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Travailler moins est-ce vivre mieux ?

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Par   •  20 Mars 2019  •  Dissertation  •  3 097 Mots (13 Pages)  •  1 796 Vues

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Les Modernes voient en l’homme un animal fabricateur, voué par nature au travail et s’y accomplissant. Mais l’opinion des Anciens diffère de celle des Modernes. En effet, les Anciens méprisaient le travail, et s’en déchargeaient donc volontiers sur leurs esclaves. C’est qu’à leurs yeux, on ne pouvait vivre de manière pleinement humaine qu’à condition d’être libéré de la contrainte du travail et de se consacrer à des activités plus nobles et plus enrichissantes. Mais ici, selon les deux opinions différentes, se pose la question de la place du travail dans la vie de l’Homme. En effet, nous pouvons nous demander quelle place occupe ou doit occuper le travail dans la vie de l’Homme afin que celui-ci soit dans une perspective de bonheur. Travailler moins serait-il vraiment la solution pour vivre mieux ? Si nous nous intéressons à l’étymologie latine du mot « travail », tripalium, nous percevons alors cette activité comme « un instrument de torture ». Mais il faut savoir que le travail désigne également l’action par laquelle l’Homme transforme la nature afin de l’adapter à ses besoins ou à ses désirs. Dans ce sens, le travail est un processus continu visant à acquérir le bonheur, soit quelque chose de durable. Le problème c’est que l’Homme se doit de s’épanouir dans son travail afin d’être heureux en permanence. Mais si on s’intéresse à l’étymologie du travail, nous constatons que son processus nous apporte seulement contrainte t souffrance. Cependant, aujourd’hui, sans le travail, l’Homme serait probablement perdu.

Mais alors, le travail serait-il un obstacle ou une condition à) l’accomplissement du bonheur chez l’Homme ? De plus, l’Homme ne se serait-il pas infligé cette tâche lui-même afin de lutter contre une peur bien plus grande ? Faudrait-il renoncer au travail au nom de notre bonheur ou renoncer à la conception classique du bonheur au profit du travail qui nous est vital ?

Ces questions sont importantes car il semblerait que l’Homme soit dans l’obligation de faire un choix. Cela pose l’impression que l’Homme doit renoncer à la manière dont celui-ci se construit, soit par le travail.

Premièrement, nous verrons que le travail est une condition de l’accomplissement du bonheur chez l’Homme, puis nous nous demanderons su le travail ne serait pas plutôt un obstacle à l’accomplissement de son bonheur. Enfin, cela nous mènera à nous demander si nous ne nous sommes pas infligés ce processus de travail nous-même, afin d’en oublier notre plus grande peur.

Le travail est, pour Marx, le propre de l’Homme. Pour lui, c’est dans et par le travail que l’Homme doit pouvoir s’identifier socialement et ainsi se sentir existant, et pas seulement en vie. En travaillant, l’Homme fait ce pour quoi il est fait. Il accomplit sa nature, sa fonction propre. Mais si on peut dire, en un sens, des animaux comme l’araignée ou l’abeille travaillent, c’est un sens très différent qu’on le dit de l’Homme. En effet, l’animal, lui, travaille de manière instinctive (il est déterminé), donc de manière mécanique, tandis que l’Homme, lui, travaille de manière consciente et surtout volontaire. Les animaux, tel que l’araignée ou encore l’abeille, ne peuvent en effet pas travailler de manière consciente car elles ne sont pas dotées de « logos », donc de raison, qui les pousseraient à penser mais aussi à douter et donc à prendre déjà conscience de soi comme l’explique Descartes dans les méditations métaphysiques : « je pense donc je suis ». L’Homme réalise un projet dont il a besoin et prend conscience de le faire contrairement à l’animal. Comme le dit Marx, « ce qui distingue le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche ». En effet, l’abeille ne peut se tromper et réussi toujours son rôle, car elle emploie toujours le même processus de travail. Comme l’Homme a le pouvoir d’innover en ayant conscience, il a de plus forte chances de rater son travail. Mais l’Homme préfère prendre des risques afin d’exister mais surtout de survivre. Comme nous l’avons vu auparavant, l’Homme se sent exister grâce à son travail. C’est pourquoi un architecte mauvais préfèrera rester mauvais que devenir chômeur même si son salaire reste bas. En effet, notre société est une société de travailleurs. Si l’architecte devenait chômeur, par la suite il se sentirait probablement effacé de la société puisqu’il deviendrait inutile. Il se considèrerait seulement comme survivant, son corps est là mais son esprit ne peut plus s’affirmer par la création dans le travail qui permet à son âme de s’exprimer. Karl Marx affirme donc que le travail est l’essence de la vie humaine.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel était allé plus loin en affirmant que lorsque le travailleur travaille, certes il transforme les choses, mais surtout il se transforme lui-même et prend conscience de soi, car, en fait, l’Homme transforme surtout la nature à son image, et ainsi se reconnaît dans son œuvre. Chaque travailleur, par son œuvre, ressent une « satisfaction restant ainsi purement subjective : elles n’intéressent que lui et ne peuvent donc être reconnues que par lui », affirme Hegel dans La phénoménologie de l’esprit. Le travail permet alors à tous les travailleurs de s’extérioriser par leurs œuvres. De plus, Hegel dit que « le travail transforme le monde et civilise, éduque l’Homme », car l’Homme, de part ses erreurs professionnelles, apprend et adapte de nouvelles techniques de travail. Il reçoit une éducation positive grâce au travail. En effet, l’Homme, grâce à sa mémoire, à sa réflexion et surtout à son intelligence, peut apporter de nouvelles connaissances afin de développer ses capacités. Ici, sa culture s’établit en continuité par rapport à la nature, puisque l’instruction permet à l’Homme de réaliser ce dont il est capable naturellement. Dans un extrait de La phénoménologie de l’esprit, l’auteur nous montre bien comment l’esclave apprend, se forme et devient plus fort grâce qu travail, alors que le maître, lui, s’affaiblit dans l’oisiveté, car il « détruit seulement les produits du travail de l’esclave ». Mais nous comprenons alors que le rapport de force s’inverse car, en fait, l’esclave devient finalement le maître du maître car celui-ci « ne produit rien de stable en dehors de soi », car il ne fait que consommer. Nous comprenons ainsi que le processus de travail est indispensable à l’Homme afin que sa nature s’exprime. Hegel tient alors le travail pour l’être même de l’Homme.

Mais ce point de vue semble surtout figurer dans le Protagoras de Platon. Ce mythe raconte que deux

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