Fiche de lecture Chocs des Civilisations
Fiche de lecture : Fiche de lecture Chocs des Civilisations. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Samuel Guingand • 29 Juin 2021 • Fiche de lecture • 1 765 Mots (8 Pages) • 644 Vues
Essaie : Le choc des civilisations (352 pages), parût en 1996 aux éditions Odile Jacob
Auteur : Samuel Huntington
Fiche Lecture
- Résumé de l’ouvrage
Samuel Huntington (1927-2008), est un professeur américain de science politique à Harvard. Fin analyste de la politique et de la géostratégie américaine, il tire sa renommé mondiale de sa théorie controversée du choc des civilisations. Il est notamment l’auteur de l’essai du même nom, paru en 1996 aux éditions Odile Jacob et dont il sera question ici, ainsi que du livre Qui sommes-nous ? (2004) où il interroge la perte d’identité des Etats-Unis face à une communauté hispanique croissante.
L’objectif ambitieux de l’auteur est de proposer au monde une réflexion sur un modèle de politique global qui puisse constituer une clef de compréhension des dynamiques identitaires, des recompositions géostratégiques et des sources de conflits dans le monde. Mais dans lequel ? Un monde qui, au sortir de la guerre froide, ne se voit plus polarisé en bloc idéologique Est-Ouest-Tier Monde. Ainsi, pour l’auteur, il se dessine une nouvelle ère de relations internationales dans lequel le facteur culturel prédomine et où et les conflits entre groupes issus de différentes civilisations sont en passe de devenir la donnée de base de la politique global.
Pour affermir cette thèse, Huntington structure son livre en quatre axes. Fragmenté en ensemble civilisationnel distinct (I) sujet à instabilité (II), le monde, maintenant multipolaire, s’organise selon un nouvel ordre (III) qui engendre des conflits d’un genre nouveau (IV).
La civilisation, selon lui est « le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer ». Dans cette optique, la civilisation, cherchant à répondre à la question « qui sommes-nous ?», se définit par des données objectives, comme la langue, la religion et les institutions, mais aussi par les identités subjectives des personnes qui s’y reconnaissent. On découpe alors le monde en huit civilisations : occidentale, islamique, latino-américaine, orthodoxe, chinoise, hindoue, japonaise et (peut-être) africaine. L’affinité culturelles est le facteur qui cimente donc les peuples et les regroupes dans des entités qui sont des aires de puissance, hétérogènes les unes des autres. Or, du fait de la mondialisation économique et des interactions croissantes entre les diverses civilisations identifiées, les personnes deviennent de plus en plus conscientes de ces différences indépassables et fondamentales.
D’autre part Huntington note que la domination du monde occidental, qui trouva son apogée dans l’impérialisme coloniale, n’est plus. La victoire culturelle de l’Occident et de ses valeurs (droits de l’Homme, individualisme, laïcité etc.) n’a pas eu lieu et l’expansion de ses idées n’a pas engendrée la civilisation universelle prétendue. Au contraire, la modernisation du monde à plutôt cristallisé l’attachement des autres civilisations à la leur propre, et la démocratie à parfois mis au pouvoir des partie hostiles aux valeurs occidentales. Ainsi, les États des autres civilisations se sont symétriquement inscrits dans ce système de relation global pour interagir les uns avec les autres jusqu’à entretenir un nouveau rapport de force entre civilisation. Dans le même temps l’Occident voit son attrait culturel relativement décliner, les civilisations asiatiques, elles, gagnent en puissance sur le plan économique, militaire et politique et, bien sûr, réaffirment leurs valeurs propres (confucianisme concernant la Chine par exemple). Le contexte islamique, quant à lui, est caractérisé par une poussée démographique et une résurgence de l’islam accompagné d’une lecture fondamentalisme et belliqueuse.
Ensuite, à travers une description d’un ordre mondiale fondé sur ces aires civilisationnelles où les Etats s’unissent politiquement et économiquement autours d’un Etat phare qui porte l’étendard de ladite civilisation (Etats-Unis pour l’Occident, Chine pour l’aire marquée par la sinité...), ou autour de d’organisation supranationale (UE, OCI, Union du Maghreb etc.), Huntington pense que le 21e siècle sera marqué par des heurts entre ses aires, chacune ayant des aspirations a la fois mondiale et régionales. Les conflits locaux qui ont le plus de chances de dégénérer et s'élargir ont donc lieu entre civilisations différentes. Les peuples unis par l’idéologie, mais séparé par la civilisation sont voué à la dislocation (ex-URSS, la Yougoslavie par exemple). Se concentrant sur la position de l’Occident dans cette nouvelle donne de rapports, d’alliances et d’antagonisme, Huntington identifie ses principales rivales : il y voit une menace musulmane pour l’Europe, et une menace chinoise pour la puissance américaine.
Ainsi, dans un monde multi-civilisationnel ou la paix du monde est menacé par ce paradigme, la prévention de la guerre repose sur deux principes. L’abstention : les États phares ne doivent intervenir dans les conflits qui engage des civilisations autres que la leur. Et enfin la médiation : les États phares devront veiller à contenir des conflits frontaliers entre des États ou des groupes, relevant de leur propre sphère de civilisation. L’Occident devra également ne plus prétendre à l’universalité de sa culture qui légitime son expansion, accepter la diversité et rechercher les points communs avec les autres civilisations.
- Critiques personnelles :
J’ai choisi ce livre après la lecture des thèses de Fukuyama sur la fin de l’histoire et dont le choc des civilisations vient comme une antithèse de référence. Mon ambition quant à ces lectures était d’acquérir des grilles de lecture, des clefs de compression pertinentes des évolutions internationales. Mais aussi de mener un travail réflexif dans le champ de l’interculturalité, avec un ouvrage dont les évènements, notamment le 11 septembre, semble valider a posteriori la théorie. La thèse reste donc d’une inaltérable actualité.
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