Cours de sociologie

Cours de sociologie 2

A destination des élèves infirmières de la Croix Rouge du Mans

Elena Pennec, doctorante en sociologie à l’université de Tours, laboratoire Citères.

Plan du cours

La socialisation secondaire

• La socialisation professionnelle
• Les transformations du travail

• La fragilisation des liens sociaux
• Les nouveaux liens sociaux

Représentations sociales sur la santé et la maladie

• Selon les classes sociales
• Selon les cultures
• Construction sociale de la maladie
• Représentations des professionnels et des profanes

La socialisation secondaire

• La socialisation secondaire

La socialisation secondaire se déroule après l’enfance et l’adolescence; elle consiste en un processus qui permet d’intégrer un individu déjà socialisé, dans de nouveaux secteurs de la société dans laquelle il vit. La distinction entre socialisation primaire et socialisation secondaire permet de souligner que la socialisation ne s’arrête pas à l’enfance, c’est un processus jamais achevé qui se poursuit tout au long de la vie des individus, construit l’identité des individus qui n’est donc pas figée à la sortie de l’enfance.

Dans les sociétés plus traditionnelles (rurales), la socialisation secondaire se développait essentiellement au sein de la famille élargie, fondement de l'intégration sociale : les individus étaient liés à la famille pour leur protection et leur reconnaissance (Cf. Durkheim, la solidarité mécanique). Dans les sociétés modernes, les instances de la socialisation secondaire se sont individualisés, c’est une « juxtaposition de groupes différents - ou de cercles sociaux - qui s'entrecroisent de façon unique en chaque individu » pour construire l’identité (Paugam, 2012). Les lieux de cette socialisation secondaire sont le voisinage, le couple, les groupes d'amis, les groupes d’appartenance , les communautés (associatives, politiques, religieuses, sportives, culturelles), le travail, les réseaux sociaux.

Au cours de ses apprentissages sociaux, l'individu est contraint par la nécessité de s'intégrer, mais en même temps, il est autonome dans la mesure où il peut construire lui-même son

réseau d'appartenances. Cette socialisation présente un « caractère électif » qui laisse aux individus la liberté réelle d'établir des relations interpersonnelles selon leurs désirs, leurs aspirations et leurs valeurs, contrairement au lien familial, où l'individu n'a pas de liberté de choix. Ce qui caractérise, en sociologie, l’individualisme c’est-à-dire l’accroissement de l’autonomie de l’individu par rapport aux règles collectives. Mais cette liberté est relative et reste en partie encadrée par une série de déterminations sociales (Paugam, 2012).

Ex : le choix du conjoint, de ses amis est le plus souvent choisi dans son milieu social d’origine.

• La fragilisation des liens familiaux ?

La recherche d'autonomie caractérise aujourd’hui les relations familiales (Ex : souci du « chacun chez soi » de la famille nucléaire sur le reste de la parenté), si le lien familial subsiste, la dépendance entre les générations est dorénavant fortement dévalorisée. Ce qui n’empêche pas les relations d’entraide :

Les affinités dans les relations familiales : Si l’individu est moins dépendant de ces relations familiales, il est plus que jamais attaché à la qualité des relations interpersonnelles. Les relations familiales se personnalisent (De Singly, 2013) et l’entraide se noue avec certains membres de la famille avec lesquels on est proches.

Elles conservent un rôle très important dans la question du soin notamment:

Ex : Dans un contexte où les soins en ambulatoire, l’hospitalisation à domicile se développent, on reconnait de plus en plus un rôle aux familles. Les proches parents des malades et plus particulièrement les femmes, acquièrent et développent des connaissances et savoirs faires multiples pour produire de la santé (Les soins envers les parents âgés, les proches en dépression, etc).

Il est important pour les soignants de considérer la famille, l’entourage comme un acteur de la santé (Cresson, 2010).

La configuration élargie de liens sociaux renforce l'autonomie de l'individu , exige des individus forts, capables de trouver en eux-mêmes et dans leur entourage les ressources pour faire face aux épreuves de la vie mais elle peut s'accompagner, dans certains cas, de fragilités spécifiques : abandonner davantage l'individu à lui-même et le priver en partie des protections du groupe restreint. Dans Le Suicide et La Division du Travail social, Durkheim soulignait les dangers d’une solidarité organique qui, trop poussée (diversification des appartenances mais liens sociaux moins solides), peut entraîner l'isolement : l’individu n’est pas en capacité de recréer rapidement des liens si les siens sont rompus. Une crise du lien social peut alors apparaître si l'isolement l'emporte sur la solidarité (Symptôme: un taux de suicide élevé).

• La socialisation professionnelle Appartenance sociale

Rappel : Pour Durkheim, l'intégration des individus au système social passe par leur intégration au monde du travail, ce qui leur assure une fonction précise, interdépendante des autres fonctions dans l'organisation du travail, et par conséquent une utilité sociale. Cette conception repose sur la notion de solidarité organique caractéristique des sociétés modernes.

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La socialisation professionnelle permet aussi une reconnaissance sociale : par l’intermédiaire d’un revenu, elle donne un accès à la sphère de la consommation marchande et permet de s’y faire reconnaître : la consommation procure un certain statut social.

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