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Commentaire de texte sur Les époux de David LESCOT

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Par   •  18 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 883 Mots (12 Pages)  •  801 Vues

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LOVICHI Elior                                Commentaire de texte                                1°ES1

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David Lescot, né en 1971, est un auteur dramaturge, metteur en scène et comédien français. En 2016, David Lescot écrit Les époux, une pièce dans laquelle il met en scène un couple de dictateurs roumains à la fin du XXe siècle. Cette pièce narre donc l’histoire d’Elena et Nicolae Ceausescu respectivement représentés par les pronoms « elle » et « lui ». Dans cet extrait, les deux tyrans cruels et mégalomanes s’attribuent des titres universitaires usurpés et des fonctions délirantes. Ce texte précis, résume la rencontre d’« elle » avec Ion Ursu, un jeune chimiste, dont elle se dit capable de stimuler la carrière.

Ainsi, en quoi cet extrait, pourtant comique, présente-t-il également une critique des régimes totalitaires et autocratiques ?

Dans un premier temps, nous étudierons la dimension comique de ce passage. Puis, dans un deuxième temps, nous nous pencherons quant à l’aspect engagé de cet extrait.

De prime abord, cette pièce et plus particulièrement cet extrait sont indéniablement comiques. En effet, les personnages (et surtout « elle » ici), de par leur grosseur et leur exubérance créent un décalage absurde et saugrenue incitant de ce fait le rire chez le spectateur : comment ne pas glousser quand une dictatrice épaulée de son mari, lui-même dictateur, qui plongea un pays entier dans un gouffre d’effroi et de crainte prétend que « tout est possible en Roumanie » (l 9-10) ? Il s’agit donc ici d’une comédie mais pas une simple comédie, une comédie noire, burlesque, déplacée, une comédie presque malsaine qui incite à la fois rire et mépris chez le spectateur. Ainsi, le caractère même d’« elle » est exagérer exorbitant. Premièrement, « elle » (Elena) est indéniablement narcissique et oppressante : cela ne se repère que par la simple étude de la structure du récit. Ce qui est censé être un dialogue ressemble à s’y méprendre à un monologue (seul une didascalie nous informe que ce n’en est pas un) : « elle » monopolise la parole, et, apparaît ostensiblement oppressante dans le texte donc, comme à travers ses faits et gestes. Effectivement, « elle » fait preuve un total égocentrisme et « efface » la présence de l’autre qu’est Ion Ursu. Cela se traduit dans le texte par une omniprésence d’opinions personnelles : « Vous savez, moi j’aime bien… » (l2) ; « Si je prends seulement mon exemple personnel » (l5) et par une surutilisation de la première personne du singulier : « je », « j’» ; « moi » ; « m’» ; « me » et ce tout au long du texte. Cette omniprésence de ces termes renforce le côté volontairement dominant voir condescendant « d’elle » non seulement sur je jeune Ion Ursu mais aussi sur le spectateur qui est pris en tenaille par la démesure comique de ce personnage excentrique. « Elle » apparaît également comme un individu manipulateur puisqu’elle semble vouloir s’appuyer sur Ion Ursu pour assoir sa position et soutenir son concept scientifique après avoir l’avoir largement conforté et complimenté. A travers ses louanges, elle loue en réalité sa propre « intelligence » et son propre « statut » : « Vous savez, moi j’aime bien récompenser la valeur. Quand quelqu’un est brillant, c’est normal qu’il monte très haut. Très haut très vite. […] Si je prends seulement mon exemple personnel, eh bien disons que j’ai fait du chemin, n’est-ce pas ? » (L3-4-5). Elle se servirai alors d’Ion Ursu pour « soutenir sa thèse » : « Et la science, comme on dit toujours, c’est la solidarité. Les jeunes prêtent leur énergie aux moins jeunes. Les moins jeunes tendent l’échelle aux plus jeunes. Bref, vous pourriez faire preuve de solidarité pour ma thèse, n’est-ce-pas ? » (L28-29-30). Cependant, en fine oratrice elle retourne la situation, de sorte à ce qu’Ion Ursu s’en sente avantagé : « Vous voyez que je ne suis pas là par hasard, j’ai des idées. Est-ce qu’il n’est pas normal que des responsables expérimentés comme moi tendent la main à des chercheurs en devenir comme vous ? » (L14-15). « Elle », véritablement moins talentueuse et savante que son jeune confrère se sers donc de lui à ses fins, tout en se montrant maternisant et professionnel devant les yeux incrédules du spectateur. Ce comique de situation convie ainsi le rire dans le texte et auprès du spectateur. D’autant plus, que, ironiquement, « elle », la supérieure hiérarchique d’ion Ursu est pourtant celle qui en sait le moins. Elle le prouve elle-même d’ailleurs lors de sa « prestation » : « cette thèse je lui ai déjà trouvé un titre, M.Ursu (elle sort un papier qu’elle lit.) » (25-26). Le nécessité qu’elle éprouve de lire sur un papier un titre qu’elle a elle-même trouvée démontre son incompétence… Son discours même est indigne de tout scientifique du fait qu’on relève, tout au long du texte des expressions ou onomatopées traduisant un langage (involontairement) vulgarisé : « eh bien » (L5) ; « Hein ? » (L14) ; « Eh oui » (L18) ; « Bref » (L20 et 29) ; « Il paraît » (L21). Ce couple antithétique, lié à une situation déjà grotesque, renforce le « décalage » et donc le comique, notamment le comique de caractère d’« elle » .

Ensuite, la situation est particulièrement absurde et incongrue. En effet, « elle » fait l’éloge de son ascension professionnelle à l’aide des procédés littéraires que sont l’énumération et l’accumulation ; elle passe donc de « présidente de la section de chimie au Conseil suprême pour l’économie et le développement soviétique de la Roumanie » à « Présidente national du Conseil national des sciences et des technologies » (l6-7-8). Ces dénominations exubérantes sont pour le moins paradoxales quand on sait dans quelle misère économique les Ceausescu ont plongé la Roumanie pendant l’exercice de leur pouvoir. De plus, « elle », espère dans un futur proche, devenir « « présidente du Conseil national de l’éducation et de la culture socialiste », mais quoi de plus paradoxal et inutile que l’éducation et l’enseignement quel qu’il soit dans un régime totalitaire où le pouvoir dépend principalement du degré d’ignorance dans lequel le peuple est plongé ? D’autant plus que nous parlons d’une femme qui doit l’ensemble de sa carrière politique et de chimiste à son mari et qui a bénéficié d’une notoriété et d’un savoir scientifique qu’elle ne possédait absolument pas.

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