Analyse de situation de stage infirmier

Analyse de pratique

        Mon stage s’est déroulé dans un établissement d’hébergement pour personnes handicapées âgées, situé à Saint-Brévin-Les-Pins.  Cet établissement est public et peut accueillir 80 résidents divisés en 2 étages de 40 résidents. La situation analysée survient durant ma deuxième semaine de stage, avec une patiente que je n’ai habituellement pas à charge.

        Ce jour là je commence ma journée de stage à 7h, je fais la distribution des petits déjeuners puis je commence à faire les toilettes des 3 patients que j’ai en charge vers 8h, comme à mon habitude.

Mme R est une dame de 83 ans qui est atteinte de trouble du comportement et d’une débilité moyenne. Mme R se déplace en fauteuil roulant et a besoin d’un accompagnement pour ses transferts.^[1]

Pendant la matinée, entre deux toilettes je passe devant la chambre de Mme R qui était entrain de faire ses besoins sur son montauban la porte grande ouverte, je la salue et lui demande comment elle va aujourd’hui. Elle me répond qu’elle va bien mais qu’elle attend depuis un bon moment qu’on vienne la descendre du montauban, je lui propose donc de m’en charger et de la transférer sur son fauteuil roulant. Elle m’explique que ce n’est pas la peine car l’aide soignante qui l’avait mise sur le montauban lui avait dit qu’elle reviendrait l’aider à refaire le transfert. Je la laisse et retourne donc faire les toilettes des résidents que j’ai à charge.

Environ 40 minutes plus tard, après avoir fini la toilette d’une de mes patientes, je repasse devant la chambre de madame R et la vois de nouveau sur son montauban, étonnée je lui demande si elle attend toujours depuis tout ce temps. Elle me répond que oui, l’aide soignante n’est jamais revenu s’occuper d’elle. Je décide donc de l’aider à se nettoyer après après avoir fait ses besoins, je lui remet un change et la réinstalle dans son fauteuil. Puis, je l’emmène dans le salon au près des autres résidents en m’excusant de l’avoir fait attendre aussi longtemps.

Après avoir déposé Mme R dans le salon, je décide d’aller discuter avec ma référente de stage aide soignante, afin de lui expliquer mon incompréhension sur cette situation. Elle me répond simplement que c’est toujours comme ça car ils sont débordés et qu’ils n’ont pas le temps de s’occuper de tous le monde, même si ils aimeraient avoir plus de temps à consacrer aux patients.

        Je décide donc de parler de cette situation car elle m’a fait énormément me questionner. Tout d’abord pourquoi l’aide soignante n’est t’elle jamais revenu s’occuper de Mme R? Comment peut on faire autant attendre un résident? Je me suis donc demandé si cela ne venait pas d’un manque d’organisation de sa part ou alors simplement d’un oublie. Cette situation m’a fait éprouver énormément de peine pour Mme R qui ne s’est jamais plainte. En essayant de me mettre à sa place, je me suis rendu compte que cette attente devait être insupportable pour elle. Mme R a du se sentir impuissante et abandonnée. Pour moi, s’occuper des autres est le coeur de notre métier, et cette soignante n’avait pas réussi à le faire, je cherchais donc à comprendre pourquoi. Je culpabilisais également de ne pas avoir aidé Mme R dès mon premier passage car je l’ai également fait attendre, sans m’en rendre compte, c’est pour cela que je me sentais obligée de m’excuser au près d’elle. Et surtout ce que je ne comprenais pas, c’était la réponse de ma référente à mon questionnement, sa seule explication était que cette situation était habituelle car ils n’ont pas le temps de s’occuper de tous le monde. Mais alors pourquoi les soignants n’ont t’ils pas le temps de s’occuper de tous leurs patients?

En quoi ce manque de temps influe t’il sur la qualité du travail des soignants?

        En réponse à mon questionnement, les soignants ne peuvent pas s’occuper comme ils le voudraient de leur patients car ils sont en sous effectifs. En effet, dans l’EHPAD dans lequel j’ai effectué mon stage, il y a seulement 4 aide soignants pour effectuer les toilettes de 40 résidents, soit 10 résidents par soignants. Ces toilettes doivent être effectuées en 4 heures maximum pour que tous les résidents soient près à 12h pour le repas. Pour pouvoir s’occuper de 10 résidents en 4h, les soignants ne doivent pas passer plus de 24 minutes avec chaque résidents, ce qui est très peu. Dans ces 24 minutes, le soignant doit avoir le temps de préparer le matériel pour effectuer la toilette, puis pratiquer la toilette dans le respect des normes d’hygiène et de sécurité, ensuite il doit ramasser et nettoyer tout le matériel et l’espace utilisé pour faire la toilette. Et enfin, effectuer la réfection du lit du patient. Cela oblige donc le soignant à avoir une cadence de travail extrêmement rapide.

        Cette cadence extrêmement rapide de travail influe malheureusement sur la qualité des soins apportés aux résidents. Les soignants ne peuvent pas prendre le temps de faire leur travail en respectant toutes les normes d’hygiènes. Par exemple pendant une toilette, le soignant doit rincer son gant entre chaque partie du corps du patient, afin de ne pas transférer des bactéries par exemple entre les aisselles du patient et le dos du patient. En réalité, j’ai pu observer que ces étapes n’étaient pas du tout respectées et que le soignant lave tout le haut du corps du patient d’un seul coup sans rincer son gant. J’ai également remarqué que les soignants posaient des affaires souillées sur des choses propres car ils se précipitent et ne réfléchissent pas à tous leurs actes. Pour finir, les soignants ne désinfectent que très rarement la chambre et le matériel utilisé après chaque toilette par manque de temps, ils laissent donc par exemple un adaptable sans le nettoyer après avoir posé des affaires souillées dessus. La rapidité de leurs actes les poussent à faire des erreurs, comme par exemple, l’aide soignante qui avait installé Mme R sur son montauban avait laissé sa porte grande ouverte, ce qui ne respecte pas l’intimité de la patiente, cette erreur est surement due à la précipitation de la soignante.

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