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Analyse linéaire de "Le dormeur du Val" Rimbaud

Fiche : Analyse linéaire de "Le dormeur du Val" Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Novembre 2022  •  Fiche  •  1 153 Mots (5 Pages)  •  6 015 Vues

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Explication linéaire n°1 : « Le dormeur du Val »

Auteur : Arthur Rimbaud

Date : 1870

« Je vais vous présenter une lecture linéaire du poème « Le dormeur du Val » de Arthur Rimbaud »

Introduction :

  • Guerre franco-prussienne en 1870 ; Rimbaud = témoin direct de cet évènement au cours de sa 1ère fugue d’aout 1870.
  • On ignore si le poème se fait l’écho d’une scène vécu par l’artiste toutefois poème chargé d’une dimension polémique : opposition ferme à la guerre et à l’Empire (Napoléon III)
  • Le recueil « Les cahiers de Douai » dont est issu le poème est le cri d’un révolté contre la religion, la guerre, l’Empire et la société bourgeoise
  • Le recueil se compose de 5 cycles : la sensualité et les émotions amoureuses ; la satire grinçante et enjouée ; la condamnation de la guerre ; la révolte sociale et politique et enfin ; la bohème, la liberté et le bonheur de vivre.
  • « Le dormeur du val » s’associe aux poèmes « Le mal » ; « Morts de 92 » ; « L’éclatante victoire de Sarrebruck » ou encore « Rages de César » afin de former le cycle de la condamnation de la guerre.
  • Le poème propose une représentation impressionniste d’un cadre en apparence idyllique où se repose un jeune soldat
  • Toutefois, plusieurs éléments entrent en dissonance et génèrent un effet de malaise qui annoncent la pointe du sonnet et son jeu de renversement.

Problématique :

Comment l’auteur à travers la représentation d’un soldat endormi au cœur d’une nature magnifiée prépare la chute brutale du sonnet au service d’une dénonciation de la guerre ?

Mouvements du texte :

  1. Vers 1-4 : Une représentation ambivalente d’un cadre idyllique qui acquiert une dimension programmatique
  2. Vers 5-8 : Un portrait déconcertant qui met à jour la dimension polémique du sonnet et annonce la transfiguration à venir du jeune soldat
  3. Vers 9-14 : Le temps de la révélation et de la transfiguration du soldat en figure christique

Analyse linéaire 1er mvmt : 

« C’est un trou de verdure où chante une rivière. Accrochant follement aux herbes de haillons »

  • « trou » ; « une rivière » + convocation des sens : vue (« verdure », « d’argent ») ; toucher (« accrochant ») et ouïe (« chanter ») = code du locus amoenus = cadre idyllique
  •  participe présent « accrochant » + adverbe « follement » = amener au sein du cadre un mouvement, vie : peinture impressionniste
  • « chante » personnification de la nature = nature juvénile 🡪entre en contraste avec la vie du soldat 🡪 la nature se gorge de la vie du soldat
  • Allitération en « r » = met en valeur la fixité du soldat
  • Métaphore de l’eau : « des haillons d’argent » 🡪 rôle d’annoncer la guerre et la mort

« D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons »

  • Mouvement vertical du soleil jusque dans le val : préposition « de » + mouvement horizontal de la rivière 🡪 image de la croix du Christ qui s’est sacrifier pour nous changer = espoir que la mentalité change grâce à son poème et au sacrifice du soldat (martyr)🡪 DIMENSION CHRISTIQUE
  • Redéfinit « val »🡪 jeu de révélation après la périphrase= esthétique de la révélation 🡪 DIMENSION PROGRAMMATIQUE de l’ensemble du poème
  • Code locus amoenus avec féminité (« une rivière » ; « une montagne ») + masculinité (homophonie « luit » 🡪 « lui ») = amants MAIS reprends les codes pour mieux les détourner 🡪 pas d’amants puisque cadavre

Analyse linaire 2nd mouvement : 

« Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant sans le frais cresson bleu, »

  • Postposition « soldat jeune » 🡪 mise en valeur de l’adjectif = démontrer horreur de la guerre🡪 jeunesse associée à la guerre = contre nature de la situation = DENONCIATION DE LA GUERRE
  • Code du locus amoenus : sensualité « jeune » ; « bouche », « nue » MAIS déconstruit par « soldat » 🡪 dimension polémique = détruit le cadre idyllique, il joue avec nous
  • Participe passé à valeur durative « ouverte » et participe présent « baignant » = mouvement figé donc mort
  • Tête dans l’eau, posture étrange🡪 créer un malaise : poème est un jeu de devinette
  • DIMENSION CHRISTIQUE : lettre « o » très présente = rappel de l’auréole + « bleu » alias couleur de la pureté

« Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut »

  • Homophonie « dort 🡪 « or » , met en évidence l’alchimie et la métamorphose de la mort du soldat : transfiguration à venir
  • « dort » ; « étendue » ; « lit » = euphémisme de la mort🡪 sommeil OPPOSITION préposition « dans » ; « sous » = tombeau , enseveli dans la nature
  • « nue » = dimension sacré + « lit vert » promesse d’un renouveau = connotation christique
  • Adjectif « pale » couleur cadavre/macabre
  • « lumière pleut » personnification avec un verbe impersonnel qui devient personnel= nature humanisée, elle absorbe la mortalité du soldat.

Analyse linéaire 3èmemouvement : 

« Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : »

  • « glaïeuls »🡪 vient du latin « gladius » qui signifie la glaive donc évocation de guerre

Fleur mortuaire = soldat mort mais Fleur du renouveau et victoire=Dimension sacrée

  • Polyptote participe présent « souriant » / conditionnel « sourirait » 🡪 un sourire figé (suspect)
  • Répétition de « dort » + comparaison « enfant malade » 🡪 suspect, passage cadre euphorique à dysphorique =ESTHETIQUE DE LA REVELATION

« Nature, berce le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine »

  • Personnification de la nature = vierge qui berce l’enfant (Marie et Jésus)
  • Importance au sensation + négation = insiste sur le fait qu’il ne perçoit rien, soldat mort
  • Allitération en « f » (« froid »+ « parfums »+ « font »+ « frissonner »)= on entends les parfums ( ouïe et odorat) =synesthésie 
  • « la main sur la poitrine » 🡪 position ambivalente (paisible ou défense) = repousse jusqu’au bout a révélation

« Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit . »

  • Acrostiche « lit » (Les, Il, Tranquille) 🡪 euphémisme ou homophonie « lit » incitant le lecteur à mieux enquêter
  • Rejet de « tranquille » = euphémisme, différer la pointe
  • « deux trous rouges au côté droit »= métonymie, cause pour effet 🡪 atténue l’effet
  • Figure christique, double du christ= christ crucifié puis planter pour vérifier sur son coté droit 

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