Le choc des civilisations, Samuel P. Huntington

Samuel P. HUNTINGTON – Le choc des civilisations – 1997

Idée du titre lancée en 1993 dans un article de Foreign Affairs qui avait fait grand bruit car il correspondait à une opinion diffuse mais forte dans les pays occidentaux, aux EU notamment. Pas livre conçu comme un ouvrage de sciences sociales mais interprétation de l’évolution de la politique globale après la guerre froide. Cf Couverture de l’édition française : une bombe à la mèche allumée.

Thèse principale : les chocs entre civilisations représentent la principale menace pour la paix dans le monde mais ils sont aussi, au sein d’un monde international désormais fondé sur les civilisations, le garde-fou le plus sur contre une guerre mondiale. 
La culture, les identités culturelles déterminent les structures de cohésion, de désintégration et de conflits dans le monde d’après-guerre froide.

Première partie : la modernisation se distingue de l’occidentalisation et ne produit nullement une civilisation universelle pas plus qu’elle ne donne lieu à l’occidentalisation des sociétés non occidentales
Deuxième partie : le rapport de force entre les civilisations change. L’influence de l’Occident décline, puissance économique et militaire des civilisations asiatiques s’accroit et l’islam explose sur le plan démographique. Civilisations non occidentales réaffirment la valeur de leur propre culture.
Troisième partie : un ordre mondial organisé sur la base des civilisations apparaît. Les pays se regroupent autour d’Etats phares de leur civilisation.
Quatrième partie : les prétentions de l’Occident à l’universalité le conduisent de plus en plus à entrer en conflit avec d’autres civilisations en particulier l’islam et la Chine
Cinquième partie (la plus grande) : la survie de l’Occident dépend de la réaffirmation par les Américains de leur identité occidentale (critique du multiculturalisme intérieur). Occidentaux doivent admettre que leur civilisation est unique mais pas universelle et s’unir pour lui redonner vigueur. Nous éviterons une guerre mondiale si les chefs politiques admettent que la politique globale est devenue multi civilisationnelle et coopèrent à préserver cet état de fait

Chapitre 1 : Le nouvel âge de la politique globale (anecdotes/ notes)

Depuis la fin de la guerre froide la façon dont les peuples définissent leur identité et la symbolise a profondément changé. La politique globale dépend désormais de plus en plus de facteurs culturels. Les drapeaux hissés à l’envers (Premières lignes du chapitre : « après chute Union soviétique la Fédération russe fait flotter son drapeau sur la façade de l’auditorium d’un bâtiment gouvernemental à Moscou, lors d’une réunion d’universitaires russes et américain en janvier 1992. Un américain fit remarquer que le drapeau flottait à l’envers) sont un signe de cette transition. Mais de plus ne plus ils flottent haut et fiers et les russes comme les autres peuples se mobilisent derrières des drapeaux et d’autres symboles d’une identité culturelle nouvelle. 

→7 à 8 civilisations se partagent le monde, quoiqu’il n’en nomme que cinq, la chinoise, la japonaise, l’hindoue, la musulmane et l’occidentale. Il ne voit pas l’Afrique comme une civilisation en soi (au contraire de Fernand Braudel), préférant rattacher le continent aux autres civilisations. À l’égard de l’Amérique latine, il adopte une position ambivalente. Tantôt il la considère comme une sous-civilisation de l’Occident, tantôt il y voit une civilisation distincte, menaçante pour les États-Unis.

→ « Dans le monde nouveau qui est désormais le nôtre la politique locale est ethnique et la politique globale est civilisationnelle. La rivalité entre les grandes puissances est remplacée par le choc des civilisations »
→Durant 45 ans le Rideau de fer a été la principale ligne de fracture en Europe. Cette barrière s’est déplacé de plusieurs centaines de kilomètres à l’Est. Elle sépare désormais les chrétiens occidentaux d’un côté, les musulmans et les orthodoxes de l’autre.
→Les pb internationaux les plus importants tiennent aux différences entre civilisations. L’Occident n’est désormais plus le seul à être puissant. La politique internationale est devenue multipolaire et multi civilisationnelle.

→La fin de la guerre froide a pu sembler signifier la fin des conflits importants et l’émergence d’un monde relativement harmonieux (référence à Fukuyama). « L’euphorie qui a suivi la fin de la guerre froide a engendré l’illusion d’une harmonie » Monde est devenu différent depuis années 90 mais n’est pas devenu pacifique. C’est une preuve d’orgueil que de penser que, parce que le communisme soviétique s’est effondré, l’Occident a vaincu pour toujours et que musulmans, Chinois, Indiens vont se hâter d’adhérer au libéralisme occidental.

→Deux mondes « eux » et « nous » : raisonner en opposant deux mondes est récurrent dans l’histoire. On a tjrs opposé « le groupe » et « les autres ». Distinction reprise à la fin de la GF par experts américains qui ont divisé le monde en « zones de paix » (Occident+ Japon, 15% pop) et « zone de trouble » (tout le reste du monde) : dichotomie simpliste. Opposition aussi entre les sociétés occidentales (homogènes) et les autres. Mais presque rien de commun entre les sociétés non occidentales

-Idée de civilisation introduite au 18e s par des penseurs français en opposition au concept de « barbarie ». On a parlé plus tard de civilisations au pluriel : c’était renoncer à définir la civilisation comme un idéal.

→L’expansion de l’Occident s’est arrêté et la révolte contre l’Occident a commencé. « Loin d’être le jouet d’une histoire dont l’Occident tirerait les ficelles, les sociétés non occidentales sont devenues les acteurs de leur propre histoire et de celle de l’Occident »
→La conception héritée du traité de Westphalie qui veut qu’on sépare religion et politique internationale, produit typique de la civilisation occidentale, arrive à son terme. Comme l’écrit Edward Mortimer la religion « est de plus en plus en passe de faire intrusion dans les affaires internationales » (dans International Affairs 1991). Nouveau choc inter civilisationnel entre des cultures et des religions.
→Toute civilisation se considère comme le centre du monde et écrit son histoire comme si c’était le drame central de l’histoire de l’humanité (sans doute plus vrai pour l’Occident). En 1918 Spengler dénonçait la myopie historique des Occidentaux : s’obstinant à diviser l’histoire en périodes antique, médiévale et moderne qui ne valent que pour l’occident. 

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