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Commentaire discours de U'Thant en 1963

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Par   •  2 Mars 2018  •  Dissertation  •  2 560 Mots (11 Pages)  •  1 892 Vues

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DM D’HISTOIRE

1) Ce document est un extrait du discours politique prononcé par U’Thant, le secrétaire général de l’ONU, au dîner de l’association américaine pour les Nations-Unies, le 11 novembre 1963.

U’Thant, né le 22 janvier 1909 à Pantanaw en Birmanie, devient le troisième secrétaire général de l’ONU de 1961 à 1971 après avoir occupé plusieurs postes au sein du gouvernement birman ainsi qu’un poste au sein de la délégation birmane aux Nations Unies. Au cours des dix années passées à la tête de l'ONU, il suscita l'admiration pour son intégrité et son talent de négociateur patient et subtile.

Dans ce discours, U’Thant analyse les relations internationales de son époque en abordant les thèmes de la guerre froide, de la décolonisation et du contraste Nord/Sud. Il s’y exprime au nom de l’ONU, l'Organisation des Nations Unies, créée en 1945, par la Charte de San Francisco dont 51 états étaient signataires à son origine. Ses objectifs sont de faciliter la coopération dans le droit international, la sécurité internationale, le développement économique, le progrès social, les Droits de l’homme et la réalisation à terme de la paix mondiale.

Les années 60 sont principalement marquées par trois grands sujets. D’abord, les rapports conflictuels nés entre les deux grandes puissances mondiales victorieuses de la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis et l’URSS, dont la rivalité ne cesse de s’intensifier dans un contexte de « Guerre Froide ». Ce discours a cependant été prononcé un an après la crise de Cuba et dans une période dite de « coexistence pacifique » entre les deux superpuissances mondiales. Ensuite, le conflit de la décolonisation, encore inachevé à la date du texte, marque également cette époque. L’Asie fût décolonisée dans les années 1940 et 1950, l'Afrique essentiellement entre 1957 et 1963, à l'exception des colonies portugaises qui n'accèdent à l'indépendance qu'en 1975, créant de fortes tensions sur le continent africain. Enfin, les pays développés connaissent une phase de croissance sans pareil : les « Trente glorieuses ». Entre 1960 et 1973 le volume des échanges internationaux triple et les pays ou régions riches, comme l'Europe, le Japon ou les Etats-Unis, en sont les principaux acteurs et bénéficiaires. Cette expansion économique des pays développés contribue à creuser le fossé entre les pays riches et les pays pauvres.

2) Dans le premier paragraphe du texte, l’auteur fait allusion à la situation de « Guerre Froide » qui est apparue sur la scène internationale au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Face à des accords non respectés et à la forte expansion soviétique, les Etats-Unis lancent en 1947 la doctrine Truman ayant pour but d’empêcher l’URSS d’étendre davantage son influence. Cette doctrine est concrétisée le 5 juin par le Plan Marshall qui propose une aide économique aux « peuples libres » européens pour les aider à se relever économiquement afin d’échapper au régime soviétique. C’est ainsi que débute ce conflit, qui est avant tout d’ordre idéologique puisqu’il oppose les deux modèles des superpuissances de l’époque : le modèle américain et le modèle soviétique. Le modèle politique des Etats-Unis, se présentant comme le chef de file du « monde libre », s’est conforté après la victoire de 1945. Il est basé sur le fédéralisme instituant un stricte partage entre les Etats et l’Union. Il s’agit d’une démocratie où l’électeur a le choix entre plusieurs partis lors des élections.  S’ajoute à cela une supériorité économique écrasante : la maîtrise absolue de la technologie, des ressources disponibles immenses, une recherche-développement intense et un marché intérieur qui ne cesse de s’élargir. Ils ont un modèle économique capitaliste libéral dominé par de très puissantes entreprises, basé sur la propriété privée des moyens de production. Le niveau de vie américain ne cesse de s’élever : les classes moyennes ont un mode de vie et des valeurs –  « the American way of life » – qui font rêver le monde : l’Amérique est une société d’abondance, où la publicité et le crédit entretiennent la consommation de masse. Le rêve américain fait de l’Amérique une terre promise, idéal entretenu par la télévision  et les hommes politiques. Parallèlement à cet idéal, il y a la standardisation du quotidien et le rejet des opposants au discours dominant : McCarthy entreprend une «chasse aux sorcières » visant à éliminer les communistes. Nous pouvons donc nous demander, si les Etats-Unis sont véritablement une « démocratie », ce que l’auteur fait en ajoutant en ligne 3 la remarque « ce qui prête d’ailleurs à discussion ».

Le communisme est quant à lui le fondement du modèle « concurrent », celui des Soviétiques. Après la victoire contre le nazisme, l’URSS bénéficie d’un immense capital de sympathie dans le monde entier, malgré les premiers témoignages de la réalité du système. Le régime soviétique se veut une véritable démocratie dans laquelle le pouvoir appartient au peuple, c’est-à-dire aux travailleurs et aux paysans. La réalité est différente : Staline dispose de tous les pouvoirs. Le parti unique, le parti communiste est au cœur des institutions mais il ne veille qu’à l’application des décisions du « guide suprême ». Le modèle économique stalinien est fondé sur une planification rigide et centralisée ainsi que sur la propriété étatique ou collective des moyens de productions. La peur de toute contamination idéologique, surtout américaine, conduit à renforcer la surveillance et l’encadrement de la population. Même si ce modèle se trouve être de façon évidente un régime totalitaire, ce terme reste également « discutable » comme le précise l’auteur car les communistes se revendiquaient être une « démocratie populaire ».

3) En Asie, le champ de bataille est à la fois un terrain d’affrontement entre « les deux Grands » et entre les puissances colonialistes et les indépendantistes des pays colonisés. C’est ce que nous pouvons voir dans l’exemple de la guerre d’Indochine. Ce pays, englobant les Etats actuels du Viêt Nam, du Cambodge et du Laos, était depuis le début du 20e siècle une colonie française. Si dans les années 30 les révoltes populaires sont encore contenues par les Français, la Seconde Guerre Mondiale va donner aux groupes nationalistes indochinois l’occasion de s’affirmer de manière irrémédiable. Les autorités coloniales françaises s’affaiblissent et ce sont finalement les communistes japonais qui s’emparent de l’Indochine en mars 1945. Profitant de cette prise de contrôle des Japonais, le Viêt Minh, mouvement indépendantiste vietnamien d'obédience communiste dirigé par Hô chi minh, prend le pouvoir de cette colonie française en août 1945. Si la France ne tarda pas à envoyer un Corps Expéditionnaire afin de reprendre en main son territoire, la situation se mue rapidement, après novembre 1946, en guerre ouverte entre forces du Việt Minh et Français. A partir de 1949, il ne s’agit plus d’un simple conflit décolonisateur car l’orientation communiste du Việt Minh, le déclenchement de la Guerre de Corée en 1950, l'avènement d'une Chine communiste en 1949, qui assura une aide logistique importante au Việt Minh et la confrontation de plus en plus avouée entre les États-Unis et le monde marxiste-léniniste, achèvent de procurer à la guerre d'Indochine la figure d'un conflit armé ancré dans la Guerre Froide.

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