Dissertation formule de Danton le rouge et le noir

La formule de Danton : « La vérité, l’âpre vérité », placée en exergue de

l’œuvre de Stendhal Le Rouge et le Noir, vous paraît-elle propre à éclairer la

compréhension que vous avez des personnages de ce roman ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous

appuyant sur le roman de Stendhal, sur les textes que vous avez étudiés dans le

cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

Quand Stendhal écrit Le Rouge et le Noir, le style prédominant dans la littérature est le romantisme. Pourtant, l’auteur a la volonté de retranscrire la réalité de l’époque de la Restauration, durant laquelle il écrit son roman, en mêlant dans son œuvre romantisme et réalisme, un style qui sera pourtant davantage utilisé 10 ans après la publication du livre, en 1830. On peut alors se demander si la formule de Danton : « La vérité, l’âpre vérité », placée en exergue de l’œuvre de Stendhal, est propre à éclairer la compréhension des personnages que peut avoir le lecteur. Stendhal a-t-il réussi à représenter la réalité de la société de son époque au travers de ses personnages ? Après avoir étudié la part de vérité des personnages, nous nous demanderons s’il n’est pas illusoire de vouloir les encrer dans la vérité absolue.

Il y a une grande part de réalisme dans les personnages que nous dépeint Stendhal tout au long de ses textes.

Tout d’abord, ce réalisme est apporté par le fait que l’œuvre soit un roman. Dans un roman, le personnage principal s’oppose aux héros antiques ou à ceux du théâtre tragique : il n’a pas la grandeur et la noblesse des héros légendaires, il ne représente pas la lutte face à un destin qui serait implacable, mais il incarne plutôt, de manière bien moins glorieuse ou grandiose, des sentiments et un parcours qui pourraient être ceux des lecteurs. Cela est vrai en particulier dans Le Rouge et le Noir où Julien part du bas de l’échelle sociale pour tenter d’en gravir les échelons tout au long du roman. Bien sûr, le protagoniste peut dans certains romans vivre des aventures extraordinaires ou faire preuve d’une grandeur admirable, mais depuis le XVIIème siècle, les romanciers, dont Stendhal, cherchent à faire vivre des personnages qui soient proches de leurs lecteurs. Le « héro » n’est dès lors plus dénommé ainsi selon la définition étymologique du mot : un demi-dieu, mais il est dénommé en tant que pivot du roman : c’est le personnage principal. Ce personnage se retrouve face au monde, il est nuancé et a des réactions diverses et complexes. Le héros de roman, en la personne de Julien dans Le Rouge et le Noir, comporte donc toujours une part de vérité sur la vie réelle, bien que plus ou moins importante selon le roman et selon son mouvement littéraire, cette part est toujours là. Dans Le Rouge et le Noir, la part de style réaliste du roman appuie l’encrage des personnages dans la vie réelle.

Stendhal affiche clairement sa volonté de réalisme dans son roman. En effet, on peut le constater par la citation en épigraphe attribuée à St Real : « Le roman c’est un miroir que l’on promène le long du chemin », qui nous prouve l’intention de l’auteur que son œuvre soit « un miroir » qui reflète la réalité de son époque, notamment à travers ses personnages. De même, les sous-titres du roman : « Chronique du XIXe siècle » et « chronique de 1830 », traduisent la volonté de situer le récit dans une époque précise. Le chapitre XXII de la première partie s'intitule également « Façons d'agir en 1830 ». Il s'agit donc pour Stendhal d'explorer l'époque contemporaine. Autre exemple, un autre personnage évoque encore l'année 1830 dans le chapitre XXIII du livre second : « Quelles que soient les plaisanteries plus ou moins ingénieuses qui furent à la mode quand vous étiez jeune, je dirai hautement, en 1830, que le clergé, guidé par Rome, parle seul au petit peuple. » Julien Sorel représente alors, dans le contexte de la restauration en place au moment où Stendhal écrit son roman, une jeunesse qui a grandi dans un contexte guerrier avec le Premier Empire et Napoléon Ier au pouvoir, un contexte qui s’effondre avec la chute de cet empire, emmenant à un pouvoir qui méprise cette jeunesse dont on se méfie car elle pourrait être à l’origine d’une nouvelle révolution. On voit d’ailleurs que Julien regrette cet empire qui lui aurait permis de s’élever socialement en rejoignant les troupes de Napoléon. Il est le reflet de toute une génération qui existe vraiment dans la société de la restauration à l’écriture de l’œuvre. Mme de Rênal, autre personnage principal dans Le Rouge et le Noir, représente une autre classe de la société, elle a toujours vécu dans un certain confort, venant d’une famille aisée et s’étant mariée à M. de Rênal, maire de la ville de Verrières. Le troisième personnage principal du roman, Mathilde de la Mole, représente, quant à elle, la bourgeoisie parisienne mais cela lui pose problème lorsqu’elle souhaite épouser Julien, son père offre donc un titre de noblesse au protagoniste qui deviendra alors Julien Sorel de la Vernaye, achevant

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