Colette, Les Vrilles de la vigne, « Belles-de-jour », 1908.
Dissertation : Colette, Les Vrilles de la vigne, « Belles-de-jour », 1908.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar y.chouat10 • 25 Janvier 2023 • Dissertation • 901 Mots (4 Pages) • 1 146 Vues
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1 – Commentaire (20 points) :
Objet d’étude : le roman et le récit du Moyen-Âge au XXIe siècle.
Colette, Les Vrilles de la vigne, « Belles-de-jour », 1908.
1 5 10 15 20 25 30 | Pour Charles Saglio. [1] La guêpe mangeait la gelée de groseilles de la tarte. Elle y mettait une hâte méthodique et gloutonne, la tête en bas, les pattes engluées, à demi disparue dans une petite cuve rose aux parois transparentes. Je m’étonnais de ne pas la voir enfler, grossir, devenir ronde comme une araignée… Et mon amie n’arrivait pas, mon amie si gourmande, qui vient goûter assidûment chez moi, parce que je choie [2] ses petites manies, parce que je l’écoute bavarder, parce que je ne suis jamais de son avis… Avec moi elle se repose ; elle me dit volontiers, sur un ton de gratitude, que je ne suis guère coquette, et je n’épluche point son chapeau ni sa robe, d’un œil agressif et féminin… Elle se tait, quand on dit du mal de moi chez ses autres amies, elle va jusqu’à s’écrier : « Mes enfants, Colette est toquée [3], c’est possible, mais elle n’est pas si rosse [4] que vous la faites ! » Enfin elle m’aime bien. Je ressens, à la contempler, ce plaisir apitoyé et ironique qui est une forme de l’amitié. On n’a jamais vu une femme plus blonde, ni plus blanche, ni plus habillée, ni plus coiffée ! La nuance de ses cheveux, de ses vrais cheveux, hésite délicatement entre l’argent et l’or, et Loysel [5] dut faire venir de Suède la chevelure annelée [6] d’une fillette de six ans, quand mon amie désira les « chichis » réglementaires qu’exigent nos chapeaux. Sous cette couronne d’un métal si rare, le teint de mon amie, pour ne point en jaunir, s’avive de poudre rose, et les cils, brunis à la brosse, protègent un regard mobile, un regard gris, ambré, peut-être aussi marron, un regard qui sait se poser, câlin et quémandeur, sur des prunelles masculines, câlines et quémandeuses [7]… Telle est mon amie, dont j’aurai dit tout ce que je sais, si j’ajoute qu’elle se nomme Valentine avec quelque crânerie [8], par ce temps de brefs diminutifs où les petits noms des femmes – Tote, Moute, Loche, – ont des sonorités de hoquet mal retenu… « Elle a oublié », pensais-je patiemment. La guêpe, endormie ou morte de congestion, s’enlisait, la tête en bas, dans sa cuve de délices… J’allais rouvrir mon livre, quand le timbre grelotta [9], et mon amie parut. D’une volte [10], elle enroula à ses jambes sa jupe trop longue et s’abattit près de moi, l’ombrelle en travers des genoux, – geste savant d’actrice, de mannequin, presque d’équilibriste, que mon amie réussit si parfaitement chaque fois…
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| Notes :
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2 – Dissertation (20 points) :
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