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Capitalisme et liberté, Milton Friedman

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Par   •  31 Octobre 2019  •  Fiche de lecture  •  11 273 Mots (46 Pages)  •  597 Vues

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Milton Friedman (1912-2006) :

Friedman est un est des esprits les plus influents du XXe siècle ; bien que catégorisé en France comme le chantre du néolibéralisme anglo-saxon, il est vu de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique comme le défenseur invétéré de la liberté. Réhabilitant la théorie quantitative de la monnaie, introduisant le concept de revenu permanent et critiquant la Fed pour sa mauvaise gestion de la masse monétaire, Friedman est une star pour les économistes ; méticuleux et audacieux, même le keynésien Paul Krugman le présente comme un « grand économiste et un honnête homme ». Mais Friedman doit également être perçu, au vu de son système de pensées interdisciplinaire, comme un philosophe, bien que moi métaphysicien que Hayek. Libéral, il tire ses influences de nombreuses sources : la liberté des choix éducatifs de Stuart Mill, l’abolition des droits de douane de Ricardo, le lien entre libertés politiques et économiques de Hayek, le revenu universel (sous forme d’impôt négatif) de Stigler… Il faut également reconnaitre à Friedman son pragmatisme, puisqu’il reconnait l’impossibilité d’une concurrence pure et parfaite. La philosophie de Friedman substitue au contrat social des contrats sociaux ; Friedman, tout comme Rousseau, pense que si les hommes étaient honnêtes, alors l’anarchie serait une philosophie séduisante (anarcho-libéralisme avancé par Foucault / pour Rousseau, la démocratie) -> or les hommes sont imparfaits et l’Etat est donc une nécessité (mais un Etat aux pouvoirs bien séparés), même si Friedman rejette la volonté générale de Rousseau (les gouvernements échouent car ils veulent que les individus agissent contre eux-mêmes ; l’Etat doit éliminer les conflits, et non pas trancher, afin de faire coexister les volontés de tous). De même, Friedman rejette la démocratie directe au profit d’une représente politique passant par le marché (qui fonctionnerait comme un système de représentation à la proportionnelle, exprimant la multiplicité des gouts par l’offre et la demande). Le droit et le marché, alliés aux contrats sociaux, tels sont les éléments de sortie de l’état de nature. L’Etat doit également lutter contre les externalités négatives (pollution par ex.) et aider les faibles (fous, enfants).

Friedman est également un philosophe social ; le capitalisme serait le meilleur moyen d’inclure les exclus et d’enrichir les pauvres, de même qu’il s’oppose à la discrimination (le marché transforme l’Homme en homo economicus, détruisant ainsi la différenciation). De même, chaque individu a le droit à un plancher minimum de revenus sans aucune contrepartie ; cette subvention (par impôt négatif) est dégressive ave la hausse du revenu, pour se transformer en impôt positif. Le libéralisme de Friedman est progressiste et humaniste. Au niveau des comportements particuliers, il insiste sur le fait qu’on ne peut condamner moralement que ce que l’on a autorisé légalement (il se prononce donc pour la légalisation des drogues).

Capitalisme et liberté se veut être un ouvrage concret, loin des représentations économiques abstraites. Ainsi, certains éléments pourraient même s’envisager dans le cas de la France ; mise en place d’écoles autonomes (free schools en Suède et au RU avec autonomie budgétaire et pédagogique, et financement étatique), création d’un revenu universel inconditionnel et individuel substitué au RSA (chaque fr recevant chaque mois une même somme d’argent sous forme de crédit d’impôt pour ses besoins de base), légalisation du cannabis (l’Etat pouvant mener des campagnes d’information et de prévention + produit mieux contrôlé, moins cher et plus sain + dealers devenant entrepreneurs qui payent une TVA), création d’une taxe carbone au nom des externalités négatives, ouverture à la concurrence de toutes les professions réglementées, signature du TTIP, libéralisation des prix (supprimer les contraintes de la PAC ou les contrôles des loyers de la loi Duflot), et avènement du Bitcoin comme alternative aux banques centrales traditionnelles. La révolution digitale permet également de court-circuiter les structures centralisées et donnent une autonomie pour les choix personnels (vers démocratie directe digitale ? Doit-on donc penser à une disparition de l’Etat, voire à l’avènement d’un « peuple de dieux », si le transhumanisme aide à changer l’Homme ?

CAPITALISME ET LIBERTE

  • Introduction ;

Friedman critique la citation de Kennedy qui dit « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous ; demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. ». Selon lui, l’homme libre ne doit pas voir l’Etat comme un maitre qu’il faut servir, de même que la Nation n’est qu’un assemblage de buts (des différents citoyens). L’homme libre ne se pose aucune des deux questions (il n’est ni le pupille, ni le serviteur de l’Etat) et se dit « Pour nous décharger quelque peu de nos responsabilités individuelles, pour atteindre nos divers buts, pour réaliser nos différents desseins, et, surtout, pour préserver notre liberté, comment pouvons-nous, mes compatriotes et moi, utiliser le gouvernement ? ». La liberté n’existe que si l’Etat la protège, mais ce dernier peut la détruire si le pouvoir se concentre. Ainsi, deux éléments fondamentaux de la Constitution américaines doivent nous guider ; la compétence limitée du gouvernement (protéger la liberté contre les ennemis extérieurs et contre certains concitoyens en faisant régner loi et ordre et en faisant respecter les contrats privés et la concurrence), et la dispersion du pouvoir (il faut mieux laisser le comté diriger que l’Etat, et l’Etat que Washington (si je refuse une loi de comté, je peux changer de comté, voire changer d’Etat, mais si je refuse ce qu’impose Washington, il reste peu de choix en termes de nations). Si la centralisation peut faire émerger le bien (meilleure application de bonnes réglementations), elle peut aussi faire émerger le mal (le gouvernement ne peut atteindre le niveau de la diversité des individus en termes d’actions). Le rôle du livre est de traiter à la fois de la défense de la liberté, mais également de l’organisation capitaliste, en rapport avec l’individu et les pouvoirs publics.

Friedman pense que le « libéralisme » a été dénaturé par ses détracteurs, au point de perdre son sens originel. A la fin du XVIIIe et durant le XIXe, il désignait un mouvement intellectuel dont le but ultime de la société était la liberté, prônant ainsi le laisser-faire pour réduire le rôle économique de l’Etat, et le libre-échange pour faire émerger un lien pacifique et démocratique entre Nations. En matière politique, il était favorable à un système de gouvernement représentatif et parlementaire, à la réduction des pouvoirs arbitraires de l’Etat et à la protection des libertés civiles. A la fin du XIXe, et après 1930 aux EU, le libéralisme a pris une autre signification ; on l’identifie comme une tendance à compter sur l’Etat pour atteindre des objectifs désirables, à exalter le « bien-être et l’égalité » plutôt que la liberté (les deux premiers éléments devenant les substituts de la liberté, alors qu’il en étaient la conséquence dans le premier libéralisme), privilégiant des politiques d’interventionnisme et de patriotisme étatiques. De même, le libéral du XXe se distancie de la décentralisation prônée par l’ancien libéral (il préfère la centralisation en situation de doute). Friedman se range du côté du premier libéralisme, à savoir la doctrine propre à l’homme libre.

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