Travailler :est-ce contre nature ?
Dissertation : Travailler :est-ce contre nature ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mephitua • 14 Mars 2018 • Dissertation • 2 477 Mots (10 Pages) • 5 770 Vues
Malo DROUET
Philosophie
Dissertation
Sujet : Travailler : est-ce contre-nature ?
Signifiant étymologiquement « torture » en latin, le travail au sens commun paraît sans trop y réfléchir, contre-nature dans le sens où il est contraignant. Néanmoins, certains philosophes définissent le travail comme spécifiquement humain, et c'est le cas de Marx. Ses idées sont à considérer dans un premier temps pour mieux relativiser la vision actuelle que l'on a du travail et mieux le comprendre dans son essence. Définir le travail humain nous permet également de saisir en quoi il est un moyen pour l'homme de se réaliser. Toutefois, cette idée se heurte notamment à l'aliénation du travail, et c'est pourquoi il faut la relativiser.
Pour commencer, il semble intéressant d'étudier le mot travail et de montrer qu'en certains sens que nous définiront, le travail est naturel.
C'est précisément ce que s'est efforcé de faire Marx dans son ouvrage Le Capital. L'auteur définit d'abord le travail comme ayant une origine naturelle. Il développe premièrement qu'il s'agit d'un « acte qui se passe entre l'homme et la nature ». Par là, il faut comprendre le travail comme étant une association de l'homme avec les éléments naturels. Pour Marx, le travail humain est la transformation de la nature. Et transformer, c'est ce que font les cellules dans notre corps et les atomes dans l'univers, c'est ce que fait la nature en général et notre maintient en vie en découle. Par conséquent, le travail humain en tant que transformation est la continuité de la vie naturelle et de ses mutations qui nous permette de vivre. Attention, l'idée n'est pas que le travail comme transformation nous maintient en vie, mais qu'il est justement dans le prolongement des mutations de la nature, qui assurent notre maintient en vie dans cette nature. Le travail serait donc le lien entre les hommes et la nature, il est définitivement associé à cette dernière et en ce sens on peut clairement le considérer comme naturel. Le travail n'est, de ce point de vue, assurément pas contre-nature, dans la mesure où l'on considère contre-nature comme étant contre ce que la nature aurait voulue. Mais si l'on donne un autre sens à cette notion, cette conclusion reste discutable. On constate ainsi qu'il est tout aussi essentiel de définir le travail que de définir ce qu'on entend par contre-nature. Considérons-la pour le moment comme nous l'avons définie précédemment, nous la redéfiniront à l'instant jugé convenu.
Deuxièmement, le travail est aussi la nécessité naturelle de satisfaire ses besoins vitaux. On entend par là ce dont l'homme a besoin pour survivre. Si l'homme travaille pour survivre il est donc clair qu'il n'est pas contre-nature.
Le travail humain se définit enfin par trois choses. Premièrement, la capacité de l'homme à réfléchir à son action avant de l'effectuer. Deuxièmement, celle à différer son action dans le temps en réalisant son action via des intermédiaires. En découle troisièmement son aptitude à remettre à plus tard la recherche de la satisfaction du désir et par conséquent sa reconnaissance du travail comme étant contraignant. Marx est aussi à l'origine de cette caractérisation du travail humain et écrit que ce qui définit en partie le travail humain est cette capacité de l'homme à penser son action avant de la réaliser. « Le résultat auquel le travailleur aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. » Cela signifie que l'homme réfléchit à ce qu'il va concevoir avant de le faire, et cela est propre à l'homme, lui appartient. En fait, la différence entre les hommes et animaux au niveau du travail est que les animaux réalisent des travaux de manière instinctive, alors que l'homme le fait de manière pensée. Dans le même texte cité précédemment, Marx développe ensuite une loi selon laquelle le travail est définit par un ensemble de tâches successives à effectuer pour parvenir à l'aboutissement d'une tâche finale. En d'autres termes, pour obtenir A, l'homme doit effectuer B, ce qui implique qu'il réalise C au préalable. C'est une loi au sens où l'application de B et C est