Dissertation le rouge et le noir, Stendhal

Sujet : Albert Camus écrit dans l'Homme révolté : "Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion."

Le rouge et le noir, écrit par Stendhal en 1830, met en scène Julien Sorrel. Nous suivons son histoire, de sa volonté d’ascension sociale, ses ambitions dans un milieu provincial et sa découverte de l’amour féminin, à son entrée dans les grandes sociétés parisiennes et enfin sa déchéance jusqu’à la mort. Julien est un héros complexe, entremêlant sentiments, émotions et soif de grandeurs, de calculs, d’hypocrisie. Albert Camus voyant le héros comme un personnage réaliste, facilement identifiable mais aussi bouleversant et entier, écrit dans l'Homme révolté : "Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion." Nous pourrons alors nous demander dans quelle mesure peut-on dire que la description du héros d’Albert Camus correspond à tous les héros romanesques tel que Julien Sorel et d’autres. Après avoir étudié un héros réaliste, romantique et bouleversant qui va jusqu’au bout de son destin nous verrons comment les héros peuvent aussi être des personnages plus introspectifs pour défendre des idées, des anti-héros ou bien même subir leur passion qui mènent à la déchéance.

Le héros romanesque est réaliste mais aussi romantique et bouleversant car il va jusqu’au bout de ses passions et de son destin. En effet, le héros éprouve des sentiments similaires à ceux des lecteurs en évoluant dans un milieu réaliste et sans artifice, les lecteurs peuvent donc facilement s’y identifier. Dans le Rouge et le Noir, Julien Sorel est un sentimental comme lorsqu’il implore « comment tuer cette sensibilité si humiliante », rejeté de sa famille et du milieu dans lequel il essaie de se frayer un chemin. Il vient d’une classe sociale basse et vit donc la dureté du monde sans artifice. Le lecteur peut alors s’identifier pleinement à ce personnage qui vit des expériences et ressent des émotions semblables à ce qu’il pourrait rencontrer dans sa vie réelle. Les malheurs de Julien permettent aussi de le trouver plus sympathique et attendrissant, développant un lien de connivence intime entre le lecteur et le héros. De plus, Julien est l’archétype du jeune homme de 1830, il rêve d’une ascension sociale fulgurante pour sortir de son village royaliste et suivre le destin de son modèle Napoléon. Les lecteurs du XIXe siècle ont donc pu d’avantage s’identifier à un personnage qui avait les mêmes aspirations qu’eux, qui les comprenait. Le héros romanesque est donc bien un personnage auquel le lecteur s’identifie, de par des sentiments, un milieu de vie et des aspirations similaires.

Cependant, les héros sont aussi des personnages émouvants, qui éprouvent des passions fortes transportant le lecteur hors de ce qu’il côtoie généralement dans sa réalité. En vivant des passions amoureuses, le héros rend le romanesque différend du monde réel traduisant un idéal exutoire et divertissant.  Par exemple, Julien, grâce à ses amours, fait ressentir au lecteur de grandes passions. Il est facile de prendre à cœur son grand amour pour Mme de Renal qui transporte dans un monde sentimental et émotionnel, le lecteur vit la romance à travers Julien et éprouve des émotions fortes, divertissantes, qui divergent de sa réalité. Ses amours avec Mlle de la Mole sont aussi très prenantes. Ponctuée de rebondissement, le lecteur suit, au rythme des avancées émotionnelles des deux personnages, une romance beaucoup plus contrôlée mais pas moins divertissante. Les héros sont donc bien des personnages bouleversants et transportant le lecteur hors de son quotidien grâce à leurs passions.

De plus, les héros vont jusqu’au bout de leur destin. Grâce au narratif et à l’imaginaire, l’auteur écrit et raconte des personnages qui vont jusqu’au bout de ce qu’ils entreprennent, ils ne subissent pas l’aléatoire ou l’imprévus au même degré que la personne lambda, tout est écrit, c’est leur destin et il bouleverse et transporte le lecteur. Georges Duroy, dans Bel-ami de Guy de Maupassant, illustre bien cette idée de poursuite du destin. Le héros, ambitieux et séducteur sans scrupule, grimpe la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses et à la collusion entre la finance, la presse et la politique. Il n’a qu’une idée en tête, réussir. Il fera donc, tout au long du roman, tout pour réussir par n’importe quel moyen, pour accomplir ses envies, ses ambitions, sa destinée. Le lecteur est donc touché et impressionné car lui ne va pas forcément jusqu’au bout de son destin, la vie n’est pas toujours en sa faveur, il ne jouit pas de la plume de l’écrivain pour rétablir sa vie. C’est pour cela que le personnage le transporte hors de sa réalité.

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