lui refuse tout d’abord son aide, Richer prête d’ailleurs ces mots à Adalbéron ‘L'archevêque lui ayant répondu qu'on ne pouvait régulièrement créer deux rois dans une même année’ Il est intéressant de relever que Capet à souhaiter mettre en œuvre son projet dès son accession au trône. Il est vrai que faire couronner son fils la même année que lui-même paraît un peu précipité. Mais le fait est que le roi est alors déjà âgé pour l’époque (48 ans lors de son couronnement) ce qui pourrait expliquer qu’il soit pour lui une priorité d’avoir la certitude que son fils sera bien le prochain Roi mais se heurte donc au refus de l’archevêque. Pour contrer ce refus, voici ce que richer prête à Hugues Capet ‘exhiba aussitôt une lettre envoyée par Borrel, duc de l'Espagne cistérieure, où le duc demandait des secours contre les Barbares. Hugues affirma qu'une partie de l'Espagne était déjà occupée par les ennemis et que, si les Français n'envoyaient pas des renforts dans les dix mois, tout le pays passerait sous la domination des barbares’ l’Espagne risque donc de tomber entre les mains des Barbares, mais en quoi cela pourrait-il être un argument de poids pour pousser Adalbéron à accepter de servir le projet d’Hugues Capet ? Là encore Richer nous apprends que ‘Il demanda par conséquent qu'on créât un second roi pour que si l'un des deux périssait à la guerre, l'armée eût un chef sur lequel elle pût compter. Il ajouta encore que, si le roi était tué et la pays ravagé, on verrait la division entre les grands, la révolte des méchants contre les bons et la réduction à l'esclavage de toute la nation.’ Pour bien comprendre en quoi l’éventuelle mort du Roi Robertien eût pu influer dans la décision de l’archevêque il faut s’attarder un peu sur les opinions de ce dernier. Adalbéron de Reims fût nommé archevêque par un roi Carolingien, Lothaire. Mais suite à un rapprochement entre Otton II, empereur germanique, Lothaire accusa Adalbéron de trahison et le fît jugé à Compiègne, la mort de Lothaire sauva la vie à Adalbéron, il trouve à la suite de cet épisode le soutien du duc des Francs ; Hugues Capet. Adalbéron est foncièrement opposé au droit héréditaire au trône, or la demande de Capet s’apparente bien là à une sorte d’héritage du trône. Pourtant l’argument utilisé par Capet pour le convaincre a aller contre ses principes à une grande chance d’aboutir. En effet, au-delà du fait qu’Adalbéron est opposé au droit héréditaire, ce dernier a aussi rêvé toute sa vie au retour de l’empire d’Occident, et la prise de l’Espagne par les Barbares ainsi que la mort du roi qu’il considère comme légitime accesseur au trône ne ferait qu’éloigner un peu plus l’espoir du retour de l’empire d’Occident. Pourchassé par le passé par Lothaire et son fils, si un roi Carolingien venait à reprendre le trône à la mort d’Hugues Capet, il y a de fortes chances pour qu’Adalbéron fût exécuté pour la trahison dont l’accusait Lothaire. Il est donc plus judicieux pour l’archevêque de céder à la demande d’Hugues Capet. Richer nous le rapporte en ces mots ‘Le métropolitain comprenant ce qui pouvait arriver céda aux instances du roi, et, tandis que les princes des royaumes étaient réunis le jour de la nativité du Seigneur pour célébrer la cérémonie du couronnement royal, l'archevêque, prenant la pourpre, couronna solennellement Robert, fils d'Hugues, dans la basilique Sainte-Croix, aux acclamations des Francs, puis le fit et ordonna roi des peuples occidentaux de la rivière de la Meuse jusqu'à l'Océan.’ Et Robert alors âgé de 15 ans est couronné par l’archevêque de Reims le 25 décembre 987.
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