Colette, « Jour gris » in Les Vrilles de la vigne
Cours : Colette, « Jour gris » in Les Vrilles de la vigne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mathéo Comte • 25 Février 2023 • Cours • 1 637 Mots (7 Pages) • 4 337 Vues
COLETTE, « Jour gris » in Les Vrilles de la vigne
Situation
Les Vrilles de la vigne, récit autobiographique, rassemble des textes de formes variées, récit, conte, poème en prose, théâtre, chronique. « Jour gris » fait partie d'un ensemble de 4 textes dans lesquels Colette cherche à vivre le présent par la communion des goûts et des expériences. Dans cet extrait, elle s'adresse à son ami qui habite au bord de la mer et évoque pour lui le pays de son enfance.
Lecture
Introduction
Le texte est un discours séducteur où le « je » de la narratrice guide le « tu » du destinataire dans la découverte du pays de son enfance. La description du pays évoqué apparaît très subjective et on y voit s'inscrire un paysage-femme. Pour séduire le « tu », il faut le charmer. L’évocation du pays se fait chant poétique, champ bondissant qui entraîne le « tu » vers un monde enchanté, un paradis. Le « je » lui-même subit l'effet de cet enchantement.
Problématique
Comment l'écriture poétique exprime-t-elle la volonté de recréation du monde ?
Mouvement du texte
I. Description subjective d'un paysage séduisant. L.1 -22
II. Le paysage n'est pas que séduisant. Sa description apparaît aussi comme la quête douloureuse du monde perdu de l’enfance.
I La description subjective d'un paysage séduisant.
Dès la première phrase, la narratrice affirme sa fusion avec le pays évoqué, « j'appartiens », mais il est impossible au lecteur de situer ce lieu précisément. Il s'agit d'»un pays ». Le nom est introduit par un article indéfini. D'ailleurs, les indications de lieu, peu précis, présents dans la suite du texte, confirment que tout se passe comme si ce lieu était constitué en secret.
Le passé composé, « j'ai quitté » associé au présent, « j'appartiens », exprime que malgré son départ, la narratrice vit dans le souvenir de cette communion avec son pays.
Le pronom personnel sujet de la 2e personne du singulier « tu » et les verbes au présent de l’indicatif « j'appartiens » et « peu » ainsi que le passé composé « j’ai quitté » montrent qu'il s'agit d'un discours.
Dès la 2e ligne, on relève l'aspect pictural récurrent de la description dans le jeu de lumière « au soleil », ainsi qu'une personnification « chevelure embaumée », qui renvoie à un paysage-femme, confirmé dans la suite du texte.
Relevons également une notation sensorielle valorisante « embaumée ». L'indication géographique vague « forêts » précisée par « l'herbe profonde », « le pied des arbres » vise à donner à voir ce pays sans réel souci d'organisation.
On relèvera des structures syntaxiques parallèles « Tu ne peux empêcher qu’à cette heure... »/ « Rien ne peut empêcher qu à cette heure... » qui marquent la montée de l'émotion du « je » par vagues successives.
L'aspect pictural est présent, avec l'adjectif de couleur vert valorisé par l'adjectif délicieux dans une fusion des sens : la vue (vert) / le goût (délicieux).
Le manque du pays est exprimé par la proposition subordonnée relative « dont mon âme a soif ».
À noter la présence des « ... « qui soulignent l'émotion que provoque l'attachement au pays. Ils créent aussi une attente, comme si on ne pouvait pas tout dire.
L'opposition entre le « je » qui sait « que je te dise tout bas » et le « tu » qui ne sait pas est soulignée par l'emploi du pronom personnel accentué « toi » dans « toi qui l'ignores ». Le « je » détenteur du savoir va donc devenir guide et initiateur et montrer le chemin au « tu ».
L'anaphore, du verbe venir au présent de l'impératif marque la première étape du parcours « Viens ».
Dans la stratégie de séduction, la sollicitation du « tu » par le jeu des sens vise à le rapprocher d'un pays inconnu de lui. D'abord, on relève une notation olfactive « le parfum », Puis s'impose l'aspect pictural de la description dans les jeux de couleur « la fraise et la rose ». Il s'établit même une fusion des sens. « La fraise et la rose » sollicitent le goût, l'odeur et la couleur.
Au fil des réminiscences du « je », surgit une nouvelle vague d'émotion introduite par l'anaphore du verbe au présent du conditionnel « tu jurerais ».Dans la première phrase, première étape de cette montée de l'émotion, « les taillis de ronces en fleurs » et le « fruit qui mûrit » permettent d'identifier le printemps. Mais on ne peut situer le lieu, car les informations spatiales, certes nombreuses, restent cependant fort vagues : « on ne sait où », « là-bas », « ici », « tout près ».
Fusion des sens : le toucher (fruit insaisissable) /l’odorat (qu’on aspire en ouvrant les narines)
Dans la 2e phrase, on est en automne, avec « les feuillages tombés » et « la pomme trop mûre ». Les saisons se succèdent sans ordre chronologique et à la ligne 12, on se retrouve au mois de juin. À noter la référence à la pomme, fruit de la tentation.
Fusion des sens : « pomme trop mûre » (toucher et goût), « elle vient de choir » (ouïe )., « tu la flaires » (odorat).
On étudiera plus particulièrement la structure grammaticale anaphorique de la phrase initiale des paragraphes 2 et 3 qui décrivent un hypothétique retour au pays de l’enfance :
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