Sociologie du corps
Cours : Sociologie du corps. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Vorace67 • 28 Octobre 2021 • Cours • 2 463 Mots (10 Pages) • 798 Vues
SOCIOLOGIE DU CORPS
Nous nous intéresserons au corps et aux rapports sociaux : dans les rapports humains, institutions quelle est la place du corps dans la société ?
I – Origines et évolutions de la sociologie du corps
A – Karl Marx : l'exploitation de la force de travail de l'ouvrier
Il a théorisé l’exploitation de la force de travail en premier. Il est le premier à avoir dit que le rapport au corps n’est pas secondaire. Prémisse d’une première vision sociologique du rapport au corps.
Les propriétaires (bourgeois) exploitent la force de travail du prolétariat. Les rapports sociaux sont fondamentalement économiques pour lui : c’est parce qu’une classe sociale exploite la force de travail donc les corps d’une autre classes, plus nombreuses que l’économie fonctionne. La rétribution du travail, force physique, n’est pas totale par rapport à ce qui est produit. Les propriétaires gardent une plus-value. D’où l'existence de classe sociale, de lutte de classe.
Le corps est au centre du système économique ça veut dire que les bourgeois sont propriétaire des corps. Le corps des ouvriers est exploité mais les propriétaires s'arrangent quand même pour qu'il reste productif. Ils accordent ainsi des temps de repos pour que l'ouvrier ait le temps de reconstituer sa force de travail. Il faut que l'ouvrier reste rentable.
Cf JM Brohm
B – Marcel Mauss : anthropologie des techniques du corps
« Le corps est le premier et le plus naturel instrument de l’homme », le premier objet et moyen technique de l’homme est son corps. Les techniques du corps font parties intégrantes de la culture. Les rapports esprit/corps, intellect/corps sont hiérarchiques. Cet instrument technique naturel nécessite un apprentissage, on apprend, on invente parce que au cours de la pratique on sent son corps, ce qui est confortable et efficace. La manière de recevoir un enseignement n’est pas uniforme car les techniques du corps sont transmises par tradition et dépendent des personnes et du milieu social.
C – Norbert Elias : le processus de civilisation des mœurs
Il a étudié les manières de gérer les fonctions corporelles (c’est-à-dire la manière de se moucher, cracher, se tenir à table, copuler, etc..) → la fonction corporelle est analyser. Les mœurs à propos du corps évoluent avec le temps, avec les sociétés, avec les rapports sociaux. Il a étudié toute une partie de l’histoire à partir de la Renaissance. Étude de l’évolution des fonctions corporelles des mœurs : progressivement on assiste à une civilisation des mœurs. Cela signifie que progressivement on refoule, on contrôle tout ce qui peut être considéré comme relevant de la nature animale de l’Homme. Exemple : la nudité se montre de moins en moins, les odeurs corporelles se dissimulent, les fonctions naturelles tendent à s’exercer dans des lieux spécifiques et isolés.
Cette évolution est directement liée au contexte social et historique parce que la sensibilité à autrui ne commence pas dans les classes populaires mais dans l’aristocratie. Dans cette dernière on a plus le moyen d’avoir des mouchoirs, d’avoir des pièces isolées spécifiques,…c’est donc social pour des raisons économiques, symboliques pour se différencier du peuple. Des sentiments comme la gêne et la honte naissent. De ce fait, les autres couches sociales vont progressivement en être changées. Ce sont donc bien les groupes dominants qui amènent les mœurs, les « codes de bonne conduite ». Ceux-ci sont progressivement acquis par les classes populaires, deviennent « naturelles ». On a pas forcément conscience de tous ces codes, ils deviennent une habitude (norme) car ils s'inscrivent dans la culture.
Chaque individu est concerné, les règles s'apprennent, elles ne sont pas innées. Elles s'apprennent à force de répétitions quotidiennes. Nous pouvons relier ça à l'importance qu'attache Elias à l'éducation par laquelle nous acquérons des règles sociales.
D – Michel Foucault : les sociétés disciplinaires
Il n’est pas sociologue mais philosophe. Cependant il a mis le corps à une place très importante dans son système de pensée et notamment dans sa façon de penser le pouvoir. Pour lui, les corps sont sous contraintes. Il parle d’un système d’assujettissement et d’efficacité. Mais cette contrainte des corps, très forte, n’est pas forcément consciente. Elle n’est pas perçue comme contrainte car elle a été progressivement intériorisée. Par exemple : s’habiller est une contrainte, l’on dit que c’est « naturel » mais ce n'est pas le cas.
Foucault a conscience que ce n’est pas toujours orchestré par quelqu’un ou une institution. Les contraintes sont en fait intégrées comme si le chef d’orchestre était dans notre tête. Ces contraintes ne sont pas dirigées par l’Etat mais il y a quand même des organismes qui les orientent (Exemple : on ne va pas faire n’importe quoi au travail de peur d’être mis à la porte, les associations sportives contribuent aussi à la diffusion des contraintes, l’école,…). Le contrôle social est de plus en plus doux. Le contrôle social répressif d’avant a été transformé par les sociétés disciplinaires.
Une image symbolise Foucault : cette surveillance sans surveillant, ce qu’il appelle le « panopticum » : une construction circulaire d’une prison avec une cours centrale où il y a un garde qui peut tout voir sans être vu. Les prisonniers se sente en permanence surveillé mais il se peut qu’il y a personne, ils vont donc adapter leurs comportement comme s'il y avait un garde. Belle métaphore du fonctionnement social.
E – Pierre Bourdieu : les propriétés « faites corps »
Pour lui le corps a une place fondamentale dans l’habitus. Il considère que la plupart des propriétés qui font de nous un individu sont intégrées lors de la prime enfance (incorporée au cerveau), elles sont « faites corps ». Elles sont incorporées par l’habitude, la répétition. Bourdieu parle d’inculpation, même d’incubation. Lui aussi évoque, à la manière d’Elias, la manière de se tenir à table, le port de tête, la démarche,… Ces façons d’être pour lui sont très importantes dans les rapports sociaux car elles sont jugées par les autres et par soi-même : jugement social). Ce jugement social entre les gens sur la manière de présenter son corps en mouvement, immobile relève fondamentalement des rapports sociaux.
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