Le choc des civilisations cas
Dissertation : Le choc des civilisations cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lenlolploiuif • 11 Novembre 2015 • Dissertation • 3 168 Mots (13 Pages) • 2 366 Vues
Critique, historien et philosophe, universitaire mondialement reconnu, ayant enseigné dans les plus grandes universités en France et aux États-Unis, Tzvetan Todorov est directeur de recherches au CNRS.
Son livre : « La peur des barbares » est une réflexion sur les attitudes à adopter dans le cadre du « choc des civilisations » auquel sont confrontées les démocraties occidentales.
Comment répondre au terrorisme sans faire, hors de chez soi, un usage abusif de la force en s'engageant dans des actions militaires aussi disproportionnées qu'inefficaces ? (exemplairement incarnées par la guerre en Irak.) Comment réagir, sur son territoire, face à ce que l'on considère comme une atteinte aux valeurs démocratiques sans montrer cette « fermeté » qui est un autre nom pour l'intolérance ?
Sans ignorer les dangers, les démocraties occidentales doivent veiller à ne pas se laisser entraîner par la peur dans une réaction excessive, qui risque de les faire sombrer à leur tour dans la barbarie. L'enjeu de la thèse : refuser, d'une part, de perdre son âme en piétinant les valeurs mêmes que l'on défend, éviter, d'autre part, d'envenimer des conflits dont l'embrasement à une époque ou les moyens de destruction massive sont à la portée de chacun pourrait mettre en danger la survie de l'espèce humaine.
Ce nouvel essai de Tzvetan Todorov est une réponse approfondie au Choc des civilisations de Samuel Huntington, ou pourrait-on meme dire une simple critique. ll parle de la célèbre thèse de Samuel Huntington « Le choc des civilisations » en expliquant que le terme de « civilisation » ne peut être mis au pluriel, il conteste ainsi la thèse.
Pour discuter ces questions sensibles, Tzvetan Todorov a fait appel à sa connaissance intime de l'histoire des cultures et des idées ; il nous livre un essai ou les différentes approches philosophique, anthropologique, politique se mêlent à l'observation critique de l'actualité dans un va-et-vient constant entre présent et passé afin de mieux comprendre les enjeux du monde contemporain.
Professeur à l’Université Harvard, Samuel P. Huntington n’est pas le premier à avoir entrevu un choc des civilisations dans le monde. Cependant, son livre « Le choc des civilisations » paru en 1996 et développant une thèse qu’il avait déjà exprimée en 1993 dans un article paru dans la revue Foreign Affairs, est devenu une référence obligée depuis les attentats du 11 septembre 2001. Beaucoup d’intellectuels et de politiciens se sont défendus de voir dans les attentats contre le World Trade Center et dans la réplique américaine en Afghanistan le début d’un choc pourvu entre l’Occident et l’Islam, par crainte d’accréditer les thèses de Huntington. Quoi qu’il en soit, qu’on les endosse ou qu’on les écarte, elles valent la peine d’être connues et discutées.
En substance, Huntington prétend que depuis la fin de la guerre froide, ce sont les identités et la culture qui engendrent les conflits et les alliances entre les États, et non les idéologies politiques ou l’opposition Nord-Sud. Le monde a ainsi tendance à se diviser en civilisations qui englobent plusieurs États. Il n’y a donc pas de coïncidence entre État et civilisation, ni de potentielles différences. Pour Huntington, la civilisation représente l’identité culturelle la plus large. Elle est le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. Selon lui, sept à huit civilisations se partagent le monde, quoiqu’il n’en nomme que cinq, la chinoise, la japonaise, l’hindoue, la musulmane et l’occidentale. Il ne voit pas l’Afrique comme une civilisation en soi, préférant rattacher le continent aux autres civilisations. À l’égard de l’Amérique latine, il adopte une position ambivalente. Tantôt il la considère comme une sous-civilisation de l’Occident, tantôt il y voit une civilisation distincte, menaçante pour les États-Unis.
Le monde international de l’après-guerre froide est devenu multicivilisationnel selon Huntington, parce que l’Occident a cessé de dominer le système international avec la fin de l’impérialisme colonial et la fin des hostilités entre États occidentaux. Les États des autres civilisations se sont à leur tour inscrits dans ce système pour interagir les uns avec les autres. Si grands qu’aient été la puissance de l’Occident et l’attrait de sa culture sur les autres civilisations, la diffusion des idées occidentales n’a pas suscité une civilisation universelle. Les civilisations exposées aux idées de l’Occident lui ont emprunté ses savoir-faire sans pour autant en épouser toutes les valeurs, comme l’individualisme, l’État de droit et la séparation entre le spirituel et le temporel. Ainsi, la modernisation des États non-occidentaux n’a pas entraîné leur occidentalisation mais plutôt renforcé l’attachement à leur civilisation propre, et a leur patriotisme. Il en est de même de la démocratisation de plusieurs pays non-occidentaux; la démocratie a mis au pouvoir des partis hostiles aux valeurs occidentales.
Ainsi est en train de s’établir selon Huntington un nouveau rapport de forces entre civilisations. Alors que l’Occident voit son influence et son importance relative décliner, les civilisations asiatiques gagnent en puissance économique, militaire et politique et réaffirment leurs valeurs propres. Connaissant une croissance démographique rapide, l’Islam est en proie à des rivalités intestines et déstabilise ses voisins. La poussée démographique de l’Islam s’accompagne d’une résurgence de la religion islamiste qui, dans plusieurs pays, s’est illustrée par la montée du fondamentalisme, en particulier chez les jeunes.
Huntington décrit ensuite l’émergence d’un ordre mondial organisé sur la base de civilisations. Il constate l’apparition d’organisations regroupant des États appartenant à la même civilisation. Les États coopèrent d’autant mieux les uns avec les autres qu’ils ont en commun des affinités culturelles, tandis que les efforts faits pour attirer une société dans le cercle d’une autre civilisation échouent. Au sein d’une même civilisation, les États s’unissent autour d’un État phare. La Chine, l’Inde et le Japon dominent chacun leur propre sphère civilisationnelle. L’Occident connaît deux puissances dominantes, les États-Unis et l’axe franco-allemand, la Grande-Bretagne occupant une position médiane
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