Discours de Poutine Relations internationale
Commentaire de texte : Discours de Poutine Relations internationale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Charly Valenti • 16 Février 2023 • Commentaire de texte • 5 568 Mots (23 Pages) • 334 Vues
VALENTI CHARLY
L3 DSP FOAD
Relations internationales
« La diabolisation de Vladimir Poutine n’est pas une politique ; c’est un alibi pour ne pas en avoir une[1] ». On ne peut que constater que ces mots prononcés à l’occasion de la crise ukrainienne survenue en 2014 résonnent encore huit ans plus tard, telle l’entreprise de diversion opérée par certains acteurs cristallisent l’attention autour d’un homme au dépend de la recherche scientifique des causes du conflit qui opposent la Russie et l’Ukraine.
L’objet de ce devoir sera non pas de justifier mais de comprendre que le conflit russo-ukrainien est le résultat d’un processus interactionnel complexe ponctué d’alertes et parcouru d’évènements significatifs, que certains prédisaient. Chercher à comprendre un conflit revient à accepter le caractère multi causal d’un phénomène sociologique comme la guerre qui comme tout « fait social total[2]» est le fruit d’une réalité autrement plus complexe que l’étude des relations internationales ne sauraient restituer intégralement. Mais admettre que la survenance d’un conflit répond à une conjecture particulière, à des enjeux complexes, divers et souvent enchevêtrés n’emporte pas de conséquences définitives sur la capacité à appréhender des causes multifactorielles. Cela signifie seulement qu’en sciences sociales, « il y a un peu de science et beaucoup de social » comme le suggère Dario Battistella. C’est pourquoi en théorie des relations internationales, un outil méthodologique permet d’analyser les phénomènes comme les guerres. Il se caractérise par une grille d’analyse permettant de saisir, d’appréhender, de repérer les différentes causes sur les différents plans ; lequel n’échappe à l’épineux débat fondamental qui anime les sciences sociales depuis son origine, de la question de la perspective d’étude de la réalité, selon qu’elle s’apprécie comme la somme des parties ou bien comme un tout distinct des parties.
Pour les premiers, c’est l’approche individualiste ou « atomiste » qui préside en ce qu’elle postule que le phénomène est réductible à ses entités les plus petites qui la composent. Par exemple, l’Etat s’analyserait à travers le prisme de l’individu en tant que produit des volontés individuelles qui exercent réciproquement des actions entre elles, soit d’actions inter-individuelle, si bien que l’analyse sociologique de ce « système » (l’Etat) devrait procéder d’une « compréhension psychologique[3] » . Pour les autres, l’approche holiste ou systémique prétend que la réalité est irréductible aux consciences individuelles qui la composent, elle n’est pas un simple agrégat de manifestations individuelles ; elle suppose une analyse plus globale distincte de ses composants.
Plongés dans l’irréductible alternative de l’approches holiste et individualiste, les politologues en relations internationales dépasseront ce clivage qui ne déboucherait que sur une compréhension hémiplégique du conflit et préféreront une approche combinée qu’offre l’analyse par niveaux. Pour rendre compte de la complexité d’un phénomène multi causal, seule une approche fondée sur la multi causalité peut présider son analyse. A cet égard, Kenneth Waltz propose une alternative en recourant à une approche qui ne se réduira ni à une approche holiste ni à une approche individualiste, mais plutôt à une grille d’analyse par niveaux où chacun de ces derniers renvoient à un niveau spécifique d’explication du phénomène ou du conflit. Ainsi procède-t-il, à une lecture du phénomène international à travers la nature humaine, l’Etat et le système international. Bien que la typologie d’analyse émise par Waltz dans Man, State, War pourrait suffire à témoigner des causes structurelles et profondes qui ont fomentées et cristallisées la tension entre l’Ukraine, en tant que « bras armé » de l’Occident face à la Russie, mais la place centrale du système international telle qu’il le théorise en tant qu’unité de mesure et comme facteur explicatif d’un phénomène international néglige l’approche dite « bottom up » de l’Etat. Car si les causes structurelles semblent se dégager au niveau du système international, des causes certes subsidiaires mais déterminantes au niveau de la structure interne de l’Etat ukrainien peuvent expliquer au moins partiellement les raisons d’une intervention de la Russie sur le territoire ukrainien en février 2022, qui s’intègrent plus largement dans une situation de crise depuis 2014. De sorte que l’approche monolithique de ce dernier ne parviendrait pas à rendre compte des causes qui ont précipitées l’intervention de la Russie en Ukraine, la grille d’analyse de Daniel S. PAPP suggère une approche plus large, recourant à une analyse à six niveaux : l’individu, le rôle, le niveau sociétal, l’Etat, le sous-système régional et enfin, le système international. Le recours à un spectre d’analyse plus large emporte l’exigence de rechercher le caractère multi-causal de la guerre en balayant les perspectives ouvertes à chaque niveau. Pour autant, chercher à épuiser chacun des niveaux d’analyses pour expliquer les causes à l’origine du conflit russo-ukrainien ne revient pas à dire qu’il n’y a pas de hiérarchie entre elles. C’est pourquoi, dans un souci méthodologique, il conviendra de les aborder respectivement selon leur degré de pertinence - du moins pertinent vers le plus pertinent - et leur implication dans les causes du conflit. Ainsi les causes du conflit russo-ukrainien seront appréhendées à travers l’individu (I), puis à travers l’Etat en tant que bloc monolithique et sous ses démembrements institutionnels ou ses composants (II), enfin selon le niveau supra-étatique (III). Hormis la première partie, chaque partie traitera distinctement de la position ukrainienne et certains acteurs occidentaux puis de la Russie.
Enfin, il est fondamental de rappeler que l’entrée en guerre initiée par la Russie sur le territoire ukrainien ne résulte pas d’une action soudaine, elle est le produit d’une tension entretenue entre « l’Occident » et la Russie, d’interpellations diplomatiques de part et d’autre et d’une crise et d’incidents survenus en Ukraine depuis 2014. C’est dans cette configuration qu’il conviendra de porter l’analyse des causes à travers la seule personne de V. Poutine, puis entre l’Etat ukrainien et le rôle de certains Etats et l’Etat russe, enfin les causes profondes, déterminantes dans la perspective internationale, le rôle des Etats Unis, son mépris du droit international et son ingérence dans le territoire ukrainien, l’expansion de l’OTAN et la promotion de la démocratie, l’intégration économique de l’Ukraine par l’Union Européenne.
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