imposée, l'homme est obligé de réaliser ces deux étapes intermédiaires pour avoir A. Le travail humain est donc organisé et différé dans le temps, c'est son deuxième caractère. Le dernier est l'aptitude de l'homme à remettre à plus tard sa recherche du désir et à en déduire que le travail est contraignant. En suivant la loi énoncée par Marx, le travailleur divise son travaille en étapes par lesquelles il doit absolument passer, même s'il ne le veut pas. C'est en cela que le travail est perçu comme contraignant, l'homme se doit de passer par des intermédiaires alors qu'il n'en a pas forcément envie. Marx explique aussi que ces étapes (B et C dans l'exemple) nécessitent un contrôle constant, une « attention soutenue », et c'est contraignant. Le fait que l'homme reconnaisse le travail comme contraignant se fait également lorsqu'il se rend compte que la recherche de la satisfaction du désir ne pourra se faire qu'après les tâches effectuées. Cette recherche ne se fait en effet qu'après le travail fait, et comme la réalisation du but final est différée, cette recherche l'est également, ceux qui peut paraître pénible pour le travailleur. Le travail étant définit comme spécifiquement humain par ces 3 caractères, il n'est donc pas contre-nature au sens où il n'est pas contraire à un ordre de fins au niveau de l'homme. Autrement dit, en définissant contre-nature par quelque chose contraire à la vocation de être particulier qu'est l'homme, le travail étant humain, il n'est pas contre l'homme et n'est donc pas contre-nature.
Le travail ainsi défini comme spécifiquement humain, il n'est donc pas animal. C'est en effet la manière dont l'homme travaille qui le différencie des animaux. On peut résumer le travail de l'homme par d'un côté la transformation de la nature, et d'un autre côté comme étant une activité réfléchie.
Du fait de ces deux aspect qui posent les distinctions entre l'homme et l'animal, le travailleur va donc se sentir humain. Car si le travail est ce qui définit l'opposition entre l'homme et les animaux, il est donc quelque part ce qui définit l'être humain. Autrement dit, un homme qui travaille de manière spéciale (la manière humaine) n'est pas définit comme animal, mais comme être humain. Le travaille, d'un certain côté définit l'homme. Et cela a au moins pour conséquence le fait que l'homme, qui, part son travail, se rend compte d'une part qu'il est différent des animaux, et d'autre part qu'il est humain. Il est important de préciser ces deux aspects pour mieux comprendre comment le travail permet la réalisation de l'homme, lui permet de se définir en tant que tel. En ce qui concerne le premier (l'homme qui prend conscience qu'il est différent des animaux), cela change le rapport qu'a l'homme à la nature. Il se sent en effet supérieur aux animaux, et saisit par là qu'il n'appartient pas à ce groupe d'êtres vivants mais qu'il relève d'un autre groupe. Le deuxième aspect de la conséquence en découle. L'homme saisit qu'il n'est pas définit par le premier groupe mais par un autre. Il réalise donc qu'il est un être à part entière, différent, ayant une position spéciale dans la nature. Il prend conscience de soi. C'est la théorie de Marx : « par la production pratique (…) l'homme s'affirme comme un être conscient (…) ». L'homme s'affirme dans son travail, il acquiert la conscience de lui-même de part le travail. Cela revient à dire que l'homme prend conscience de ce qu'il est grâce au travail, que ce dernier est donc le moyen pour l'homme de se réaliser, c'est à dire de se définir en tant qu'être humain. Il est à noter que l'homme se rend compte qu'il a un statut à part dans la nature non pas uniquement parce qu'il se distingue des animaux mais également car il s'émancipe de la nature. Cela a toujours un rapport avec le travail. En effet, les activités productrices de l'homme (c'est à dire le travail) interviennent dans la nature et la modifient. L'être humain a donc un pouvoir sur la nature puisqu'il peut la transformer plus ou moins comme bon lui semble. Il n'est donc plus partie intégrante de la nature mais une force naturelle qui la dépasse dans la mesure où il peut aussi créer des éléments naturels. L'homme se retrouve donc dans une position unique qui le définit, et ce grâce au travail.
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